La chronique de Mathilde Mottet
La population s’est souvenu que la droite bourgeoise ne défend pas ses intérêts

Dans sa nouvelle chronique, Mathilde Mottet, coprésidente des femmes socialistes, revient sur le résultat des votations de ce dimanche 24 novembre.
Publié: 19:37 heures
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Dernière mise à jour: 20:31 heures
Urs Furrer, membre du Parti libéral-radical (PLR) et défenseur de l’élargissement des autoroutes, réagit aux résultats des votations du 24 novembre.
Mathilde Mottet, coprésidente des femmes socialistes suisses

C’est la surprise du jour: on n’est pas passé loin du 4 fois NON aux objets fédéraux ce dimanche. Si la réforme du financement du système de santé a malheureusement été acceptée d’un cheveu, elle sera aujourd’hui la seule victoire des puissants contre les intérêts des 99% de la population. Le lobby des assureurs a gagné, mais la population a vaincu les lobbies de l’immobilier et du bitume. 

Pourtant, la bataille n’était pas gagnée d’avance. Les deux révisions du droit du bail, issues d’un Parlement à majorité de droite bourgeoise, souhaitaient pouvoir expulser les locataires plus facilement afin d’augmenter les loyers. Moins de sécurité et plus de profits sur le logement: cela ne pouvait aller que contre les intérêts de la population en Suisse, dont 61% est locataire. Pourtant, seuls 26 parlementaires ont des liens avec la défense des locataires selon Lobbywatch, alors que les grands propriétaires fonciers et les sociétés immobilières sont défendus par 92 parlementaires sous la Coupole fédérale, tous issus de la droite bourgeoise, ou presque.

La population suisse a également rejeté les projets de méga-autoroutes issus d’un siècle où l’on niait encore la crise climatique. Les intérêts de la population n’ont jamais été et ne sont toujours pas le béton. Ce n’est pas une 3e voie d’autoroute pour la Tesla de Philippe Nantermod qui nous assurera un environnement vivable, mais bien des transports publics gratuits et fréquents.

Protéger les intérêts du 1%

Alors pourquoi le Conseil fédéral et le Parlement s'obstinent à se ranger du côté des grandes sociétés immobilières, des défenseurs du capitalisme fossile et des assureurs? Parce qu’ils sont dominés par des majorités de droite bourgeoise dont la priorité n’est pas de défendre les intérêts des 99% de la population, mais ceux du 1% le plus riche. 

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On ne peut pas prétendre vivre dans la «meilleure démocratie du monde» lorsque l’argent influence à ce point qui décide.
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Évidemment qu’ils n’allaient pas essayer de limiter la hausse des loyers: si se loger est de plus en plus cher, c’est parce que leurs profits sont de plus en plus hauts. Évidemment qu’ils allaient défendre EFAS: les assurances maladie leurs remplissent les poches avec les économies faites sur le dos du personnel de la santé. 

Rappelez-vous la fois où Philippe Nantermod a avoué pouvoir gagner 10’000 francs pour 5 séances de réflexion pour une assurance-maladie. Évidemment qu’Albert Rösti veut construire des routes, il a un mandat rémunéré pour la présidence du lobby des importateurs de voitures, et a été président du lobby du mazout et autres combustibles fossiles de 2015 à 2022.

Encore du pain sur la planche

Le problème, c’est qu’on ne peut pas prétendre vivre dans la «meilleure démocratie du monde» lorsque l’argent influence à ce point qui décide. Car l’argent, c’est le pouvoir lorsqu’on peut s’acheter des groupes de presse, des campagnes politiques à plusieurs millions et des lobbyistes. 

Aujourd’hui, la population suisse a montré qu’elle pouvait défendre ses intérêts dans les urnes. Mais nous avons encore du pain sur la planche pour en faire une tendance durable, sinon le Valais aurait aussi accepté la loi sur le climat et Genève aurait refusé la baisse de l’impôt sur le revenu.


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