On connaît la chanson: une quantité de sommeil suffisante est absolument cruciale pour la santé. On nous le répète sans relâche, si bien qu'un simple retard de Morphée peut valoir une bouffée d'angoisse aux insomniaques déjà éreintés, yeux cernés et cheveux hirsutes, un tonneau de café sur les genoux.
Or, d'après une nouvelle étude internationale parue fin novembre dans la revue «BMJ», un autre facteur s'avère encore plus fondamental que le nombre total d'heures de sommeil: il s'agit de la régularité de nos horaires de coucher et d'éveil. Les chercheurs, issus de différentes universités dont celle d'Ottawa, ont effectivement découvert qu'une trop grande variation dans nos rythmes quotidiens peut augmenter de 26% le risque de souffrir d'une maladie cardiovasculaire.
Pour aboutir à cette conclusion, les scientifiques ont analysé les habitudes de 72'269 britanniques en bonne santé, âgés de 40 à 79 ans, afin d'estimer la régularité des horaires de chaque personne. Puis, en l'espace de huit ans, l'équipe s'est évertuée à comptabiliser le nombre de décès par infarctus ou AVC parmi la cohorte étudiée.
Même les bons dormeurs sont plus à risque
Jusqu'ici, la science s'était plutôt focalisée sur l'heure de coucher idéale ou le nombre d'heures de sommeil à viser chaque jour. Mais l'étude canadienne en question bouleverse sensiblement les précédents constats, soulignant que même les personnes dont la durée de sommeil est suffisante présentent un risque accru de maladies cardiovasculaires lorsque leurs horaires sont trop irréguliers. L'une des raisons évoquées est l'augmentation de la pression artérielle, qui peut découler de ces pernicieuses habitudes.
«Une quantité de plus en plus importante de recherches suggèrent que les irrégularités dans le rythme de sommeil prédisent davantage le risque de mortalité qu'un sommeil insuffisant», souligne Jean-Pierre Chaput, professeur de pédiatrie à l'Université d'Ottawa et responsable de l'étude, auprès de CNN.
Faut-il vraiment se coucher pile à la même heure?
Pas de panique toutefois, si votre réalité ne vous permet pas toujours d'éteindre la lumière à vingt-deux heures chrono. «Les horaires de coucher et de réveil ne doivent pas être exactement les mêmes chaque jour, mais il est préférable de ne pas dépasser les marges de 30-60 minutes, pour soutenir le rythme circadien de votre corps», rassure Jean Pierre Chaput.
Pour résumer, les petites variations ne sont pas catastrophiques et des irrégularités ponctuelles, intervenant durant certaines phases de vie, ne devraient pas poser de problème lorsqu'elles restent temporaires.
À noter que les résultats de ce type d'études observationnelles doivent toujours être pris avec un peu de recul: il est impossible d'établir le lien de cause à effet avec une totale certitude, sachant que les effets négatifs observés peuvent tout aussi bien être dus aux soirées arrosées qui empêchent de se coucher à la même heure que d'habitude... et non pas aux irrégularités elles-mêmes. Les responsables de la recherche estiment toutefois qu'il s'agit d'une «avancée cruciale pour assurer que le sommeil soit valorisé comme étant un composant essentiel de notre bien-être, plutôt que d'être considéré comme une perte de temps dans notre société».