Il est sur tous les écrans
Elizabeth II, la reine qui a adoubé Stéphane Bern sur les écrans français

Le présentateur télévisuel français est omniprésent depuis la disparition de la reine Elizabeth II. D'origine luxembourgeoise et suisse, Stéphane Bern a transformé la royauté en spectacle républicain.
Publié: 19.09.2022 à 11:45 heures
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Dernière mise à jour: 26.09.2022 à 10:02 heures
Toutes les chaines de télévision françaises ou presque ont leurs caméras braquées sur Londres ce lundi 19 septembre. La fin d'un marathon télévisuel que Stéphane Bern a couru en tête depuis l'annonce du décès de la reine, le 8 septembre.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Stéphane Bern ne s’en est jamais caché: son cœur politique penche pour la monarchie. Pas étonnant, donc, que le commentateur attitré des actualités royales pour les télévisions françaises squatte les plateaux sans discontinuer depuis l’annonce du décès d’Elizabeth II, le 8 septembre.

Même si sa grand-mère suisse était, comme il nous l’avait un jour raconté, une «farouche républicaine», ses origines luxembourgeoises – le Grand-Duché est son second pays – l’emportent sans difficulté. Le Grand-Duc Henri de Luxembourg et son épouse comptent d’ailleurs parmi les centaines d’invités de marque présents à Londres ce lundi 19 septembre, pour rendre un dernier hommage à la monarque décédée.

Eternel sourire en bouclier

Les détracteurs de Stéphane Bern, l’homme qui brandit son éternel sourire en bouclier, font remarquer que cet expert en dynasties royales et traditions monarchiques est aussi… un ami proche de la famille présidentielle française. C’est à lui qu’Emmanuel Macron a confié le «loto du patrimoine», une loterie spéciale destinée à financer les monuments en péril, dont la première édition en 2018 a rapporté 19,3 millions d’euros, attribués à 231 châteaux, églises ou monuments menacés de ruine.

Le locataire de l'Élysée vient d’ailleurs d’annoncer sa prolongation. «En France comme en Suisse, où j’ai des attaches familiales (ma grand-mère maternelle, de nationalité luxembourgeoise, était née à Zurich), chacun se reconnaît dans ces monuments qui sont l’emblème de sa ville, de son village ou de sa région nous déclarait Stéphane Bern en 2020 dans «Le Temps». On n’imagine pas ce que provoque, au sein de la population, l’abandon d’anciens Palais de justice, d’anciens palais où étaient hébergés jusque-là des administrations, d’anciens palais épiscopaux que l’Eglise n’a plus les moyens d’entretenir».

Mais depuis une semaine, c’est vers un autre pays que le présentateur de 58 ans se tourne. A chacune de ses interventions, une anecdote sur la monarchie au Royaume-Uni, dont il aime rappeler les origines françaises. C’est en 1066 que Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, conquiert l’actuelle Angleterre et monte le premier sur le trône désormais occupé par Charles III. Sa victoire à la bataille d’Hastings lui a ouvert les portes de Londres. Ironie de l’histoire: c’est en Normandie, dans le Perche, à Thiron-Gardais, que Stéphane Bern possède et réhabilite un château depuis des années. Une forme d’hommage à Guillaume, ce vainqueur français dont les exploits militaires sont racontés sur la fameuse tapisserie de Bayeux, elle aussi gardée en Normandie.

La royauté et la République

Stéphane Bern et la royauté, dans un pays qui porte la République en étendard depuis le 14 juillet 1789 et la prise de la Bastille. Une contradiction? Pas vraiment. Avant lui, d’autres journalistes ont fait leur miel télévisuel des ors et coutumes des monarchies. Ce fut le cas de Léon Zitrone, lorsque les écrans étaient en noir et blanc. Puis Frédéric Mitterrand, qui fut ensuite ministre de la culture sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2009-2011), a joué ce rôle à la télévision.

Sauf qu’aujourd’hui, la personnalité de Stéphane Bern écrase tout. En 2022, avant même le décès de la reine Elizabeth II, l’intéressé, homosexuel assumé depuis de longues années, caracolait encore parmi les personnalités préférées des Français pour la neuvième année consécutive. Celui qui aime répéter «qu’un vieil animateur de télévision, ça devient pathétique» est aussi fréquemment cité comme la personnalité télévisuelle la plus appréciée des téléspectateurs. On pense, à l’entendre, à cette fameuse citation du duc de Saint-Simon, mémorialiste de Louis XIV: «Mon estime pour moi-même a toujours augmenté dans la mesure du tort que je faisais à ma réputation.»

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«Le destin d’une reine»

Et après ces funérailles, quel sera la prochaine mission de cet admirateur de la genevoise Germaine de Staël qui tint tête à Napoléon Ier? L’animateur prépare déjà une nouvelle édition de son livre «Le destin d’une reine» (Ed. Albin Michel) dans lequel il raconte ses deux rencontres avec la souveraine défunte. Un ouvrage assuré de rivaliser avec celui de l’autre incontournable des plateaux de TV français ces jours-ci: l’écrivain Jean des Cars, auteur de «La saga des Windsor» (Ed. Perrin). C’est toutefois dans une autre direction que Stéphane Bern, par ailleurs animateur d’émissions historiques à la radio sur Europe 1 (après avoir longtemps officié sur RTL), envisage son avenir: la comédie. Le 25 août dernier, un téléfilm dans lequel il joue, «Pour l’honneur d’un fils» a été diffusé sur France 3.

Le présentateur y incarnait le commandant Paul Leclerc, un ancien pilote de chasse qui ne peut pas faire le deuil de son fils, mort en service. Pilote de l’armée de l’air française bien sûr, pas (encore) de la «Royal Air Force»!

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