Alors que la Suisse émergeait doucement du royaume des songes, la victoire de Donald Trump était déjà quasiment acquise. Du côté de l'hôtel Marriott de Zurich en revanche, certains invités du petit-déjeuner électoral de la Chambre de commerce Suisse-États-Unis nageaient en plein cauchemar. Lorsque son ex-directeur Martin Naville a pris le micro devant un parterre de visages parfois franchement abattus, il a tenté une boutade censée remonter le moral des troupes : «Il y a plus de violence dans un derby de la ville de Zurich entre le FCZ et GC que lors des élections en Amérique. La démocratie a fleuri dans la nuit de mardi à mercredi et c'est tout de même une bonne nouvelle pour tout le monde aujourd'hui.»
Il faut dire que lors de l'événement organisé par la Chambre, tandis qu'une majorité de particuliers ayant répondu présents à l'événement organisé par la Chambre affichaient la tête des mauvais jours, les représentants de l'économie se sont quant à eux réjouis à mots couverts de la victoire électorale du républicain. Et pour cause, la nette majorité des managers, bien que ces derniers refusent d'être cités nommément, voit dans le retour de Trump à la Maison-Blanche un avantage pour la Suisse et ses différents secteurs économiques.
Moins de réglementations, plus de consommation
Parmi les plus optimistes, on retrouve principalement des représentants du monde bancaire, de l'industrie pharmaceutique et du commerce de détail. Pour Blick, ces derniers ont détaillé les points positifs selon eux d'une présidence républicaine: Tandis que les banquiers espèrent moins de réglementations, le secteur pharmaceutique se réjouit de ne pas avoir à batailler contre les propositions de Kamala Harris visant à faire baisser le prix des médicaments, les représentants du commerce de détail pensent quant à eux que Trump va doper la consommation.
Néanmoins, plusieurs dirigeants ont fait état d'une préférence pour un Congrès divisé. En effet, dans le scénario - lui aussi relevant à l'heure actuelle de la quasi-certitude - d'une majorité républicaine au Sénat et à la Chambre des représentants, de nouveaux risques apparaîtraient.
«Quand il y avait des problèmes, c'était toujours avec les démocrates»
Pour Martin Naville, si tant Harris que Trump ne faisait pas figure de candidats rêvés, ce dernier constituait le choix du moindre mal: «De manière générale, nous avons bien travaillé avec les gouvernements républicains et démocrates au cours des trente dernières années. Pour autant, à chaque fois que nous avons rencontré des problèmes, c'était toujours avec les démocrates», explique Martin Naville qui prend l'exemple de la querelle sur le secret bancaire.
Toujours selon lui, le précédent gouvernement Trump s'intéressait en outre davantage à la Suisse. Il est en effet exact qu'entre 2017 et 2021, notre pays a reçu plusieurs visites de haut niveau de délégations américaines. «L'administration Biden ne s'est pas souciée de nous», poursuit Martin Naville.
Nouvelle opportunité pour un accord de libre-échange avec les États-Unis
Mercredi matin, une vieille idée d'un accord de libre-échange avec la première puissance mondiale a également refait surface dans la salle. En 2006, une première tentative avait échoué en raison de l'opposition du secteur agricole avant une reprise des discussions durant le premier mandat de Trump. Ces dernières avaient atteint leur point culminant en 2019 avec la visite du président de la Confédération de l'époque, Ueli Maurer. Lors de l'entretien dans le bureau ovale, il se murmure que Trump se serait montré ouvert à un accord pour autant que la Suisse trouve une solution avec l'agriculture. Une tentative avortée et des discussions enterrées au moment de l'investiture de Joe Biden en janvier 2021.
«On peut mieux négocier avec Donald Trump», déclare quant à lui Guido Trevisan, chef du marketing de l'entreprise de commercialisation publicitaire Goldbach qui voit dans le nouveau président américain une chance pour l'économie suisse. Un avis partagé par Martin Naville, à une nuance près: «Sur le plan de la politique intérieure, un accord de libre-échange reste très difficile, car nous avons besoin d'une adhésion de l'agriculture.»
Il faut dire que pour la Suisse, un accord commercial avec les États-Unis serait particulièrement intéressant alors que l'Amérique demeure encore en 2023 le principal pays d'exportation avec une part de 17,8%, talonné par l'Allemagne avec 15,5%. L'ancien directeur de la Chambre de commerce Suisse-États-Unis souhaite pour le moment rester positif: «Si nous devions aboutir sur un accord, ce serait bien avec un gouvernement républicain sous Trump alors qu'avec les démocrates, nous pourrions l'oublier dès le début.»