Pour toucher à plein sa retraite AVS et 2ème pilier, il faut avoir cotisé 44 ans à l’AVS et 40 ans à la LPP. Si l’on a fait des études en âge avancé, des séjours prolongés à l’étranger sans cotisations, que l’on a eu des absences pour cause de maladie, pris des congés non rémunérés ou connu des modifications en cours de carrière, tout cela réduit la prestation promise et mène potentiellement à se retrouver en dessous du seuil d’un revenu couvrant les besoins vitaux, selon Olivier Ferrari, CEO de Coninco et spécialiste en prévoyance.
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Les taux de conversion descendent toujours plus
Les taux de conversion du capital vieillesse en rentes n’ont cessé de baisser ces dernières années, passant de 7,2% à 6,8%. Cela signifie qu’un capital retraite de 100’000 francs serait converti en une rente de vieillesse de 6000 francs au lieu de 6800 francs par an.
«À mon avis, les trentenaires d’aujourd’hui sont conscients que leur rente de retraite sera forcément plus faible, car le taux de conversion continuera à baisser», estime Albert Gallegos, responsable du conseil patrimonial et prévoyance à la BCGE. En effet, la fixation de ce taux dépend non seulement des rendements attendus de la Bourse, mais surtout de l’espérance de vie, qui continue à s’allonger.
Son conseil pour les trentaines? Commencer dès maintenant à se préoccuper de leur retraite et de la manière dont leur caisse de pension gère leur argent. En effet, il existe de grandes différences d’une caisse à une autre, et cela modifie considérablement les perspectives de retraite.
La jeunesse est un atout
L’expert souligne l’avantage d’être trentenaire. «Celui qui a encore 35 ans d’années professionnelles devant lui dispose d’un atout majeur: le temps. Sur 35 ans, voire plus, il peut s’attendre à constituer un capital relativement important, sachant que les 30 dernières années, le rendement des caisses de pension a été de 4% par an, ce qui ne garantit pas l’avenir, mais qui fournit une indication.»
Albert Gallegos publie fin avril un ouvrage intitulé «Le guide de vos finances personnelles» où il traite, entre autres, de cette génération de trentenaires et de la manière d’optimiser leurs finances.
L’assurance maladie plombe déjà les finances
Autre facteur clé qu’il faut intégrer à l’équation: l’explosion des primes d’assurance maladie, qui a augmenté en même temps que les coûts de santé des retraités. Les trentenaires d’aujourd’hui subissent donc déjà indirectement une hausse de leurs cotisations à travers cette prime mensuelle qui grignote une part toujours plus élevée de leur revenu disponible. C’est une taxe sur la hausse de l’espérance de vie prélevée sur le salaire des actifs, avant même qu’ils ne subissent la baisse des taux de conversion que leur imposera leur caisse de pension.
Qu’en est-il de la hausse des taux d’intérêt? Promet-elle de meilleurs rendements obligataires aux assurés? Les experts répondent que oui, mais avec retard. Initialement, la hausse des taux d’intérêt a eu un effet plus négatif que positif: «En 2022, la forte reprise de l’inflation et la hausse brutale des taux d’intérêt ont fait baisser brusquement les cours des obligations et des actions – engendrant de fortes baisses de ces classes d’actifs», observe Graziano Lusenti, fondateur de Lusenti Partners et expert en prévoyance.
Néanmoins, à moyen terme, du fait de la disparition des taux négatifs, les rendements plus élevés des obligations devraient améliorer les performances des caisses de pension d’environ 1% en moyenne par an», prévoit l’expert.
Les caisses seront-elles vides?
«Il n’y a guère à craindre que les caisses de pension soient vides dans quelques décennies, lorsque les trentenaires, quadras ou quinquas d’aujourd’hui arriveront à l’âge de la retraite en vigueur à ce moment-là, rassure Graziano Lusenti. À condition que les règles qui déterminent l’équilibre et la bonne santé des caisses soient encore pleinement et intégralement appliquées!»
L’expert rappelle que les caisses de pensions font l’objet de «contrôles techniques» nombreux et à plusieurs niveaux: expert en assurances (actuaire) pour les passifs, conseillers spécialisés pour les investissements, réviseurs des comptes annuels, autorités (régionales ou fédérales) de surveillance des fondations.
Les institutions de prévoyance sont gérées et administrées, de manière paritaire (représentation égalitaire des employeurs et des salariés) et très décentralisée – institutions d’entreprises, de secteurs professionnels, de collectivités publiques, structures multiemployeurs des fondations collectives. «Dans son ensemble, ce système a largement fait ses preuves», plaide-t-il.