Travailler à temps partiel signifie libérer du temps pour ses proches et ses loisirs, tout en diminuant son stress. De jolis avantages donc, pour autant que les horaires de travail réduits soient librement choisis et que la relation de travail soit garantie. Car si vous n'y prenez pas garde, vous pouvez rapidement mettre en péril votre carrière en cumulant de lourdes charges de travail et courrez le risque de vous appauvrir à la retraite.
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À quoi faut-il donc faire attention lorsqu'on réduit son taux d'activité? Comment la charge fiscale change-t-elle? Et finalement, par quels moyens peut-on maintenir son niveau de vie?
Pas de droit au travail à temps partiel
En Suisse, il n'existe pas de droit légal au travail à temps partiel, contrairement aux pays voisins que sont la France, l'Italie, l'Autriche et l'Allemagne. Le travail à temps partiel était autrefois réservé principalement aux mères, mais il est aujourd'hui de plus en plus apprécié par les hommes et les personnes sans enfants. Les entreprises suisses s'ouvrent également au modèle du temps partiel.
«De plus en plus d'employeurs veulent encourager le travail à temps partiel et fixent les conditions cadres correspondantes dans leurs conventions collectives de travail», déclare Michel Lang, responsable du partenariat social à l'Association suisse du commerce. Cette évolution progresse également dans les domaines où le temps partiel est plus difficile à mettre en place, notamment pour les peintres en bâtiment et les plâtriers. La raison? Si vous n'offrez pas la possibilité de travailler à temps partiel, vous passez à côté de nombreux travailleurs qualifiés.
Conseil: Si vous souhaitez réduire votre temps de travail, vous devez en discuter dès le début avec votre employeur, afin que celui-ci ait la possibilité de procéder à d'éventuels changements organisationnels.
La discrimination guette avec des heures supplémentaires
Le risque existe toutefois d'être désavantagé, par exemple en ce qui concerne les heures supplémentaires. En effet, la durée maximale légale du travail est - selon le secteur d'activité - de 45 ou 50 heures par semaine. Tout ce qui dépasse cette limite est considéré comme des heures supplémentaire - et n'est légal que dans des cas exceptionnels. Quiconque ne travaille que 30 heures par semaine peut donc légalement effectuer 15 à 20 heures supplémentaires par semaine.
L'expert Michel Lang déclare: «Les modèles à temps partiel offrent certes une grande autonomie de travail, une plus grande flexibilité et un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle, mais ils comportent aussi le risque d'une auto-exploitation et donc d'une augmentation des heures supplémentaires, ce qui peut avoir des répercussions à long terme sur le bien-être des salariés.»
Attention: La manière exacte dont les heures supplémentaires sont payées peut être réglementée de manière très flexible dans le contrat, à condition qu'aucune convention collective de travail ne s'y oppose. La loi prévoit une majoration de salaire de 25%, mais l'employeur peut y renoncer contractuellement.
Conseil: Lisez attentivement le contrat et négociez si le supplément légal est réduit.
Soyez prudent avec les modèles salariaux
Pour les entreprises, il est intéressant de fonctionner par des appels sur demande. Cela signifie que l'on travaille de manière irrégulière et sans horaires garantis. L'employeur décide quand et combien de temps vous devez intervenir, ce qui n'est pas avantageux pour les salariés. Il n'y a en principe pas de revenu fixe, car seul le temps effectif de travail est payé. Parallèlement, ces modèles de travail donnent régulièrement lieu à des discussions sur le maintien du salaire en cas de maladie, d'accident, de maternité ou encore d'invalidité.
L'expert Michel Lang observe également avec inquiétude que de plus en plus d'entreprises privilégient le travail sur appel: «Celui-ci est lié à une certaine incertitude de planification et à une insécurité financière. De nombreux jeunes bloquent ainsi leurs perspectives de retraite et de carrière.» En effet, les personnes travaillant à temps partiel font moins souvent carrière. C'est pourquoi vous devez bien réfléchir aux faibles taux d'activité et de préférence ne pas descendre en dessous de 80%. Gardez également à l’esprit qu'il est souvent difficile d'augmenter son temps de travail par la suite.
Conseil: Si possible, exigez un salaire mensuel fixe avec des jours de travail fixes.
Lacunes pour la prévoyance vieillesse et les imprévus
La plupart des gens ne réfléchissent pas à l'impact du travail à temps partiel sur les événements imprévisibles de la vie. Andrea Schmid, conseillère budgétaire, constate: «Pour la plupart des gens, ce sont les intérêts à court terme qui priment. Par exemple, plus de temps pour les loisirs ou la famille».
Cela comporte plusieurs pièges. D'une part, beaucoup ne parviennent pas à mettre de côté de l'argent pour les coups durs. D'autre part, les conséquences logiques d'une perte de revenus ne sont pas pensées jusqu'au bout. «Imaginez que vous soyez victime de manière inattendue d'un chômage partiel, d'un licenciement ou d'un accident. De tels événements entraînent une baisse des revenus». L'argent peut donc rapidement manquer.
Conseil: Mettez de côté pour assurer une situation imprévue. De plus, le travail à temps partiel augmente le risque de pauvreté chez les personnes âgées. Les femmes sont touchées deux fois plus souvent que les hommes, notamment parce qu'elles sont plus susceptibles de travailler à temps partiel pendant de longues périodes.
Puis-je travailler à temps partiel? Faites le calcul!
Le travail à temps partiel nuit à la prévoyance vieillesse. Mais ce point est souvent négligé. «Pour beaucoup de gens, la planification de la prévoyance semble trop complexe et ils ferment les yeux», explique l'experte Andrea Schmid. Pourtant, lorsqu'on décide de travailler à temps partiel, il est important de savoir si l'on aura suffisamment d'argent à la retraite. Si la prévoyance publique, professionnelle et privée ne suffisent pas, le taux d'activité est trop faible.
Conseil: Calculez votre situation de prévoyance. Avec le calculateur détaillé de l'organisation faîtière des femmes Alliance F, vous pouvez calculer en quelques étapes votre prévoyance étatique et professionnelle. Vous verrez en outre comment les enfants, le mariage et le divorce, ainsi qu'un changement de carrière, affectent votre prévoyance. Si cela ne suffit pas, vous pouvez compléter le reste avec le pilier 3a, ainsi que d'éventuels investissements et épargnes. Cela vaut la peine de commencer assez tôt, comme le montre cet exemple:
Même si vous disposez d'un capital de prévoyance de 100'000 francs dans le 3e pilier, vous ne recevrez que 416 francs par mois avec un rendement supplémentaire de placements de 2%, en supposant que vous viviez encore 25 ans au-delà de l'âge de la retraite. Si votre salaire à temps partiel n'est pas suffisant pour cotiser suffisamment au 3e pilier, vous devriez augmenter votre charge de travail. Le montant maximal que vous pouvez verser dans votre pilier 3a ne dépend pas de votre taux d’activité. Même ceux qui travaillent à temps partiel peuvent verser au maximum 7'056 francs par an dans le 3e pilier, à condition d'être affiliés à une caisse de pension. Sinon, 20% de votre revenu net peut être versé. Vous pouvez par exemple calculer votre épargne-retraite privée à l'aide du calculateur de pilier 3a de Moneyland.
Reconsidérez votre taux d'activité à chaque étape de votre vie
Au plus tard à partir de 50 ans, il est conseillé d'examiner attentivement le revenu de votre retraite afin de combler les éventuelles lacunes et d'adapter le cas échéant le taux d'activité. Les lacunes sont visibles sur le relevé du compte AVS et peuvent être comblées en l'espace de cinq ans. Il est donc important de demander un relevé gratuit tous les deux ans. Au début de chaque année, la caisse de pension devrait vous envoyer un certificat de pension ou de prévoyance avec la rente probable qui vous sera due. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez en faire la demande gratuitement auprès de votre caisse de pension.
Conseil: Qu'il s'agisse d'une séparation, d'enfants ou d'un changement de carrière, les calculs sont différents selon la phase de vie. Andrea Schmid conseille donc de reconsidérer le taux d'activité optimal à chaque étape de la vie. D'un point de vue purement financier, il est recommandé de limiter au maximum les phases de temps partiel relativement basses.
Économies d'impôt: conservez une plus grande partie de vos revenus
Plus vos revenus sont faibles, moins vous devez payer d'impôts. Supposons que vous habitiez à Steffisburg dans le canton de Bern. Vous êtes célibataire, 35 ans, sans enfants et n'appartenez à aucune confession religieuse. Vous gagnez 78'000 francs bruts par an avec un emploi à temps plein. Pour le calcul du revenu imposable, on part du salaire net. Après déduction des charges sociales - AVS, cotisations à la caisse de pension et ainsi de suite - votre revenu net imposable s'élève à un peu plus de 70'000 francs. Ensuite, plus de 18% du salaire net va aux impôts cantonaux, communaux et fédéraux. Si l'on réduit le taux d'activité à 60%, les impôts tombent à 14%. Cette charge fiscale varie toutefois d'une commune à l'autre.
Conseil: Calculez simplement vos impôts à l'aide du calculateur d'impôts fédéral. Il est également possible de déduire de votre revenu imposable les dépenses professionnelles, par exemple les repas, ainsi que les frais de déplacement. Ces dépenses diminuent généralement à mesure que le taux d'activité diminue. Les versements au troisième pilier sont également déductibles.