«Dans ma vie, j’ai vendu deux entreprises et j’en ai planté une, même si je n’étais plus aux commandes au moment de la faillite.» Depuis ses débuts en 1999, Cyril Déléaval, 45 ans, a connu des succès, mais aussi des revers. Le tout, avec le même esprit: chaque pas dans l’entrepreneuriat est important et renforce l’expérience. Depuis 2017, il met ce savoir au service des autres en tant que coach en entreprises chez Genilem.
Association à but non lucratif fondée en 1995, l’accélérateur pour entreprises vaudoises et genevoises dispense des formations et propose un programme gratuit d'accompagnement, entre coaching et réseautage. «Chaque année, nous retenons entre 15 et 20 entreprises que nous épaulons durant trois ans.» Depuis peu, Cyril Déléaval anime également «Sans détour», un podcast de partage d’expérience.
Et l’envie de «mettre les mains dans le cambouis» est toujours présente: en marge de son activité de coach, il a monté deux nouvelles sociétés, entreprendre.ch, qui propose de la création d’entreprise à bas coût, et valo.ch pour faciliter la valorisation d’une entreprise avant sa transmission. L’expert dévoile les 5 erreurs fatales à ne pas commettre quand on débute dans l’aventure.
Quitter son job
«Quitter son emploi et investir toutes ses économies dans son projet est la pire chose à faire. Car c'est au début de l’aventure que le risque est le plus élevé. Il faut garder son salaire et tester son projet en parallèle. Démissionner en pensant qu’au chômage, on bénéficiera pendant 3-4 mois de la mesure SAI (soutien à l’activité indépendante), n’est pas forcément un bon calcul non plus. C’est un programme qui n'est pas adapté à tous les types d'entrepreneuriat. Par exemple, pour un produit software, trois mois suffiront à peine pour faire un prototype, le présenter à une poignée de clients et avoir leurs premiers retours.»
Ne pas parler de son idée de peur qu'on vous la vole
«Un business ne dépend pas de la qualité de l'idée, mais de la qualité de l'exécution. Il faut donc en parler pour l'enrichir grâce aux feedbacks qu’on recevra. Plus on en parle, plus on a une chance d'en recevoir de constructifs. Les entreprises déjà en place ne vont pas voler une idée, elles sont en général trop concentrées sur l'exécution de leur propre idée.»
Ne pas faire le premier pas
«Attendre d’avoir un produit ou un service parfait pour se lancer est une erreur. Si l’on passe deux ans à travailler sur un produit parfait avant de se confronter au marché, on n’aura pas les retours nécessaires pour savoir si l’idée est bonne. Un exemple: une entrepreneuse nous avait consulté pour son projet de commercialisation de chemises ne nécessitant pas de repassage. Pour être rentable, elle tablait sur un prix de 400 CHF l’unité. Je trouvais le prix trop élevé, mais l’avis du coach ne compte pas, c’est uniquement l’avis du marché qu’il faut écouter. Elle a donc mené des entretiens avec son public cible. Qu’a-t-elle appris? Que ceux qui pouvaient mettre 400 francs dans une chemise se moquaient bien de la repasser ou non, car ils pouvaient se payer le pressing. Elle en a parlé trop tôt, et a vite constaté que son idée n’avait pas de marché. Elle a ainsi économisé beaucoup de temps et d’argent qu’elle aurait perdu à commander des échantillons, payer un designer, visiter des usines, etc. Durant cette démarche, elle a en revanche découvert un autre marché: celui des écoles privées à uniformes en Asie où elle vit aujourd’hui de ce business.»
Penser que son produit s’adresse à tout le monde et va se vendre tout seul
«Pour toucher tout le monde, il faudrait pouvoir s’offrir des immenses campagnes publicitaires, ce qui, dans la majorité des cas, n’est pas possible. Il faut donc segmenter le public cible, trouver des sous-ensembles de personnes ou d'entreprises qui connaissent le problème que l’on veut résoudre et qui seront disposés à payer pour la solution. Deuxièmement, il faut trouver le meilleur moyen d'acquisition en phase de démarrage. Cette phase demande beaucoup d’efforts. C’est un problème que l’on rencontre souvent en coaching: les gens pensent que leur produit va se vendre tout seul, mais ne se demandent pas comment les gens vont savoir qu’il existe. Les réseaux sociaux ne sont pas la panacée: on y construit sa notoriété, mais on n’y fait pas d'acquisition. Voir passer un produit sur son fil d’actualité permet de savoir qu’il existe, mais à moins d’être justement en train de chercher un tel produit, on ne va pas l’acheter. En revanche, la personne qui va sur Google pour chercher un produit est beaucoup plus proche de l'acte d'achat. »
Ne pas quitter son job
«Une fois ces validations obtenues, la plus grande erreur à faire, c'est… de ne pas quitter son job! Quand l’entreprise est lancée, il faut y investir énormément de temps et travailler à côté n’est plus possible. À moins que l’étude de marché ait révélé que l’idée n’était pas rentable à 100%. Dans ce cas, si l’on souhaite quand même poursuivre avec ce projet, il faut peut-être n’y consacrer qu’un 20% ou 30% tout en gardant son emploi à taux réduit. Si l’employé exerce une activité annexe, il a en revanche l’obligation d’en informer son employeur.»
Quand l’entreprise est lancée, certaines erreurs reviennent systématiquement. «Les plus fréquentes sont de ne pas rester concentré sur l'exécution qu’il faut constamment chercher à améliorer, de ne pas recruter les bonnes personnes et d’arrêter d’être à l’écoute de ses clients, des points sur lesquels Genilem offre également ses conseils.»
Un esprit très critique et la chance de s’être toujours trouvé face à des collègues qui l’ont poussé à challenger les entreprises dans lesquelles il a travaillé: voici les ingrédients qui ont conduit Cyril Déléaval sur la voie de l’entrepreneuriat dès la fin de ses études en sociologie, en 1999. Un ami qui vendait des cigares sur Internet, aux prémices de l'e-commerce, lui propose alors un poste d’opérateur. Le nouveau venu fait bien plus: il lui créé son CRM (logiciel de gestion de la relation client) puis lance avec lui une marque de cigares et une marque de chocolat qu’ils revendent en 2010.
En 2014, Cyril Déléaval et trois associés fondent la plateforme devis.ch qu’ils revendront en 2019 à la Bâloise Assurances. «Entre 2010 et 2014, avec l’un de mes trois associés, nous avions aussi créé des marketplaces dans l’assurance ou un comparateur de mazout qui n’ont pas marché commercialement, mais qui nous ont beaucoup appris.». En 2012, il reprend une agence web, dont il change le modèle d’affaire afin de créer des sites d’e-commerce. Avec succès: pendant trois ans, il vend près d’un site par jour. Mais l’arrivée de nouveaux investisseurs aux commandes fait vaciller l’agence. Fermeture des portes en 2016.
Un épisode douloureux dont l’entrepreneur a tiré des enseignements: «Pour déterminer la qualité d’une association, il faut se demander si on partirait en vacances avec cette personne. Si c’est quelqu’un qu’on ne connaissait pas avant, c’est compliqué de répondre 'oui'. Une association, c'est avant tout une relation, avec ses bons moments, mais aussi ses mauvais. Si le ciment entre les associés ne prend pas, l’entreprise ne sera pas solide. Mais être amis depuis 20 ans ne garantit pas pour autant la réussite de l’association. Encore faut-il respecter trois critères fondamentaux : avoir la même vision, avoir des compétences complémentaires et fournir le même effort.»
Un esprit très critique et la chance de s’être toujours trouvé face à des collègues qui l’ont poussé à challenger les entreprises dans lesquelles il a travaillé: voici les ingrédients qui ont conduit Cyril Déléaval sur la voie de l’entrepreneuriat dès la fin de ses études en sociologie, en 1999. Un ami qui vendait des cigares sur Internet, aux prémices de l'e-commerce, lui propose alors un poste d’opérateur. Le nouveau venu fait bien plus: il lui créé son CRM (logiciel de gestion de la relation client) puis lance avec lui une marque de cigares et une marque de chocolat qu’ils revendent en 2010.
En 2014, Cyril Déléaval et trois associés fondent la plateforme devis.ch qu’ils revendront en 2019 à la Bâloise Assurances. «Entre 2010 et 2014, avec l’un de mes trois associés, nous avions aussi créé des marketplaces dans l’assurance ou un comparateur de mazout qui n’ont pas marché commercialement, mais qui nous ont beaucoup appris.». En 2012, il reprend une agence web, dont il change le modèle d’affaire afin de créer des sites d’e-commerce. Avec succès: pendant trois ans, il vend près d’un site par jour. Mais l’arrivée de nouveaux investisseurs aux commandes fait vaciller l’agence. Fermeture des portes en 2016.
Un épisode douloureux dont l’entrepreneur a tiré des enseignements: «Pour déterminer la qualité d’une association, il faut se demander si on partirait en vacances avec cette personne. Si c’est quelqu’un qu’on ne connaissait pas avant, c’est compliqué de répondre 'oui'. Une association, c'est avant tout une relation, avec ses bons moments, mais aussi ses mauvais. Si le ciment entre les associés ne prend pas, l’entreprise ne sera pas solide. Mais être amis depuis 20 ans ne garantit pas pour autant la réussite de l’association. Encore faut-il respecter trois critères fondamentaux : avoir la même vision, avoir des compétences complémentaires et fournir le même effort.»
En collaboration avec LargeNetwork