La période de forte inflation que nous traversons remet à la mode une pratique de bon sens que notre monde matérialiste du «tout, tout de suite!» et des petits crédits à la consommation avait fini par reléguer aux oubliettes dans nombre de ménages: celle consistant à établir un budget avec rigueur et à s’y tenir tout aussi rigoureusement. Mélanie Dieguez, spécialiste du sujet chez Caritas Vaud, explique comment s’y prendre pour bien le faire.
Être systématique
«Il est souvent difficile de voir où part son argent. Il faut donc réussir à poser son budget de manière détaillée puis à le gérer. Ce sont deux choses très différentes, quoiqu'évidemment liées. Le budget permet de voir clairement où l’argent passe, mais aussi de se donner les moyens d’atteindre des objectifs coûteux tels que celui de s’offrir des vacances. Ainsi, on pourra aussi mieux distinguer les postes sur lesquels il est possible d’économiser des dépenses qui restent incompressibles. La difficulté est de ne pas oublier des dépenses en route. Pour cela, on peut se référer à ses factures des douze derniers mois. Avoir une vue sur un an permet de lisser ses charges et de provisionner chaque mois les frais non mensuels. De nombreuses banques offrent la possibilité de classifier ses paiements par catégorie au moment où on les effectue par e-banking. S’astreindre à le faire peut être d’une grande aide pour voir, poste par poste, ce qu’on peut ou non se permettre.»
Traquer les petites dépenses régulières
«Mises bout à bout, certaines dépenses d’apparence insignifiantes, comme le fait de s’offrir quotidiennement un café-croissant le matin, peuvent représenter des sommes non négligeables sur une année. Il faut donc refaire ses journée-types posément pour identifier ces dépenses au mieux et ensuite éventuellement les réduire ou les supprimer.»
Mensualiser les dépenses
«Certaines factures sont mensuelles. D’autres sont semestrielles ou annuelles. Certaines varient d’un mois à l’autre et d’autres pas. Il faut être au clair pour pouvoir mensualiser ses dépenses et provisionner au fil des mois de quoi les honorer le moment venu.»
Avoir une idée claire de son «reste à vivre»
« Le «reste à vivre» est le montant disponible lorsque toutes les charges fixes et provisions ont été payées, en intégrant dans ces charges les factures non mensuelles provisionnées chaque mois. On pourra alors utiliser cette somme pour financer les dépenses courantes et dans l’idéal en épargner une partie. Il est bon de virer ce reste à vivre sur un compte séparé accessible avec une carte ad hoc. C’est un bon moyen d’avoir une vue claire et en temps réel de ses dépenses du mois. Beaucoup de personnes visent à arriver à 0 franc sur leur compte courant à la fin de chaque mois, mais c’est plutôt un mauvais calcul à cause de la variabilité du nombre de factures et des imprévus. Les mois où tout va bien et où il y a peu de factures, on a alors tendance à dépenser trop et les autres mois, on se retrouve inévitablement dans le rouge. »
- la ligne «Parlons cash» pour le canton de Vaud
- les conseils en budget de la FRC (Fédération romande des consommateurs)
- les antennes régionales de Caritas
- le Centre social protestant, selon les cantons
- la ligne «Parlons cash» pour le canton de Vaud
- les conseils en budget de la FRC (Fédération romande des consommateurs)
- les antennes régionales de Caritas
- le Centre social protestant, selon les cantons
Prévoir un budget pour les dépenses imprévues
«La vie est faite d’imprévus, c’est inévitable. Il peut s’agir d’une facture de santé ou de la réparation d’un véhicule. Ces frais peuvent aussi faire l’objet d’un compte séparé auquel on ne touchera pas en temps normal. Pour ce qui est de la santé, il est adéquat de mettre de côté par année le montant de sa franchise, augmentée de 700 CHF. Et de garder le surplus d’une année à l’autre plutôt que de le dépenser dans autre chose. En réalité, l’idéal serait d’avoir un salaire entier de côté pour faire face aux éventuels imprévus.»
Éviter au maximum d’utiliser sa carte de crédit… à crédit
«Une telle pratique encourage et habitue en effet à dépenser plus que ce que l’on peut se permettre tout en ayant des intérêts à payer. On peut lui préférer une carte prépayée, c’est-à-dire ne permettant pas de dépenser plus que ce que l’on a versé sur le compte qui lui correspond.»
Réfléchir et conscientiser ses dépenses
«Il s’agit de prendre l’habitude systématique de se demander: «Est ce que j’ai vraiment besoin de cela aujourd’hui? Ai-je la possibilité d’attendre pour me permettre d’épargner la somme correspondant à cet achat?» Il est bon aussi de toujours comparer les offres. On trouve assez souvent deux produits équivalents à des tarifs différents. La réflexion et la comparaison sont encore davantage de mise pour tout ce qui est dépenses à long terme impliquant un contrat: assurances maladie, assurance auto, leasing, abonnement téléphonique etc… La question à se poser dans ce cas est: «Ma situation me permettra-t-elle toujours d’être en mesure d’honorer ces dépenses? Et le permet-elle d’ailleurs vraiment maintenant en tenant compte de tous les paramètres?»
En collaboration avec LargeNetwork