Une enquête menée pendant plusieurs mois par l’émission «A Bon Entendeur» de la RTS révèle des écarts de prix parfois vertigineux entre les montants payés par Coop et Migros et les prix affichés dans leurs rayons. Des centaines de relevés de prix et de nombreuses informations fournies par des acteurs du marché ont permis de mettre en lumière des chiffres scrupuleusement gardés secrets par les deux géants oranges.
On commence par les légumes
Exemple à l'appui avec un légume qu'on retrouve dans tous types de ménage: la courgette. En juillet dernier, la RTS relève qu'un consommateur se rendant dans une Coop genevoise payait 3,40 francs pour un kilo de courgettes suisses. Sur ce montant, 1,50 franc est allé chez le distributeur, soit une marge brute de 79% (marge calculée selon la différence entre le prix payé par le distributeur pour acheter la marchandise, et le prix final payé par monsieur tout-le-monde en magasin).
Tout est bon dans le cochon, surtout bio
Toujours dans cette même enquête, les prix de tous les morceaux de porc des assortiments de Migros et Coop ont été relevés. Résultat de l'opération: en mars dernier, les éleveurs touchaient en moyenne 287 francs par porc, les deux géants pouvaient en revendre les morceaux pour un montant minimum de 1000 francs. Oui, c'est une claque: 3,5 fois plus cher.
Des marges encore plus importantes sont révélées sur la viande bio. Mathias Binswanger, professeur d'économie à la HES Nord-Ouest et auteur d’une étude sur la viande suisse, a été interviewé dans le cadre de cette enquête. D'après lui, Migros et Coop paient un prix plus élevé aux producteurs de viande bio, afin de rétribuer les conditions particulières de ces élevages de porc. Mais ils augmentent bien plus encore les prix demandés aux consommateurs. Au final, les marges sont plus élevées pour les distributeurs.
Porte-parole de la Migros, Tristan Cerf réagit auprès du média romand: «Avec la baisse de la consommation, le porc a une situation particulière: on ne peut pas forcer la clientèle à manger du cochon.» Il ajoute également que toute une partie du cochon ne peut pas être vendue sous le label bio et que cela impacte directement le prix.
Quant au concurrent Coop, il répond par écrit que les chiffres avancés ne sont pas corrects et que la marge indiquée est «bien trop élevée.» Et de préciser: «Les coûts supplémentaires pour les étapes de production chez Bell, en particulier pour la viande de porc transformée, ne sont pas pris en compte.»