Près d'un homme actif sur trois exerce un travail manuel et une femme active sur deux est employée de bureau, vendeuse ou exerce un autre métier du secteur tertiaire. Voilà à quoi ressemblait le monde du travail en Suisse il y a un peu plus de 50 ans. Aujourd'hui, la force musculaire et les mains habiles sont beaucoup moins demandées, comme le montre une évaluation récente de l'Office fédéral de la statistique.
Le marché du travail suisse s'est complètement transformé au fil des décennies. En 2023, près d'un travailleur sur dix dans le pays est encore employé dans un métier manuel ou apparenté. Chez les hommes, la proportion est d'un peu plus de 15%, chez les femmes, elle n'atteint même pas 3%. L'industrie a également perdu de son importance en termes de nombre d'emplois par rapport à l'emploi total. Il en va de même pour les employés de bureau, qui contribuent encore à 13% de l'emploi.
Davantage de professions de services et intellectuelles
En revanche, quatre fois plus de personnes travaillent aujourd'hui dans les professions intellectuelles et scientifiques qu'en 1970. Avec près de 27% des employés, ces professions ont pris le pas sur l'artisanat. Chez les femmes, la proportion est même un peu plus élevée. Ce n'est pas surprenant: dans la jeune génération, les femmes ont en moyenne un niveau de formation plus élevé que les hommes. La part des cadres a également nettement augmenté.
Une évolution typique lorsqu'un pays s'enrichit: le secteur des services et les branches liées aux professions du savoir se développent nettement plus rapidement. Et ils assurent une prospérité croissante grâce à une plus grande valeur ajoutée. Parallèlement, des emplois plus simples ont été supprimés dans l'industrie en raison de l'automatisation.
A lire aussi
Cela a également modifié les préférences sociales: aujourd'hui, beaucoup plus de personnes suivent une formation tertiaire. Le travail physique reste toutefois demandé, mais plus sous forme répétitive sur une chaîne de montage. Près d'un employé sur cinq exerce désormais un métier technique. C'est 60% de plus qu'il y a 50 ans. Les installateurs-électriciens, les constructeurs d'installations de ventilation ou les monteurs de systèmes frigorifiques sont très recherchés. Et la tendance à la hausse se poursuit depuis des années.
Les femmes et les étrangers, des facteurs économiques décisifs
Les femmes ont joué un rôle décisif dans le développement économique de la Suisse: en 50 ans, le nombre de femmes sur le marché du travail a augmenté de 1,3 million, soit presque deux fois plus que celui des hommes. L'une des conséquences de cette évolution est que le nombre de personnes travaillant à temps partiel est nettement plus élevé. Enfin, les tâches dans la sphère privée telles que l'éducation des enfants et les tâches ménagères sont restées. Et le taux de temps partiel nettement plus élevé chez les femmes laisse penser que la répartition classique des rôles continue de dominer.
Et même sans la main-d'œuvre étrangère, certaines branches en Suisse pourraient fermer boutique. Leur part est passée de 19,2 à 27,5% depuis 1970. Une personne sur quatre travaille dans une profession intellectuelle ou scientifique. Dans l'industrie, chez les ouvriers auxiliaires et dans les postes de direction, leur part dans l'emploi total a nettement augmenté.