Le printemps approche timidement, mais il n'a pas encore tout à fait déployé son tapis fleuri sous nos pieds. Alors qu'on s'impatiente presque autant que les pâquerettes en hibernation, on serre les dents pour résister aux derniers mois de grisaille et de froid. Pour vous encourager à tenir bon, nous poursuivons notre mission de vous aider à prendre soin de vous, cet hiver!
Alors, en attendant que les bourgeons fleurissent, la rubrique Well répond à vos questions à l'aide de spécialistes de la santé. Jusqu'ici, dans notre format de «Boîte à bobos» nous avons par exemple découvert les précautions à prendre pour faire du sport quand il fait froid, ou quels compléments alimentaires sont nécessaires en hiver.
N’hésitez pas à nous envoyer toutes vos interrogations via la box ci-dessous, par mail (blickwell@ringier.ch), via notre chaîne WhatsApp ou en message privé Instagram. Nous y répondrons à l’aide d’un ou d’une spécialiste de la santé, afin de vous apporter un maximum de solutions. Vos questions seront publiées anonymement sur Blick.
Question: J’ai tout le temps les yeux secs en hiver. Comment expliquer et apaiser cet inconfort?
Rougis, larmoyants et irrités, nos pauvres yeux subissent les éléments de plein fouet. Giflés par le vent, éclaboussés par la pluie, asséchés par le chauffage… Il ne semble pas étonnant qu’ils en souffrent un peu, surtout au cœur de l’hiver!
Ainsi que nous l’indique le Dr Arthur Hammer (MD-PhD, FEBO), spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmo-chirurgie, médecin praticien hospitalier à l’unité de cornée et chirurgie réfractive de l’Hôpital Ophtalmique Jules Gonin, les rapports de l’organisation Tear Film and Ocular surface Society (TCOS) définissent l’œil sec comme un phénomène multifactoriel, avec comme élément central une perturbation du film lacrymal: «Cela se manifeste sous la forme d’un inconfort oculaire et/ou de troubles visuels, tels qu’une vision floue.»
Aussi l’expert cite-t-il deux phénomènes différents, dont la sécheresse par déficience en sécrétions lacrymales et la sécheresse évaporative, causée par l’évaporation excessive des larmes. Ces deux classes peuvent d’ailleurs être présentes en même temps: «À noter que les relations entre la sécheresse oculaire et l’inflammation de la surface oculaire représentent un cercle vicieux, raison pour laquelle les traitements par collyres anti-inflammatoires sont une composante clé du traitement de l’œil sec, quand celui-ci ne peut être contrôlé par les traitements de base comme les larmes artificielles et le massage de la paupière», précise le Dr. Hammer.
Pourquoi nos yeux sont-ils secs?
Puisque le phénomène dépend de multiples facteurs, il est très difficile à prévoir et à comprendre. Parmi les causes possibles, notre expert liste notamment le profil hormonal, l’âge, l’inflammation oculaire, la qualité du clignement des paupières, le port de lentilles de contact, certaines allergies, la vitesse du vent, la prise de certains médicaments, ou encore l’humidité et la température de l’air.
Or, le Dr. Hammer constate que certains patients ressentent une gêne significative, sans pour autant montrer des signes cliniques en corrélation avec leurs symptômes. L’inverse est également vrai lorsque des individus présentent des signes cliniques sans éprouver le moindre inconfort.
La sécheresse des yeux empire-t-elle en hiver?
Non, ce n’est pas uniquement dans votre tête! Le Dr. Hammer observe en effet que le phénomène de sécheresse oculaire peut varier en fonction de la saison, dans la mesure où l’air froid contient moins de vapeur d’eau que l’air chaud: «Cependant, les variations d'humidité de l'air sont, elles aussi, multifactorielles et varient au cours d'une même saison, tempère-t-il. Cela signifie que leur effet sur la sécheresse oculaire est d'autant plus difficile à prédire. De plus, d'autres facteurs auxquels différents individus peuvent présenter une sensibilité variée changent avec les saisons.»
Parmi ces facteurs, notre intervenant compte notamment les pollens qui peuvent induire une inflammation de la surface oculaire et donc provoquer une sécheresse.
Comment apaiser le problème?
«Il convient de traiter l'œil sec de manière échelonnée afin d'éviter la surmédication parfois inutile et coûteuse», poursuit le spécialiste, avant de rappeler que le traitement peut dépendre du type de sécheresse:
Pour la sécheresse causée par une déficience de sécrétions lacrymales (Aqueous Defficient Dry Eye ou ADDE), il est recommandé d’utiliser en premier lieu des lubrifiants oculaires tels que des larmes artificielles, des gels ou des produits plus épais et gras tels que la pommade de vitamine A. Dans un deuxième temps, le Dr. Hammer évoque la possibilité de se voir prescrire des collyres anti-inflammatoires, des bouchons méatiques, des stimulants des sécrétions lacrymales ou encore des lentilles de contact sclérales thérapeutiques, qui aident à maintenir une couche de larmes en place sur la cornée.
Dans le cas d’une sécheresse causée par l’évaporation excessive des larmes (Evaporative Dry Eye ou EDE), notre expert conseille en premier lieu une bonne hygiène des paupières, avec des massages réguliers à l’aide de compresses chaudes, ainsi qu’un nettoyage avec des lingettes ou des cotons démaquillants. Des lubrifiants oculaires peuvent être associés à ces mesures d’hygiène, afin de réduire au maximum les symptômes. Dans un second temps, l’ophtalmologue peut prescrire des antibiotiques en collyre ou par voie orale et des collyres anti-inflammatoires. Des bouchons méatiques peuvent aussi être posés par l’ophtalmologue une fois l’inflammation de la surface oculaire contrôlée.
Quand faut-il consulter?
Il existe donc une flopée de solutions possibles. En premier lieu, le Dr. Hammer conseille d’utiliser des larmes artificielles, idéalement dépourvues de conservateurs, disponibles en pharmacie sans prescription. Dans la plupart des cas, l’inconfort peut être facilement apaisé avec ces traitements de première instance. Or, si ces produits ne sont pas suffisants, si les symptômes persistent ou si une sécheresse buccale y est sont associée, il convient de consulter un professionnel afin qu’il ou elle évalue la situation et détermine le traitement le plus adapté pour vous.
Notre expert conseille également de prévoir une consultation avec un ophtalmologue rapidement, voire parfois urgemment, en présence d’une douleur intense, d’une affection asymétrique entre les deux yeux, de sécrétions purulentes, d’une vision floue qui ne s’améliore pas en clignant des yeux, si vous êtes porteur de lentilles de contact ou si les symptômes sont survenus à la suite d’un trauma.