Endorphines, ocytocine, sérotonine...
Oui, on peut booster naturellement nos hormones du bonheur! Voici comment faire

À en croire la presse américaine et les réseaux sociaux, il suffirait de quelques «hacks» pour augmenter nos hormones du bonheur et se sentir plus heureux. Est-ce vraiment si simple que ça? Le point avec deux experts.
Publié: 06.08.2024 à 18:50 heures
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Dernière mise à jour: 14.08.2024 à 17:01 heures
De l'activité physique pour libérer les endorphines, un contact avec un proche (ou un animal de compagnie!) pour booster l'ocytocine... Passons en revue les habitudes du quotidien qui nous rendent plus heureux.
Photo: Getty Images
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

De l'université Harvard à la marque Peloton, en passant par «National Geographic», il n'y en a que pour les célèbres «hormones du bonheur». Au nombre de quatre, elles sont louées avec tant de passion par la presse américaine qu'on finit par imaginer des petites pièces d'or ou étoiles scintillantes parsemées sur notre chemin, comme celles qu'on peut attraper au vol dans certains jeux vidéos, et qui décuplent notre énergie.

Car la plupart des contenus s'intéressant aux endorphines, à la dopamine, à la sérotonine et à l'ocytocine proposent un arsenal d'outils pour les «booster» naturellement et ainsi renforcer le bien-être général. À l'instar d'une recette de cuisine à suivre à la lettre, il existerait donc quelques habitudes simples permettant d'enclencher la fonction «happy» de notre cerveau. Trop beau pour être vrai? Un peu... mais pas totalement! 

Pour y voir plus clair et démystifier ce thème, passons en revue les quatre hormones du bonheur pour décortiquer leurs fonctions: 

Les endorphines

Leur fonction:
Avez-vous déjà entendu parler du runner's high, ou l'intense euphorie que peuvent ressentir les adeptes de course à pied après une session? Ce phénomène est intrinsèquement lié à notre production d'endorphines: «Elles sont typiquement libérées par l’organisme lors de situations d’efforts extrêmes, dans le but de réduire la douleur et aider le corps à retrouver l’homéostasie, explique le professeur Ron Stoop, responsable de l'Unité de recherche sur la neurobiologie de l'anxiété et de la peur au CHUV. L’effet est positif et peut expliquer, entre autres, pourquoi on se sent si bien après avoir fourni un certain effort physique.» 

Notre expert prend ainsi l'exemple du bunjee jumping, une activité qui provoque évidemment un énorme pic de stress: «Une fois qu’on a réussi, l’adrénaline et les endorphines provoquent une grande euphorie! Notons que le cortisol est une hormone associée au stress, mais il est reporté qu’elle provoque aussi une sorte d’état de joie.» 

Comment les booster?
C'est possible, logiquement, en accomplissant certaines activités sportives telles que la marche ou la natation. «Mais les endorphines peuvent aussi être stimulées par le rire et les loisirs amusants, ajoute le professeur Stoop. Sans oublier certains aliments, dont le chocolat noir, certains piments ou encore le poivre rouge: là aussi, dans le cas des piments, on peut penser au mécanisme anti-douleur des endorphines, puisque ce type d’aliment peut induire une légère douleur dans la bouche, sous la forme de picotements.» On va s'en tenir au chocolat, souvent réputé pour être un aliment-bonheur: ce n'est donc pas un mythe! 

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Est-ce vraiment utile d'essayer de «booster» ces hormones?

D'après le professeur Ron Stoop, la piste selon laquelle on peut augmenter le bonheur par des processus naturels, en influençant la production des hormones du bonheur, n’est pas mauvaise en soi: «Mais, au fond, c’est quoi le bonheur? Il me semble qu’on ne peut être heureux sans passer par les fluctuations émotionnelles normales de la vie, tempère-t-il. Si l’on reprend l’exemple du bunjee jumping, l’euphorie ne survient qu’après le stress et la peur!»

Lorsqu'on se surprend à ruminer une erreur ou à se faire du souci pour un événement mineur, l'expert propose de se détendre, de respirer et de laisser passer l'émotion sans immédiatement déclencher un processus d’auto-réflexion: «Lorsqu’on s’empêche de créer une réaction de stress intense sur un très petit événement, l’équilibre se remet en place en peu de temps», conclut-il. 

D'après le professeur Ron Stoop, la piste selon laquelle on peut augmenter le bonheur par des processus naturels, en influençant la production des hormones du bonheur, n’est pas mauvaise en soi: «Mais, au fond, c’est quoi le bonheur? Il me semble qu’on ne peut être heureux sans passer par les fluctuations émotionnelles normales de la vie, tempère-t-il. Si l’on reprend l’exemple du bunjee jumping, l’euphorie ne survient qu’après le stress et la peur!»

Lorsqu'on se surprend à ruminer une erreur ou à se faire du souci pour un événement mineur, l'expert propose de se détendre, de respirer et de laisser passer l'émotion sans immédiatement déclencher un processus d’auto-réflexion: «Lorsqu’on s’empêche de créer une réaction de stress intense sur un très petit événement, l’équilibre se remet en place en peu de temps», conclut-il. 

L'ocytocine

Sa fonction:
«Communément appelée ‘hormone de l’attachement’, elle est surtout libérée chez les femmes allaitantes pour induire la lactation, souligne notre intervenant. De plus, puisqu’elle a un effet sur les muscles lisses, dont les seins ou l’utérus, l’ocytocine joue un rôle clé dans le processus d’accouchement.» 

Malgré un fort intérêt pour cette hormone, qui fait l'objet de nombreuses recherches, elle reste très difficile à mesurer avec précision dans le cerveau humain: «Des recherches menées sur des animaux ont toutefois permis de comprendre qu'elle est libérée par le contact social ou encore les cris des petits, comme les souriceaux, pointe le professeur Stoop. On a également découvert en 2021 que l’ocytocine possède plusieurs récepteurs dans notre cerveau, destinés à réduire la peur et ainsi favoriser le rapprochement. Elle active en outre le noyau accumbens, associé au mécanisme du plaisir.» 

Bien que l'effet euphorisant soit moins flagrant qu'avec les endorphines, l'ocytocine est certainement associée à un sentiment de bien-être: «Des études ont souligné que la prise de drogues comme l’ecstasy semble augmenter les niveaux d’ocytocine», précise notre expert.

Comment la booster:
En enlaçant des personnes qu'on aime... ou un animal de compagnie! Une étude parue en 2021 a effectivement démontré un lien entre le taux d'ocytocine des femmes après des interactions positives avec leur chat.

«Il y a deux ans, l’un de mes collègues a par ailleurs découvert que certaines zones situées sur le devant du corps sont sensibles au contact, notamment lorsque deux personnes s’enlacent, et que cela peut libérer de l’ocytocine», ajoute notre intervenant. 

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La sérotonine

Sa fonction:
Ce neurotransmetteur essentiel au bien-être, impacte la stabilité de l'humeur, le sommeil ou encore le désir sexuel. Hélas, elle est plus fréquemment évoquée lorsqu'elle est insuffisante: «Dans le traitement clinique des dépressions, souvent caractérisées par un manque de sérotonine, on essaie d’en élever les taux au moyen de certains médicaments, afin d’améliorer l’état de la personne concernée, observe le professeur Stoop. Notons que si l’on prescrit des médicaments, il ne faut absolument pas laisser la personne seule, mais lui proposer un encadrement médical, afin qu’elle puisse reprendre sa vie normale.»

De manière générale, notre spécialiste rappelle que la sérotonine est également stimulée par l'activité physique, ainsi que la lumière naturelle, et semble contribuer à diminuer le stress dans le cerveau. 

Comment la booster:
Dans les situations qui ne nécessitent pas de prise en charge médicale et dans un simple but d'augmenter le bien-être, plusieurs habitudes peuvent mener à une libération la sérotonine. Parmi elles, notre expert cite certains aliments, dont le fromage, les noix, les œufs et (encore!) le chocolat.

L'activité physique et l'exposition au soleil sont aussi indispensables, ce qui explique en partie les effets du blues automnal, cette humeur morose qui intervient lors des sombres journées d'hiver et peut impacter négativement la santé mentale. 

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La dopamine

Sa fonction:
«La dopamine est un neuromodulateur, une substance chimique produite par des cellules présentes dans le cerveau et dont le rôle le mieux établi est de faciliter l’apprentissage, détaille Christian Lüscher, professeur ordinaire en neurosciences fondamentales à la faculté de Médecine de l'Unige. Elle est typiquement déficiente dans la maladie de Parkinson: les personnes touchées auront notamment du mal à apprendre de nouvelles séquences motrices, mais sauront toujours jouer une mélodie au piano si celle-ci a été apprise auparavant, par exemple.»

Or, le spécialiste rappelle que la dopamine ne constitue pas une «hormone du bonheur», puisqu'elle n'a rien à voir avec le mécanisme du plaisir: «Elle permet plutôt d’apprendre et de renforcer les comportements et les approches qui peuvent nous procurer du plaisir. 

Par exemple, la dopamine est libérée quand on se réjouit de manger une glace et que celle-ci est perçue comme une récompense: la dopamine nous signale alors qu’on a trouvé quelque chose de bénéfique et nous encourage à modifier notre comportement pour retrouver cette même glace, la prochaine fois.» Il en va de même pour la prise alimentaire ou la sexualité, d'autres comportements encouragés par ce système. 

Comment la booster:
La réponse est simple: on ne peut augmenter soi-même ses niveaux de dopamine pour accroître ses capacités d’apprentissage, à moins de prendre certains médicaments comme la ritaline ou une drogue addictive. «Il est toutefois possible de se mettre naturellement dans de bonnes conditions pour favoriser l’apprentissage, en pratiquant la méditation par exemple», précise le professeur Lüscher. 

En vérité, dans le cas de la dopamine, il s'agit plutôt de limiter sa libération, notamment en luttant contre l'addiction aux réseaux sociaux: «Lorsqu’on scrolle sur ce type de plateformes, on peut vivre de petits pics de dopamine, en raison du rythme rapide et soutenu des récompenses qui s’enchaînent sans anticipation. À la longue, cela peut provoquer un surapprentissage, qui nous pousse à répéter les mêmes gestes de manière excessive, en dépit de toutes les autres possibilités qui s'offrent à nous dans l'immédiat.» Or, il ne s'agit pas non plus de tomber dans le trend de la «dopamine detox», trop extrême et fondée sur aucune étude scientifique. Comme souvent, l'équilibre est clé!

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