Les PFAS, communément nommés «polluants éternels», sont de plus en plus utilisés dans les pesticides aux Etats-Unis, selon une étude. Cette tendance facilite la dissémination dans l'environnement de ces substances toxiques pour la santé. Quasi indestructibles, les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS, s'accumulent avec le temps et arrivent, in fine, jusque dans le corps humain.
Et si les régulateurs ont progressivement limité ou interdit leur utilisation dans un grand nombre d'objets et de produits, les intrants agricoles – directement utilisés par exemple sur les fruits et légumes, avant de contaminer les cours d'eau – ne sont pas concernés aux Etats-Unis.
Cette étude, publiée mercredi par la revue Environmental Health Perspectives, appelle à désormais les inclure pour mieux les réguler. «Plus on les cherche, plus on en trouve», raconte auprès de l'AFP la co-auteure de l'étude Alexis Temkin, toxicologue au sein de l'association Environmental Working Group.
Système immunitaire et fertilité
Une forte exposition à ces PFAS peut affaiblir le système immunitaire, réduire la fertilité ou perturber le cycle hormonal, selon les scientifiques, même si les connaissances sur ces substances restent à compléter.
Pour cette étude, les chercheurs ont compilé des données non seulement sur les principes actifs des pesticides, mais aussi sur les substances, parfois qualifiées d'«inertes», qui les accompagnent, et notamment les adjuvants, qui améliorent leur efficacité dans les champs.
Selon leurs résultats, 14% de l'ensemble des ingrédients décomptés comme principes actifs de pesticide aux Etats-Unis sont des PFAS, dont près d'un tiers des principes actifs autorisés ces dix dernières années. Et huit substances autorisées comme adjuvants sont des PFAS, dont le téflon. L'entreprise du même nom a mis fin à la commercialisation de ses fameuses poêles en 2013, mais le régulateur américain n'a que récemment lancé le processus pour interdire le téflon des pesticides.
Selon un autre co-auteur de l'étude, David Andrews, cela s'explique notamment par le fait que ce régulateur, l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA), est peu scrupuleux comparé aux standards adoptés par l'OCDE, institution qui rassemble les pays développés. Des emballages de pesticides et d'engrais contiennent eux-mêmes des «polluants éternels», souligne aussi l'étude. L'interdiction de l'une de ses substances par l'EPA a été bloquée par un tribunal.