Il y a de l'électricité dans l'air
Des savants fous créent de mini-orages pour capturer l'énergie des éclairs

Les scientifiques du monde entier travaillent d’arrache-pied sur toutes sortes d’alternatives aux combustibles fossiles pour générer de l’électricité. Pour les chercheurs de l'université américaine d'Amherst, c'est dans l'air que nous respirons que la solution se cache.
Publié: 04.06.2023 à 08:29 heures
Les éclairs, la solution pour nous sauver de la crise énergétique?
Photo: imago images/photothek
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Pierre BalleneggerProducteur vidéo Blick

Du côté du Massachusetts, on peut dire qu’il y a de l’électricité dans l’air. Littéralement. Des chercheurs de l’Université d'Amherst, menés par l’ingénieur Xiaomeng Liu, ont démontré qu’il était possible de capturer l’électricité qui se trouve dans l’air par le biais des micro-gouttelettes véhiculées par ce dernier.

Le média spécialisé sciencealert.com cite les scientifiques le 27 mai dernier. «Pensez à un nuage, qui n’est autre qu’une masse de gouttes d’eau», image Jun Yao, l'un des ingénieurs à avoir travaillé sur cette découverte.

Le chercheur enchaîne: «Lorsque les conditions sont favorables, ce sont ces micro-gouttelettes qui sont à l’origine des éclairs. L’humain n’a jamais su récupérer les quantités astronomiques d’énergie dont les éclairs sont faits. Donc ce que nous avons créé, ce sont en fait de minuscules nuages dont nous pouvons capturer l’énergie de manière contrôlée.»

Quel rapport avec la Suisse?

Chaque année, quelque 150’000 éclairs frappent le pays, selon MétéoSuisse. Mais, comme il est impossible de les prévoir et de s'en saisir, comment faire?

C’est à cette interrogation que les chercheurs ont tenté de répondre. Pour y parvenir, ils ont mis au point l'«Air-gen», qui n’est autre qu’un procédé dont le but est de créer un nombre incommensurable de minuscules trous dans n’importe quelle matière conductrice, comme du graphène.

Seule ombre au tableau: la difficulté de créer ces nanopores, dont le diamètre correspond à un millième de l’épaisseur d’un cheveu. Compliqué, mais loin d'être impossible.

Comment ça fonctionne?

On vous explique, accrochez-vous. En traversant une fine couche de graphène par ces microscopiques pores, les microparticules d’eau contenues dans l’air laissent une charge positive d’un côté du film et une charge négative de l’autre côté.

Plus les molécules d’eau s’accumulent sur le dessus, plus la charge électrique devient instable. C’est ce qui se produit dans les nuages, lorsque l’air chaud s’élève, provoquant un déséquilibre dont l’expression se révèle sous la forme d’un éclair. Il est donc ensuite possible de récupérer cette électricité dont le film de graphène s’est chargé.

«Il se trouve que l’air contient une grande quantité d’énergie», explique encore Jun Yao. Pour le moment, le laboratoire à la tête de cette étude n’est parvenu à récupérer qu’environ 260 millivolts, soit un cinquième de ce que peut fournir une pile de type AA. Ce n'est pas demain la veille qu'on rechargera notre smartphone avec cette méthode, donc.

Cependant, les chercheurs affirment qu’il serait à l’avenir très simple d’imaginer un tel système à grande échelle, en superposant par exemple plusieurs couches de ces matériaux perforés placés dans zones particulièrement humides. Enthousiasmant, non?

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