La sonde spatiale européenne Juice, chargée d'explorer les lunes de Jupiter, a réussi une première mondiale: un survol de la Lune et de la Terre. Avec cette double assistance gravitationnelle, elle va poursuivre sa mission jusqu'à Vénus, prochaine étape de son voyage. L'agence spatiale européenne (ESA) a confirmé mercredi que ce survol s'est bien déroulé. Juice (Jupiter Icy Moons Explorer) était au plus proche de la lune lundi vers 23h15, avant d'être au plus proche de la planète bleue mardi vers 23h56.
«Cette assistance gravitationnelle a été parfaite, tout s'est déroulé sans problème, et nous avons été ravis de voir Juice revenir si près de la Terre», s'est réjoui Ignacio Tanco, responsable des opérations pour la mission Juice, par voie de communiqué. Durant ce survol, le vaisseau a également pris des photos et mesuré diverses données qui vont être transmises aux scientifiques.
Plus d'espace
En vue de son approche de Jupiter, Juice devait survoler la Lune et la Terre afin de réduire sa vitesse et d'être redirigée vers Vénus, une méthode destinée à utiliser la force gravitationnelle pour pousser l'engin vers son but sans consommer trop de carburant. Il ne s'agit que d'une première étape, avant d'autres doubles assistances gravitationnelles prévues en août 2025 (autour de Vénus), septembre 2026 et janvier 2029 (autour de la Terre).
Objectif: les lunes de glaces de Jupiter
La sonde, lancée le 14 avril 2023, doit arriver en juillet 2031 autour des lunes de glace de Jupiter, à savoir Callisto, Ganymède et Europe. Selon l'ESA, la sonde dispose, grâce à cette première assistance réussie, d'un supplément de carburant qui sera utile pour l'exploration de Ganymède. Pour ces trois lunes, les spécialistes supposent qu'il y a de l'eau sous une carapace de glace épaisse de plusieurs kilomètres – et donc des conditions possibles de vie.
Des instruments fabriqués en Suisse sont à bord. L'Université de Berne est au premier rang avec le spectromètre de masse NIM (Neutral and Ion Mass Spectrometer), élaboré en collaboration avec le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa). Les scientifiques bernois ont également développé un module de l'instrument qui servira à étudier la typographie de Ganymède, ainsi que l'unité d'optique et de calibrage de l'appareil devant mesurer les ondes de chaleur de l'atmosphère de Jupiter.
L'Institut Paul Scherrer a quant à lui fourni le détecteur de radiations RADEM (Radiation-hard Electron Monitor). Cet instrument, qui fonctionnera durant les huit années que doit durer le voyage, est chargé de récolter des informations sur l'activité solaire et son influence sur notre planète. Il servira aussi à cartographier les ceintures de radiations complexes de Jupiter.