Comme dans «Gravity», un homme et une femme astronautes cherchent à rentrer sur Terre. Mais la Nasa entend bien éviter le scénario catastrophe du célèbre film et n'aurait pour cela pu rêver d'un meilleur casting: deux vétérans de l'espace aux nerfs solides.
L'agence spatiale américaine a annoncé cette semaine que les deux premiers astronautes d'une mission de Boeing devraient peut-être rallonger de plusieurs mois leur séjour à bord de la Station spatiale internationale (ISS), en attendant d'être ramenés par SpaceX.
Sur la NASA
Que va faire la Nasa?
Butch Wilmore et Suni Williams ne devaient à l'origine passer qu'un peu plus d'une semaine dans le laboratoire volant, mais leur moyen de transport, le nouveau vaisseau Starliner de Boeing, a rencontré plusieurs problèmes en vol.
La Nasa doit décider mi-août si elle autorise les deux astronautes à rentrer à son bord, où s'ils devront être secourus par SpaceX. Quoiqu'il arrive, ces deux «professionnels» sont «prêts à faire ce que nous aurons besoin qu'ils fassent», a déclaré cette semaine Steve Stich, haut responsable à la Nasa.
Tous deux sont de la marine
Venus de la marine américaine, tous deux sont des pilotes d'essai et s'étaient chacun déjà rendus deux fois dans l'ISS. Butch Wilmore, commandant de la mission, avait cumulé 178 jours dans l'espace avant celle-ci. Pour Suni Williams, la pilote, ce nombre s'élevait même à 322.
«Quel endroit génial, c'est super d'être de retour ici», avait déclaré le natif du Tennessee début juin, après l'ouverture de l'écoutille entre Starliner et l'ISS. «Nous passons un très bon moment», avait encore assuré Suni Williams début juillet, lors d'une conférence de presse depuis l'espace.
Pendant plusieurs années, tous deux ont activement participé au développement du vaisseau pour ce premier vol test habité. «Butch et Suni sont très bien entraînés», a rassuré cette semaine Dana Weigel, la responsable du programme de l'ISS à la Nasa.
«Il y a quelques années, sachant qu'il s'agissait d'un vol d'essai, nous avons décidé de nous assurer que nous disposions des ressources et de la formation nécessaires pour l'équipage, au cas où il devrait rester plus longtemps dans l'ISS, pour une raison ou une autre.»
Butch Wilmore, un père de famille
La durée normale d'une mission d'astronautes dans l'ISS est de six mois. Plusieurs sont déjà restés un an dans ce laboratoire volant, habité en permanence depuis près d'un quart de siècle.
Une mission d'environ huit mois – la durée anticipée pour le duo s'il rentre effectivement avec SpaceX – ne serait donc pas extraordinaire. Mais leurs familles s'attendaient certainement à les revoir bien plus tôt. Butch Wilmore, 61 ans, est marié et a deux filles. Très croyant, il est aussi fan des films «Top Gun». Sélectionné pour devenir astronaute en 2000, il a réalisé quatre sorties spatiales durant sa carrière.
Il s'est d'abord rendu brièvement dans l'ISS en 2009, lors d'une mission lancée par une navette spatiale américaine. Il y est ensuite retourné en 2014-2015, en voyageant cette fois à bord d'un vaisseau russe Soyouz. Avec Starliner, il est temporairement passé en pilotage manuel avant de s'amarrer à l'ISS et en a vanté la précision.
Durant une conférence de presse avant le vol, sa collègue Suni Williams lui a rendu hommage: «Il pose en permanence la question "pourquoi?"», permettant de mieux comprendre «les capacités du vaisseau.»
Sunita Williams, triathlète de l'espace
Sunita Williams, 58 ans, a aussi volé à bord de la navette spatiale et d'un vaisseau Soyouz, et a réalisé pas moins de sept sorties spatiales. Elle qui aime réparer des voitures ou des avions avec son mari a été la première à terminer un triathlon dans l'espace (avec un appareil spécial pour simuler la nage).
C'est elle qui a baptisé l'exemplaire de la capsule de Boeing utilisée pour la mission: Calypso, en hommage au navire du commandant Cousteau. Plus jeune, «j'avais toujours hâte de voir ses films à la télé et ce qu'il allait explorer», a-t-elle raconté.
Dans l'ISS, les deux astronautes ne se tournent pas les pouces: ils aident les sept autres personnes à bord dans leur travail quotidien. «Cela a été très utile d'avoir ces paires de mains en plus», pour réaliser «la maintenance et des expériences scientifiques supplémentaires», a souligné Dana Weigel, promettant prochainement une nouvelle conférence de presse avec les deux naufragés spatiaux.