Accorder le droit de vote aux jeunes entre 16 et 18 ans? Voilà une idée qui revient régulièrement sur le tapis mais dont les électeurs zurichois n'ont pas voulu ce dimanche: près de 65% des votants avaient coché la case correspondant au rejet du projet.
L'ampleur de cet échec a de quoi surprendre. À l'exception du PLR et de l'UDC, tous les partis la soutenaient. Le Grand Conseil zurichois avait dit oui à 95 voix contre 73, et l'exécutif cantonal y était également favorable.
Le «non» dans le canton le plus peuplé du pays est un camouflet pour les partisans d'un vote à 16 ans au niveau fédéral. Ceux-ci enchaînent les revers dans les cantons: Zurich rejoint Bâle-Campagne et Neuchâtel, qui avaient refusé respectivement en 2018 et 2020 d'abaisser l'âge du droit de vote.
En ajoutant également la dizaine de parlements cantonaux dans lesquels l'idée a échoué, il semble illusoire d'espérer une réforme en ce sens dans un futur proche. Il n'y a qu'à Glaris que les jeunes de 16 à 18 ans peuvent voter, tant au niveau communal que cantonal.
«Comme le suffrage féminin»
Le vent a tourné assez rapidement: il y a deux ans encore, le Conseil national se prononçait à la surprise générale en faveur du droit de vote à 16 ans, tout comme la commission compétente du Conseil des États. Ces échecs à répétition dans les cantons devrait brasser les cartes.
En Suisse alémanique, le vote à 16 ans est incarnée en particulier par une femme: la conseillère nationale verte Sibel Arslan. La Bâloise de 41 ans y a fait son combat et n'entend pas abandonner, même après ce refus de deux tiers des électeurs à Zurich.
L'écologiste compare son engagement pour l'abaissement de l'âge du droit de vote à l'introduction du suffrage féminin, mis en échec en 1959 avant de passer la rampe en 1971. «Obtenir l'extension des droits démocratiques est toujours un défi. Mais cela vaut la peine, et nous avons beaucoup d'énergie.»