Après le crash d'un hélicoptère de la compagnie privée Eagle, mercredi 14 février près de Niouc dans le Val d'Anniviers, les adeptes de vol valaisans se sont vite intéressés au cas. Non pas par curiosité morbide — le pilote n'est «que» légèrement blessé —, mais pour éviter de se retrouver, un jour, dans la même situation.
C'est le cas de Vincent Favre, président de l'Aéro-club Valais, qui réunit les passionnés et les adeptes d'avions et d'hélicoptères. Bien qu'il ne puisse pas s'étendre sur les circonstances de l'accident, qu'une enquête devra déterminer, le Valaisan a livré à Blick quelques éléments pour mieux comprendre la situation. Interview.
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Vincent Favre, un accident comme celui d'aujourd'hui dans le Val d'Anniviers, ce n'est pas tous les jours, non?
C’est relativement rare. Mais sans connaitre les circonstances précises, il est impossible de tirer des conclusions. Aujourd’hui (ndlr: le mercredi 14 février, jour de la chute), les conditions météorologiques et de visibilité étaient bonnes. Mais on n’est jamais à l’abri des circonstances extérieures ou d’une panne.
Les pilotes, les entreprises et les associations comme la vôtre font pourtant tout pour garantir la sécurité?
Les compagnies privées sont responsables de leur propre sécurité. Elles disposent d’un système de management de la sécurité. Sur le plan de l’aviation privée, notamment pour les pilotes d’avions, les licences sont renouvelées tous les deux ans. En plus de ça, les clubs de l’Aéro-club Valais font des rappels réguliers au niveau de la sécurité et procèdent même à des contrôles annuels. L’Aéro-club a le rôle fédérateur, ce qui signifie aussi défendre les intérêts des différents groupements d’aviation légère.
Donc, l'idée, c'est de prendre en compte ces accidents pour limiter les risques?
Dès qu’il se passe quelque chose, tous les pilotes essaient de tirer des enseignements des incidents. Les clubs, tout comme les compagnies professionnelles, ont mis en place la «just culture». Ce système permet aux pilotes de faire part de situations qui auraient pu s’avérer délicates, voire dangereuses, afin d’améliorer la sécurité, évitant ainsi de reproduire les mêmes erreurs et pour mieux réagir dans des situations similaires.
Les résultats de l'enquête pourraient donc être constructifs pour vous?
Comme passionnés de vol, on est toujours attentifs et preneurs des partages d’informations sur de tels accidents. Dans ce cas précis, le Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) va déterminer les circonstances exactes à partir des faits, en analysant la carlingue, en auditionnant le pilote et en récoltant un maximum d’informations. Cela permet de diffuser des messages de prévention sur les comportements à adopter dans une telle situation. Honnêtement, on est vachement safe en Suisse, bien qu’on pourra toujours dire que l’on peut faire mieux…
Si son hélico est en chute libre, un pilote peut-il limiter les dégâts?
Avec les pilotes, à l'aéro-club, on entraine les descentes en cas de panne moteur. Un hélicoptère peut faire ce qu’on appelle une autorotation. Les pales continuent à tourner par l’action du vent relatif et le pilote peut poser la machine sans trop de difficultés. Ces procédures sont connues des pilotes, et entrainées. La réussite de cette manœuvre dépend aussi de l’altitude à laquelle se produit la panne.
En l'occurrence, l'hélicoptère qui a chuté ce matin a touché des lignes électriques...
Lorsque les pales touchent un câble, c’est toujours délicat d’éviter la chute. Les lignes à haute tension, tout comme les câbles, sont la hantise des pilotes d’hélicoptères. En principe, les câbles sont tous répertoriés. Mais on peut être surpris. Enfin, seul le pilote pourra dire ce qui lui est arrivé...