Vers une plainte de Swatch?
Pascal Meyer: «QoQa n'a pas fait de bêtise en vendant des MoonSwatch à 50%»

Swatch menace de porter plainte contre QoQa.ch. La plateforme romande a vendu en décembre dernier à moitié-prix une série des très recherchées MoonSwatch, sans l'accord de la marque horlogère. La situation n'inquiète pas le boss du site, Pascal Meyer. Interview.
Publié: 07.01.2025 à 20:11 heures
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Pascal Meyer, boss de QoQa.ch, ne croit pas vraiment aux menaces de plaintes de la part de Swatch, après que son site a vendu à moitié-prix les très recherchées MoonSwatch.
Photo: Keystone
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Léo MichoudJournaliste Blick

C’est un peu David contre Goliath. En décembre dernier, le site de vente en ligne de produits sélectionnés au quotidien a lancé un tirage au sort. Mais pas pour vendre n’importe quoi et à n’importe quel prix. Les internautes ont pu essayer d’obtenir à 50% différents modèles des fameuses MoonSwatch – que QoQa décrit comme «le buzz horloger de la décennie». Mais le coup de comm' n’a pas plu à Swatch Group, qui l’a fait savoir ce lundi 6 janvier dans un article de Watson.

Swatch reproche à QoQa de ne pas avoir été contacté en amont de cette offre de montres sur le site romand. Le groupe horloger biennois y voit de l'opportunisme, «un agissement répréhensible» et «un cas de concurrence déloyale manifeste», citent nos confrères. En plus de ne pas être un revendeur agrée de ses produits, Swatch estime que QoQa a agi de manière illicite en bradant ses montres à 50%, puisque cela induirait en erreur sa clientèle.

Blick a cherché à en savoir plus auprès du patron de QoQa, l’emblématique Jurassien Pascal Meyer. L’entrepreneur préfère rire de cette situation, qui n’aboutira selon lui pas à grand-chose. A l’interview, il balaie les menaces de plainte pénale mises sur la table par Swatch. Il en profite plutôt pour ouvrir la porte à une collaboration avec la firme horlogère helvétique à la portée internationale.

Pascal Meyer, vous avez sur les bras un différend avec Swatch…
Alors attention, ce n’est pas du tout un différend. A l’occasion de notre anniversaire, le 14 décembre, on a effectivement vendu quelques centaines de montres, ces fameuses MoonSwatch, qui sont compliquées à obtenir. Et oui, ça les a fait réagir.

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Littéralement une minute après avoir lancé notre offre, on a reçu un appel de chez Swatch
Pascal Meyer, directeur du site de vente en ligne QoQa.ch
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Disons qu’ils n’étaient pas très contents…
Littéralement une minute après avoir lancé notre offre, on a reçu un appel d’un responsable de chez Swatch. Pour nous dire qu’ils n’étaient pas au courant de cette vente. Pour nos 20 ans, on avait envie d’offrir à notre communauté un cadeau génial. C’est dans notre ADN de proposer des produits qui sont compliqués à avoir.

Auprès de nos confrères de Watson, la marque dit espérer «qu’il ne s’agissait pas de contrefaçons vu le prix proposé». Ces montres à 50%, ce sont des vraies?
Évidemment! C’était cool, parce qu’on a pu trouver justement ces montres, via un intermédiaire qui a pu nous les fournir… et qui est aussi en Suisse. C’est important de le préciser, car on est très exigeants. On ne vend pas des reliques d’occasion, ou que sais-je, mais uniquement des originaux. Jamais de la vie une entreprise suisse pourrait se permettre de vendre des contrefaçons, elle serait morte.

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Même le mot «concurrence déloyale» est lâché, est-ce que c’est quelque chose que vous comprenez?
Non, je ne le comprends pas. On est en Suisse et le marché est libre. Nous, ça fait cinq ans qu’on essaie de travailler avec le Swatch Group sur divers trucs, ils ne nous ont jamais répondu. Quand vous demandez une collaboration à plusieurs reprises et que cela ne se fait pas, vous êtes en droit de proposer leurs produits en passant par un distributeur. C’est tout à fait légal et ça se fait avec beaucoup de marques. Encore heureux, c’est ce qui fait que le marché suisse est concurrentiel et dynamique.

Donc ce n’était pas une bêtise de surfer sur le buzz de la MoonSwatch?
Surtout pas! On prend un produit très demandé pour en faire un cadeau à notre communauté à un prix génial. Si vous vous mettez à la place de monsieur et madame Tout-le-monde, je trouve que c’est super sain. Et je le répète à Swatch, surtout en voyant la crise qui touche le monde horloger: si vous voulez, on est prêts à faire une collab' demain. Par exemple en leur commandant plus de 10’000 montres pour les vendre sur QoQa. On a tous les deux la chance d’avoir une marque forte en Suisse, alors faisons les choses ensemble de manière intelligente.

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Le jour où on a mis ces montres en vente, on a eu plus de 100’000 personnes différentes connectées
Pascal Meyer, directeur du site de vente en ligne QoQa.ch
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Au départ, cette offre n’était pensée ni comme une pique, ni comme une proposition commerciale?
Non, jamais on aurait pensé que cela puisse même leur déplaire. Il faut réaliser que le jour où on a mis ces montres en vente, on a eu plus de 100’000 personnes différentes connectées. Donc il y a une demande, que l’on remarque aussi quand on travaille avec d’autres marques horlogères comme Breitling, Raymond Weil ou Zenith.

Comment cela se passe, une collaboration entre QoQa et une grosse marque de montres?
Nous vendons leurs montres souvent au même prix qu’en magasin, mais en avant-première et avec des avantages comme des visites de manufactures. Et de leur côté, cela leur permet de toucher une cible différente, qui ne se déplace plus en boutique. Le canal traditionnel fait face au canal plus jeune. Beaucoup de marques d’horlogerie souffrent un peu ces derniers temps. Je pense qu’elles auraient tout intérêt à bosser avec des gens qui ont une autre approche, une autre cible et un autre dynamisme.

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Cela ne nous inquiète pas du tout, parce qu’on a pris toutes les précautions nécessaires
Pascal Meyer, directeur du site de vente en ligne QoQa.ch
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Swatch brandit la menace d’une plainte envers QoQa. Est-ce que cela vous inquiète?
Non, cela ne nous inquiète pas du tout, parce qu’on a pris toutes les précautions nécessaires. Nous n’avons rien fait de faux et n’avions pas l’intention de nuire à qui que ce soit. On n’a pas l’arrogance de dire qu’on voulait les emmerder. On est cool, on a fait super attention en demandant l’avis de notre conseil juridique avant même la vente. Il nous a dit qu’il ne voyait pas en quoi cela pourrait poser problème. Les montres vendues sur QoQa sont même garanties par la marque. Et c’était notre prix spécial, et non celui de Swatch.

Donc ce sont des menaces en l’air?
S'ils veulent s’exciter et se fâcher dans leur coin, c’est leur droit. Si le gros Swatch veut taper sur le petit QoQa, qu’il le fasse. Moi, je ne peux rien faire à part pousser au dialogue. Je pense que c’est de l’argent mal placé, qui n’aboutira pas à grand-chose. Notre but, c’est de collaborer avec toutes les marques suisses. Se tirer dans les pattes, ce n’est pas notre philosophie. On préfère rester cool.

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