Même pas encore sorti du Covid-19 qu'une nouvelle épidémie apparaît: la variole du singe (ou «monkeypox» en anglais). «La situation est clairement inhabituelle, et rappelle un peu trop celle du début de la pandémie de coronavirus», a déclaré David Baud, chef de la maternité du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Keystone-ATS.
Afin de pouvoir le plus rapidement possible prendre en charge les femmes enceintes éventuellement exposées au virus, la maternité du CHUV, en collaboration avec d'autres experts mondiaux, a mis en place un protocole déterminant la marche à suivre en cas de suspicion: comment tester une femme enceinte, quel frottis effectuer, que faire si elle a été en contact avec quelqu'un d'infecté, quel médicament ou faut-il vacciner, a détaillé le professeur.
Publié mercredi dans la revue scientifique «The Lancet», «ce pré-protocole nous permettra de prendre en charge efficacement les femmes enceintes exposées, prévenir l’infection et pouvoir rassurer au plus vite», a-t-il relevé. Toute éruption cutanée suspecte ou contact étroit avec une personne testée positive doit amener la femme enceinte à consulter.
Impact potentiellement grave sur la grossesse
Au vu des effets des deux précédentes pandémies de zika et coronavirus sur les femmes enceintes, des questions se posent quant à l’impact de ce nouveau virus sur les grossesses. «Les données sont rares, mais malheureusement pas rassurantes pendant la grossesse, a reconnu le professeur. Chez les rares femmes enceintes infectées à ce jour, la variole du singe peut induire une fausse couche ou des malformations graves, comme une sorte de varicelle du foetus.»
David Baud rappelle que les femmes enceintes ont un risque augmenté d’infection par rapport aux femmes du même âge non-enceintes, et ce pour tous types d’infections. «Encore une fois, les femmes enceintes et leurs fœtus sont donc à considérer comme des personnes vulnérables et doivent donc se protéger», a-t-il insisté.
Plus de 2000 cas hors d'Afrique
Pour faire face à ce nouveau virus, les mesures consistent à éviter le contact avec les personnes infectées, leurs affaires personnelles, et à respecter les mêmes gestes barrières qu’avec le Covid-19.
En dehors de l’Afrique où le virus est connu pour circuler chez l’homme depuis les années 1970, plus de 2000 cas dans une quarantaine de pays ont été recensés. Alors que le virus semblait uniquement se propager de l’animal à l’homme jusqu’ici, il semble maintenant se propager de façon inquiétante entre humains et en dehors du continent africain. En effet, la majorité des cas actuels n’ont pas voyagé ou n’ont pas été en contact avec des voyageurs, ont constaté le chef de la maternité et ses collègues.
(ATS)