Une vente controversée
La guerre en Ukraine relance le débat sur une fabrique de munitions

La Confédération veut vendre la fabrique de munitions de l'entreprise Ruag. Mais l'UDC fait une nouvelle tentative pour stopper la vente, notamment en raison de la guerre en Ukraine.
Publié: 04.03.2022 à 15:33 heures
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Le Conseil fédéral veut vendre la fabrique de munitions Ammotec de Ruag.
Photo: Keystone
Blick

Une transaction délicate se profile à l’horizon. Il y a un an, le Conseil fédéral a annoncé que la fabrique de munitions Ammotec de l'entreprise Ruag devait être vendue. Seule condition à cela: les 400 emplois et le site de Thoune (BE) doivent être maintenus. Le problème: les offres reçues jusqu’à présent proviendraient toutes de fournisseurs étrangers, y compris d’entreprises aux relations commerciales délicates.

L’UDC y voit une épine dans le pied, notamment en raison de la guerre en Ukraine. Le groupe parlementaire de l’UDC demande maintenant au Conseil fédéral de repousser la vente à une date ultérieure. En effet, la Suisse, en tant que pays neutre et indépendant, doit pouvoir garantir sa capacité de défense de manière autonome, souligne une fois de plus le parti de droite.

Sans munitions, l’armée est impuissante

Il y a quelques jours, l’UDC avait déjà exigé que l’armée suisse soit nettement mieux équipée face au danger en Europe de l’Est. Selon la formation politique, le budget annuel de l’armée devrait être augmenté de 2 milliards et le nombre de militaires devrait être augmenté de 20'000 à 120'000.

Mais cette armée doit également pouvoir disposer de suffisamment de munitions. Le conseiller national UDC David Zuberbühler souhaite donc demander au Conseil fédéral comment il évalue l’importance d’une production autonome de munitions dans le contexte d’une guerre conventionnelle sur le sol européen.

Ce n’est pas la première tentative de l’Union Démocratique du Centre de stopper la vente prévue d’Ammotec. Le conseiller aux États UDC Werner Salzmann s’était déjà engagé au Parlement pour le maintien de la filiale de Ruag afin de garantir la sécurité d’approvisionnement de l’armée et de la police.

Division au sein du Parlement

En fait, la vente est controversée au Parlement. Mais alors que le Conseil national a voté en faveur d’un arrêt, le Conseil des États l’a rejeté de justesse à l'automne dernier. À l’époque, la Chambre Haute n’avait pas jugé décisif que le secteur des munitions reste en mains suisses.

Les perspectives en cas de vente devraient également être bonnes. On estime que l’armurier italien Beretta a de bonnes chances d'emporter le morceau. Celui-ci devrait toutefois mener des affaires peu transparentes avec l’État pétrolier du Qatar, un pays qui viole systématiquement les droits de l’homme. L’entreprise publique norvégienne Nammo ainsi que les deux groupes tchèques Czechoslovak Group et CZ Group devraient également faire partie des soumissionnaires.

L’UDC veut continuer à empêcher cela. Et fait maintenant une nouvelle tentative pour y parvenir. Le parti souligne la sécurité d’approvisionnement de la Suisse en munitions en temps de crise et surtout en temps de guerre. Il veut au moins que le Conseil fédéral lui indique clairement pendant combien d’années un nouveau propriétaire serait lié à l’obligation de conserver le site actuel à Thoune.


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