Une Thurgovienne se bat pour obtenir une rente AI
«Avant, j'étais une bombe. Aujourd'hui, je suis une épave»

La Thurgovienne Angelika Kutzer se bat pour obtenir une rente AI complète. Avant, elle se prélassait en bikini sur la plage. Aujourd'hui, la quinquagénaire se traîne dans son appartement, courbée par la douleur après avoir subi un accident. Blick l'a rencontrée.
Publié: 29.12.2023 à 10:17 heures
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Dernière mise à jour: 29.12.2023 à 10:22 heures
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Angelika Kutzer se prélasse sur la plage pendant ses vacances en République dominicaine. Elle avait alors 40 ans. Aujourd'hui, c'est une tout autre vie qu'elle mène.
Photo: Zvg
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Nicolas Lurati

Il y a encore dix ans, Angelika Kutzer menait la belle vie. Très heureuse dans son travail dans le commercial, la Thurgovienne a quelques économies de côté. Elle passe beaucoup de temps avec ses amis, nage avec les dauphins au Mexique et s'adonne à son passe-temps favori, la plongée. Mais un terrible accident de voiture va tout briser.

Cette femme de 54 ans n'est aujourd'hui plus que l'ombre d'elle-même. Elle a perdu beaucoup de poids, ne peut presque plus bouger le cou, n'a plus de travail et presque aucun contact social. «Avant, j'étais une bombe. Aujourd'hui, je suis une épave et j'ai des problèmes financiers», déclare-t-elle lors de la visite de Blick en novembre. «J'ai dû mendier de l'argent pendant des mois auprès des services sociaux.» Mais le comble de sa misère financière, ce sont ses dettes. En effet, l'argent qu'elle a perçu doit être remboursé à l'office social.

L'AI ne veut pas lui payer une rente complète

Le calvaire d'Angelika Kutzer a commencé par un accident de voiture. Elle a alors la quarantaine et subit un coup du lapin au niveau des cervicales. Elle a de plus en plus de difficultés à rester debout au travail. Elle souffre de maux de gorge et de douleurs à la nuque.

La quinquagénaire est à court d'argent, certes, mais pas parce qu'elle est paresseuse. Elle précise: «J'aimerais bien travailler», mais «je suis trop limitée physiquement pour ça.» Malgré tout, l'AI ne lui verse pas de rente complète. Au lieu de cela, elle ne reçoit qu'un quart de rente, soit 500 francs par mois.

Fracture des vertèbres cervicales

Une opération est alors envisagée, en vue de stabiliser sa colonne cervicale. «Mais les douleurs ne disparaissent pas après l'intervention», se plaint-elle. Pire. Elle se fait une nouvelle blessure, une fracture des vertèbres cervicales. Angelika Kutzer pense en connaître la raison: «C'est très probablement arrivé lorsque j'ai soulevé un objet dans ma voiture. C'est là que ça a craqué dans le cou et que ça m'a fait un mal de chien.» Rebelote, nouvelle opération et une fois de plus, les douleurs persistent.

La femme s'inscrit à l'AI et convient avec son employeur de la résiliation de son contrat. Les experts de l'AI diagnostiquent chez elle un syndrome de douleur chronique et concluent qu'elle est dans l'incapacité de travailler dans le commercial. Elle doit opter pour une activité adaptée et légère, dans laquelle elle serait partiellement capable de travailler.

En fin de compte, l'AI n'accorde à Angelika Kutzer qu'un quart de rente. «C'est trop peu», affirme-t-elle. «Je vais tellement mal, je ne peux pas du tout travailler.» Elle fait recours contre la décision de l'AI et souligne: «J'ai également demandé un deuxième avis auprès d'une clinique spécialisée renommée.»

Des maux de tête permanents

En septembre 2022, la clinique universitaire Balgrist de Zurich est arrivée à la conclusion suivante concernant le cas de la quinquagénaire: «Nous estimons que la capacité de travail n'est actuellement pas donnée.»

Aujourd'hui, un peu plus d'un an après le rapport de la clinique Balgrist, la situation ne s'est pas améliorée, estime Angelika Kutzer. «J'ai constamment des maux de tête. Sans oublier des crampes à la nuque et à la mâchoire.» Elle porte souvent une minerve. Si elle l'enlève, elle a des troubles de la vue.

Petite victoire grâce à une décision de justice

Dans toute cette misère, Angelika Kutzer a au moins connu un petit succès. En août, le tribunal administratif de Thurgovie lui a accordé rétroactivement une demi-rente d'invalidité. «Mon recours a porté ses fruits. C'est une première victoire», sourit-elle.

Fin novembre, l'AI met en œuvre le jugement par une nouvelle ordonnance. Désormais, Angelika Kutzer reçoit 1006 francs par mois, soit le double de l'ancien quart de rente qu'elle percevait. Début décembre, la Thurgovienne reçoit l'argent rétroactif de l'AI ainsi que la rente de décembre. «Environ 12'500 francs», précise-t-elle. «Avec cet argent, j'ai remboursé mes dettes, 2000 francs auprès du fisc et 7300 auprès des services sociaux.»

Malgré cette lueur d'espoir, Angelika Kutzer espère qu'elle obtiendra un jour une rente complète. Une question ne cesse de la tarauder: «À quel point dois-je vraiment être dans la misère pour l'obtenir?»

L'AI prend position

Interrogé par Blick, le chef de l'AI de Thurgovie, Andy Ryser, répond que l'office AI s'appuie sur des expertises médicales pour déterminer le degré d'invalidité de sa cliente. «Nous nous basons sur les évaluations de spécialistes. Ni l'autorité médicale dans son rapport, ni le tribunal dans son jugement n'ont constaté que Madame Kutzer était totalement incapable de travailler.»

Pas de bonnes perspectives en vue pour Angelika Kutzer donc. Pourtant, il y a peu, un autre service administratif a provoqué un miracle de Noël.

Coup de pouce de Blick

Peu avant les fêtes de fin d'année, Blick a envoyé une demande au bureau d'aide sociale. Quelques heures plus tard, Blick téléphone à Reto Stacher, le responsable des affaires sociales et de la société à la ville d'Arbon.

Tout se passe soudainement très vite. Le lendemain, Angelika Kutzer reçoit un appel d'une collaboratrice du service social d'Arbon. «Elle m'a dit qu'en raison de ma demi-rente AI, j'avais potentiellement droit à des prestations complémentaires», raconte-t-elle. «Contrairement à l'aide sociale, je n'aurais pas à les rembourser.» Qui plus est: «L'assistante sociale a affirmé que mes dettes avaient été remboursées et que j'allais même récupérer plus de 2000 francs d'excédent versé.» La conclusion d'Angelika Kutzer est toute faite: «À peine Blick est intervenu que tout s'est déroulé à la vitesse de l'éclair.»

Reto Stacher n'est pas d'accord. Selon lui, le service serait intervenu même sans la demande de Blick. Le fait que cela se passe si soudainement et rapidement est un pur hasard. De plus, ils ont dû attendre longtemps qu'Angelika Kutzer dépose son dossier. Quoi qu'il en soit, elle est soulagée par cet allégement financier. La seule chose qui persiste, ce sont ses douleurs.

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