Les escrocs ont plus d'un tour dans leur poche pour profiter de leurs victimes. Alors que le nombre d'arnaques prend l'ascenseur en Suisse, les escrocs parviennent encore et toujours à parvenir à leurs fins, malgré des campagnes de sensibilisation et de prévention accrues. Quant aux victimes, elles n'ont bien souvent que leurs yeux pour pleurer après s'être fait dépouiller.
Cette Zurichoise en fait partie. Vanessa K.* a l'habitude d'utiliser sa Mastercard lorsqu'elle fait des achats sur Internet. Des dépenses inexpliquées sur sa carte de débit l'ont donc tout de suite fait tiquer: «J'ai découvert de gros prélèvements sur ma carte de débit. Pourtant, je n'ai rien acheté du tout», confie la jeune femme à Blick. Les montants déduits tétanisent la Zurichoise: ils s'élèvent à un total de 2400 francs.
«FACEBK», des publicités Facebook
Les transactions en question portent la mention «FACEBK». Vanessa K. découvre rapidement que ce mot signifie frais de publicité sur Facebook. «Des escrocs ont acheté de la publicité sur Facebook à mes frais!» s'indigne la lésée.
Mais l'escroquerie ne s'arrête pas là. Les inconnus ont tenté d'effectuer d'autres paiements, explique la Zurichoise: «On a voulu me débiter une nouvelle fois 900 francs, mais la limite de la carte était heureusement déjà atteinte à ce moment-là. L'écriture n'a donc pas pu être exécutée.»
Après avoir réalisé ce qu'il se passait, Vanessa K. a immédiatement fait opposition sur sa Mastercard et a signalé les transactions non autorisées à sa banque ainsi qu'à Facebook. Elle a également déposé une plainte contre inconnu.
Que des réponses automatiques de Meta
Pas sûr cependant que les démarches entreprises par Vanessa K. portent leurs fruits: «J'ai peur de ne jamais pouvoir récupérer mon argent», s'inquiète la jeune femme. Le groupe Meta ne semble toutefois pas s'intéresser au problème de la Zurichoise. «Je n'ai rien reçu, à part des réponses automatiques.»
Dans ses réponses, Meta confirme tout de même indirectement que les prélèvements sont effectivement des frais de publicité Facebook. Mais un remboursement n'est pas possible, écrit le géant des réseaux sociaux. La raison invoquée est qu'aucune activité suspecte n'a été constatée sur le compte de la Suissesse.
L'ancien Facebook se justifie en faisant valoir ses conditions générales: «Lorsque vous avez terminé votre achat, vous avez accepté nos conditions générales de vente en cliquant sur le bouton 'Passer la commande'.» Il est vrai que Vanessa K. possède un compte Facebook et Instagram, qui appartient également au groupe américain. «Mais je n'y ai jamais déposé mes données de paiement. Et encore moins acheter des publicités», s'indigne-t-elle.
Attention au phising!
Comment les escrocs ont-ils pu acheter des publicités Facebook en son nom et avec son argent? Vanessa K. n'en a aucune idée, même si elle se dit consciente des dangers d'Internet. «Je n'ai jamais cliqué sur un quelconque lien dans un e-mail de phishing (ndlr: ou hameçonnage, une technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels», assure-t-elle. «Je ne comprends pas comment quelqu'un a pu obtenir mes données.»
Des cas similaires à celui de Vanessa K. alimentent de nombreuses discussions sur différents forums. Beatrice Kübli de la Prévention Suisse de la Criminalité (PSC) expose sa théorie à Blick: «Comme certains disent n'avoir jamais déposé leur carte de crédit sur Facebook ou même n'avoir pas de compte du tout, je suppose qu'il s'agit d'une utilisation abusive de la carte.»
Si la carte a déjà été utilisée en ligne, il est envisageable que les données se soient échappées quelque part et soient désormais en main des fraudeurs. «Une autre variante serait le vol de données de cartes de crédit via des e-mails de phishing qui circulent en grand nombre», rappelle l'experte.
Voici comment se protéger
Comment donc éviter d'être victime de ces escroqueries? Beatrice Kübli conseille d'activer l'authentification à deux facteurs pour que chaque prélèvement doive être confirmé. «Une autre option est de restreindre la limite des cartes utilisées en ligne, de sorte que seul un petit montant puisse être extrait dans le pire des cas.»
De son côté, Vanessa K. garde toujours l'espoir que la banque lui remboursera ses pertes. «Les investisations prendront toutefois environ un mois», lui a-t-on dit. Interrogée sur la fraude en général, la porte-parole de l'UBS Cécile Rietschi explique les démarches dans ces cas précis: «L'UBS connaît bien ce type d'escroquerie. Nous recommandons aux clientes et clients concernés de bloquer immédiatement leur carte et de la remplacer.» En ce qui concerne le préjudice financier subi, chaque cas est analysé et évalué individuellement. Contacté, Meta n'a pas répondu aux sollicitations de Blick.
*Nom modifié