Une sédentarité forcée
Les loyers élevés empêchent de déménager, surtout en Suisse romande

Bien que la population suisse croisse rapidement, le nombre de déménagements a nettement diminué ces dernières années. A cause des loyers élevés, beaucoup ne peuvent plus financer un changement de logement.
Publié: 02.11.2024 à 10:15 heures
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Dernière mise à jour: 02.11.2024 à 15:28 heures
Ceux qui vivent dans des logements abordables déménagent de moins en moins souvent.
Photo: KEYSTONE
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Martin Schmidt

Les Suisses se sédentarisent mais souvent malgré eux. En effet, de plus en plus de personnes dans notre pays ne veulent pas ou ne peuvent pas se permettre de déménager. Cette tendance n'a rien à voir avec les coûts des entreprises de déménagement, mais avec l'envol des loyers des nouveaux appartements disponibles sur le marché.

En 2020, 451'884 ménages, soit 701'664 personnes, ont déménagé. L'année dernière, ils n'étaient plus que 404'868 ménages, soit 624'513 personnes, indiquent les chiffres de la Poste.

Les locataires restent nettement plus longtemps dans leur logement, notamment dans les régions où la pénurie de logements est importante, comme le montre l'Immo-Monitoring de l'entreprise de conseil Wüest Partner. La raison est logique: plus les logements y sont rares, plus les loyers proposés augmentent.

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C'est à Genève que l'on bouge le moins

Ces dernières années, la durée de séjour a particulièrement augmenté dans les régions de Nyon et de Suisse centrale. Les locataires des deux côtés du lac de Zurich, dans les régions de Lausanne, Vevey ou Neuchâtel restent également plus longtemps que la moyenne dans leur logement. A Genève, un ménage reste désormais en moyenne 14,4 ans dans un logement. C'est un nouveau record. Au niveau national, la durée moyenne est de 8,5 ans.

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Dans les baux existants, la loi ne permet d'augmenter le loyer que de manière très limitée. Ces loyers existants peuvent même baisser en cas de baisse du taux d'intérêt de référence. A Genève, la loi est particulièrement stricte, ce qui entraîne un écart de 33% entre les loyers existants et les nouveaux loyers proposés, affirme Wüest Partner. «La protection élevée des loyers existants a pour conséquence que les logements sont répartis de manière homogène. Cela pousse par ailleurs les nouveaux loyers proposés à la hausse», explique Robert Weinert de Wüest Partner.

Par exemple, les parents restent dans des appartements trop grands après le départ des enfants, car ils n'ont pas les moyens de se loger ailleurs. Les données de l'entreprise de conseil le montrent: 28% des ménages suisses devraient dépenser plus d'un tiers de leur revenu brut pour un logement comparable après un déménagement. A Genève, Zoug, Zurich ou Vaud, la proportion est encore plus élevée.

Les locataires se tournent vers les centres de petite et moyenne taille

En conséquence, le rayon de déménagement a augmenté de près de 10% au cours des dernières années. Les gens déménagent de plus en plus souvent dans des centres de petite et moyenne taille, où ils peuvent encore trouver des logements abordables. Mais il y a une deuxième raison à cette évolution, selon Robert Weinert. «L'augmentation du télétravail a accru la volonté de déménager plus loin.» Ceux qui ne vont au bureau que deux ou trois jours acceptent d'effectuer des trajets plus longs pour se rendre au travail. Surtout si l'on obtient en échange un logement plus spacieux à un prix comparable.

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Mais dans de nombreux cas, la réalité est qu'après un déménagement, il faudrait déjà payer un loyer plus élevé pour un appartement plus petit. Et les Suisses n'abandonnent que très rarement leur logement. Même si la taille du ménage a diminué, par exemple à la suite d'une séparation.

La baisse du taux de déménagement pourrait avoir des conséquences

Bien sûr, les Suisses déménagent quand même: par exemple lorsque des enfants naissent et que le logement devient trop petit. Mais les coûts trop élevés pénalisent les locataires. «Certaines personnes sont obligées de déménager dans un appartement trop cher parce qu'elles ne trouvent rien de moins cher. Mais souvent, les logements ne sont plus supportables après une séparation», explique Robert Weinert. Il cite comme autre raison la réduction du temps de travail.

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La baisse du taux de déménagement pourrait également avoir des conséquences négatives pour l'économie. «Si les gens sont moins mobiles, cela peut rendre la recherche de main-d'œuvre plus difficile à long terme», précise Robert Weinert. Dans environ un emploi sur deux en Suisse, le travail à domicile n'est pas possible. L'expert est convaincu que le marché difficile du logement locatif pourrait aussi, à moyen terme, réduire l'attrait de la Suisse pour les travailleurs étrangers. «S'ils doivent payer des frais de logement supérieurs à la moyenne lorsqu'ils s'installent en Suisse ou s'ils ne trouvent pas de logement adéquat, les salaires élevés perdront de leur intérêt.»

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