Depuis l’effondrement de l’action de Credit Suisse, le monde politique s’agite. Une réunion extraordinaire du Conseil fédéral sur ses turbulences aura lieu ce jeudi, annonce le «Tages-Anzeiger». La ministre des Finances Karin Keller-Sutter devra ainsi se pencher sur l’avenir incertain de la grande banque suisse. Elle sera accompagnée par le Conseil fédéral au complet, ainsi que le président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan, selon les informations du journal alémanique.
Le Parlement se montre lui aussi inquiet. A midi, le parti socialiste s'est présenté devant les médias. Il faudrait selon son co-président Cédric Wermuth clarifier qui était au courant de la crise que connaissait Credit Suisse et depuis quand il le savait. Il demande une transparence totale. Son parti ne s'oppose pas au sauvetage de la banque, a-t-il poursuivi. «Mais nous assumons une responsabilité que les actionnaires ne voulaient pas assumer», a-t-il critiqué. Il serait donc inacceptable que les gains reviennent au secteur privé.
Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, avance quant à lui qu'il a des impressions de déjà-vu. La situation lui rappelle la crise financière de 2008 et 2009, lorsque la Confédération avait dû injecter des fonds pour sauver la grande banque UBS du gouffre, explique-t-il dans une interpellation qui vient d'être déposée.
Ce mercredi, l’action de Credit Suisse avait chuté jusqu’à 30% pendant le négoce et atteint le chiffre historique de 1,55 franc. Pour éviter le pire, la Banque nationale suisse (BNS) a déjà signalé qu’elle interviendrait. Elle prêtera jusqu’à 50 milliards de francs à la banque d’Axel Lehmann pour qu’elle puisse se stabiliser à nouveau.
Conséquences possibles sur la politique des taux d’intérêt
Mais cette intervention sera-t-elle suffisante? L’incertitude est grande sur les marchés financiers, et c'est bien ce qui inquiète le chef du groupe parlementaire du Centre Philipp Matthias Bregy. Le Valaisan voit déjà venir des signes d’une nouvelle tempête financière qui pourrait alimenter une récession et demande des comptes au gouvernement. Il veut absolument savoir comment le Conseil fédéral évalue la stabilité du secteur bancaire suisse après l’effondrement de la banque américaine Silicon Valley, qui a déclenché les dernières turbulences.
La dernière crise bancaire a également compliqué la politique internationale des taux d’intérêt, souligne Philipp Matthias Bregy dans son interpellation. Si les taux d’intérêt étaient trop fortement augmentés, cela pourrait fragiliser la situation des marchés financiers et conduire à une récession, avertit-il. En revanche, si les taux restent à un niveau «bas», l’inflation ne sera pas maîtrisée.
Le Conseil fédéral serait-il lui aussi prêt à apporter son aide?
La question de Philipp Matthias Bregy est claire: le Conseil fédéral serait-il prêt à prendre des mesures de sauvetage de l’Etat pour un établissement financier afin de garantir les liquidités et donc la stabilité de l’économie suisse? En d’autres termes, Karin Keller-Sutter et ses collègues iraient-ils jusqu’à mettre à disposition de Credit Suisse plusieurs milliards de francs si cela devait être nécessaire? La situation est grave selon le Valaisan: il s’agit d’amortir une crise financière croissante.
A noter qu’une lueur d’espoir pointe malgré tout à l’horizon: les actions de Credit Suisse se négociaient déjà à des cours massivement plus élevés jeudi matin avant le début de la séance boursière. La nouvelle selon laquelle la grande banque en difficulté peut emprunter jusqu’à 50 milliards de francs à la Banque nationale semble avoir apaisé les esprits après la chute de l’action ce mercredi. Mais ces chiffres restent volatils.