La loi climat, qui sera soumise au peuple le 18 juin, fait couler beaucoup d’encre. Et ses adversaires ont jugé bon d’investir 1 million de francs suisse dans un tout-ménage de désinformation massive.
Il est probablement adéquat de rappeler que cette loi est soutenue par la majorité des partis suisses, tant à gauche qu’à droite. Citons le PLR, les Verts, le Centre, les Vert’libéraux ou les socialistes. Elle est également soutenue par l’Union suisse des paysans, et par plus de 230 scientifiques des domaines du climat, de l’énergie, de la technologie, de l’environnement, du développement durable et des sciences politiques, sociales et humaines liées à l’environnement, ainsi que de l’économie et du droit.
Sur le changement climatique
On peut néanmoins se poser la question: que se passera-t-il si la Suisse vote non? Cela sera-t-il vraiment dramatique? La réponse est clairement oui. Si la Suisse votait non le 18 juin, elle serait l’un des seuls pays développés au monde à n’avoir pas de texte de loi pour se fixer un objectif de zéro net d’émissions de gaz à effet de serre.
L’Union Européenne, ainsi que la plupart des pays d’Europe – la France, l’Allemagne, l’Autriche, le Royaume-Uni, la Suède, ou encore le Danemark – se sont dotés de lois similaires à celle qui sera soumise au peuple suisse le 18 juin. C’est aussi le cas du Canada, de l’Australie, et du Japon,… parmi d’autres. Et les Etats-Unis se sont aussi dotés d’une nouvelle loi encourageant les soutiens économiques au développement de technologies vertes.
La Suisse ferait figure de brebis galeuse
Or, tous ces pays sont en avance sur la Suisse, qui ferait figure de brebis galeuse si elle ne parvient pas à avoir une législation en place lui permettant de tenir les engagements qu’elle a pris par la ratification de l’accord de Paris.
Tous ces pays sont-ils inconscients? Comment ont-ils pu s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici à quelques décennies seulement? Cela entraînera-t-il des coûts exorbitants pour leur économie? Alors que la campagne du non donne des chiffres trompeurs sur les prétendus coûts de la loi, un livre blanc de l’EPFZ montre clairement que des scénarios d’approvisionnement énergétique sans recours aux énergies fossiles d’ici à 2050 sont à la fois «possibles et abordables».
De fait, de nombreux scientifiques s’attendent à ce que la balance des coûts soit positive, car une société n’utilisant plus d’énergie fossile a aussi moins de pollution locale, qui est la source de coûts de santé importants.
Continuer d’être à la merci de pays autocratiques
Par ailleurs, l’utilisation des énergies fossiles, que ce soit le pétrole, le gaz ou le charbon, est loin d’être gratuite! Toute personne qui a dû souffrir des fluctuations des prix de l’essence, du mazout ou du gaz le comprendra facilement.
Vouloir continuer de dépendre en grande partie des énergies fossiles, c’est donc continuer d’être à la merci de pays autocratiques, que ce soit la Russie ou les pays du Golfe, qui peuvent faire pression sur notre pays en changeant les prix du pétrole ou de gaz à volonté. N’est-il pas préférable de générer notre propre énergie avec du solaire, de l’éolien, et la géothermie, et de collaborer avec les pays voisins, qui sont des démocraties comme notre pays?
Sans compter que la Suisse est dans une position favorable, grâce à sa grande infrastructure hydroélectrique qui peut compléter le solaire et l’éolien en fournissant des options de stockage de l’énergie. En développant fortement l’énergie solaire et éolienne, et en se libérant des infrastructures dépendant des énergies fossiles, la Suisse pourrait reprendre plus de contrôle sur son approvisionnement énergétique. Ce qui ne sera jamais le cas avec les énergies fossiles.
Même les Suisses qui ne se préoccupent ni des glaciers qui fondent, ni des citoyens âgés qui meurent lors de canicules, ni des paysans qui doivent faire face à des conditions climatiques plus imprévisibles et extrêmes, ont tout intérêt à voter oui. Pour la place de la Suisse dans le monde et pour sa réputation de partenaire rationnel et fiable.