Frapper, gronder, tirer les cheveux: selon une étude de l’Université de Fribourg, la violence physique fait partie du quotidien d’un enfant suisse sur vingt, et la violence psychologique de pas moins d’un enfant sur quatre. Pour attirer l’attention sur la question de la «violence dans l’éducation», la fondation Protection de l’enfance Suisse a conçu une peluche, Emmo.
Elle veut ainsi donner une voix aux petits qui, souvent, ne parviennent pas à exprimer leurs sentiments avec des mots. Avec le monstre en peluche, les enfants signalent quand ils se sentent mal. De base, Emmo a un large sourire. Si les parents n’arrêtent pas de le gronder ou s’il se sent menacé d’une autre manière, l’enfant peut transformer son monstre: il est maintenant gris, son visage triste et son cœur brisé.
Violence involontaire
Regula Bernhard Hug, responsable du bureau de Protection de l’enfance Suisse, déclare: «Les parents sont souvent tellement pris par leur propre colère qu’ils en oublient la relation avec leur enfant et ses sentiments.» Le monstre en peluche est censé rappeler aux adultes de prendre du recul par rapport à leurs émotions et de s’y prendre autrement.
Très peu de parents souhaitent intentionnellement faire du mal à leur enfant. Au contraire: selon l’étude de l’Université de Fribourg, la quasi-totalité des parents chez qui la violence est parfois présente s’efforcent de donner une éducation non violente. «Mais lorsqu’il y a une situation stressante ou une dispute, tout peut rapidement basculer, explique Bernhard Hug. Des actions se produisent ou des mots sont proférés qui peuvent être amèrement regrettés par la suite.»
La pandémie de Covid-19 a exacerbé le problème. Les agences spécialisées suisses ont été submergées d’appels de parents débordés. Bernhard Hug précise: «Il y avait des préoccupations sanitaires, financières, voire existentielles des parents, autant de facteurs de risque de violence.» La fermeture des écoles et le télétravail ont ajouté à la tension d’être confinés ensemble dans un espace réduit pendant une longue période. Les autorités extérieures telles que les enseignants ou les surveillants de crèches n’existant plus, ils ne pouvaient ni reconnaître ni signaler les dangers.
Politique d’éducation non-violente
Selon Bernhard Hug, la violence était une méthode éducative acceptée il y a trois générations. Aujourd’hui, la société est devenue plus sensible, mais cela entraîne de nouveaux défis. «Au lieu de se dérouler dans les espaces publics, la violence se cache dans les chambres des enfants.»
Le problème est une question politique. Aujourd’hui, selon le Tribunal fédéral, la violence dans l’enseignement est autorisée dans une mesure socialement tolérée. Les associations spécialisées demandent une interdiction explicite. Le Conseil national vient de se prononcer clairement pour la première fois en faveur de l’introduction du droit à l’éducation non-violente. Le Conseil des États se prononcera sur la question par la suite – probablement lors de la session d’hiver.