«En refusant d'adapter la loi sur le matériel de guerre, l'UDC amorce la mort lente de notre industrie de l'armement». Tels sont les propos du président du PLR Thierry Burkart dans un entretien diffusé mercredi dans les journaux alémaniques du groupe de presse Tamedia. Sans réexportation possible en cas d'urgence, plus personne ne va acheter de matériel de guerre suisse, ce qui met la survie des entreprises suisses d'armement en péril, rappelle-t-il. Or, ajoute-t-il, sans industrie d'armement propre, la neutralité armée de la Suisse n'est plus possible.
«Pour l'instant, la solidarité européenne signifie la solidarité militaire», lance le président du PLR, cette fois-ci en direction de la gauche. «Celui qui veut interdire la réexportation d'armes suisses parce qu'il est généralement contre l'industrie de l'armement n'agit pas de manière neutre, mais aide la Russie.»
Une «neutralité à la carte»
Selon Thierry Burkart, la Suisse pratique une «neutralité à la carte». «Tout le monde l'interprète comme cela l'arrange. La seule chose sur laquelle on s'accorde, c'est que la Suisse ne participe pas à des guerres et ne livre pas unilatéralement des armes à une partie belligérante.»
Le conseiller aux Etats argovien plaide pour une définition plus systématique de la neutralité suisse: «Même pendant la guerre froide, la Suisse était intégrée dans la communauté de valeurs occidentale malgré sa neutralité. En 1951, elle s'est, par exemple, jointe au boycott contre les Etats communistes. Ceux qui refusent aujourd'hui les sanctions contre la Russie ne défendent pas la neutralité traditionnelle, mais procèdent à une réinterprétation qui n'a jamais existé.»
Après de nombreuses critiques, la commission de politique de sécurité du Conseil national a présenté mardi un nouveau projet d'assouplissement de la loi sur le matériel de guerre, permettant de réexporter de l'armement suisse sous de strictes conditions.
(ATS)