Ils sont la bête noire des automobilistes aux heures de pointe: les camions qui se glissent sur la voie de dépassement. À l'avenir, ils pourraient même être encore plus lents. La vice-présidente des Vert-e-s Isabelle Pasquier-Eichenberger demande dans une intervention que les camions ne soient dorénavant autorisés à rouler qu'à 70 km/h maximum.
«Cela permettrait d'émettre 100'000 tonnes de CO2 de moins par an, explique la conseillère nationale pour justifier sa demande. De plus, la consommation d'énergie serait réduite et les coûts externes seraient diminués.»
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Isabelle Pasquier-Eichenberger s'appuie sur une étude commandée par l'Office fédéral des transports. Il y est toutefois constaté que les mesures de régulation n'auraient qu'une faible influence sur le climat. Les nouvelles technologies automobiles, comme l'hydrogène, seraient plus prometteuses. «C'est certainement nécessaire, mais pour l'instant, la plupart des camions roulent au diesel.»
Trop rapide sur l'autoroute?
Jusqu'à présent, les camions sont autorisés à rouler à 80 km/h. «Les contrôles montrent que les camions roulent souvent à près de 90 km/h sur les autoroutes.» La vice-présidente des Vert-e-s ne craint pas les embouteillages que pourrait provoquer une vitesse plus basse. «Je ne pense pas que cela ait une influence directe.»
Madame Pasquier-Eichenberger est également convaincue qu'il n'y a pas lieu de craindre des rayons vides dans le magasin si les camions roulent plus lentement. «La plupart des livraisons arrivent par le train. Le camion n'est utilisé que pour les derniers kilomètres.» Les livraisons ne seraient donc que légèrement retardées. «Ce n'est pas crucial» conclut-elle.
«Une idée totalement stupide»
Pour le conseiller national UDC Benjamin Giezendanner c'est très clair: «C'est une idée complètement folle! En réalité, nous sommes de plus en plus souvent dans les embouteillages.» L'homme de 49 ans dirige une entreprise de transport et est lui-même derrière le volant. «Une limitation de vitesse à 70 km/h est hostile à l'économie et n'est d'aucune utilité pour le climat.» Il fait remarquer qu'il faudrait alors utiliser plus de véhicules pour le même travail. De plus, une réduction de la vitesse entraînerait une diminution des taxes à payer. «Il manquerait alors 1,7 milliard de francs à la Confédération et aux cantons. Les deux tiers iront au trafic ferroviaire.»
Selon lui, la branche des poids lourds aurait déjà fait beaucoup pour le climat. «On devrait en fait nous décerner une médaille verte. Les émissions de CO2 sont de plus en plus réduites, même dans la circulation dense.»
Bien sûr, avec ou sans cette loi, les camions continueraient tout de même d'émettre du CO2. «Mais ils sont indispensables au bon fonctionnement de notre économie», maintien Benjamin Giezendanner.
Le conseiller national se défend également contre le reproche fait aux camions de dépasser les limites de vitesse: «Nos camions sont scellés pour des raisons de sécurité. La clientèle surveille à chaque fois que nous ne roulons pas trop vite.»