Vendre des T-shirts et des smoothies sur une plage d'Hawaï, là où il a grandi: c'est ainsi que Barack Obama avait décrit ses plans de retraite à son chef de cabinet lors d'une promenade dans les jardins de la Maison Blanche, alors qu'il était encore président des États-Unis. Mais son rêve de micro-entrepreneur dans le paradis du Pacifique ne s'est pas concrétisé. Ou du moins pas encore.
Six ans et demi se sont écoulés depuis que le démocrate de 61 ans a dû remettre les clés de la Maison Blanche à son successeur Donald Trump. Peu après, ses deux filles Malia et Sasha ont pris l'avion pour Los Angeles où elles se sont installées durablement, l'une comme scénariste, l'autre comme étudiante en psychologie.
Barack Obama n'a, quant à lui, plus le droit, selon la loi, de conduire une voiture ou de faire un pas sans être accompagné par le Secret Service. Dans la bouillonnante ville de Washington, où il réside toujours, il ne parvient manifestement pas à apaiser les tensions politiques en coulisses. Dans la campagne présidentielle qui s'annonce, Barack Obama doit de toute façon se faire discret pour ne pas éclipser son ancien vice-président Joe Biden, qui se présente à sa réélection en 2024.
Jusqu'à 1,5 million de dollars par apparition
Alors pourquoi ne pas sauter au-dessus de l'océan et rendre visite au Vieux continent? C'est peut-être ce que Barack Obama s'est dit lorsqu'il a signé un contrat exclusif avec une agence événementielle allemande pour trois courtes apparitions à Amsterdam, Berlin et Zurich, où il tient un meeting au Hallenstadion ce samedi.
L'entreprise, qui fait habituellement venir des artistes de rap dans des stades locaux, reste bien sûr silencieuse sur cet accord. Ce qui est sûr, c'est que l'ancien président étasunien va empocher gros. Le «Spiegel» rapporte qu'il touchera jusqu'à 1,5 million de dollars pour ses discours. Cet argent est destiné à sa fondation «Obama Foundation», qui soutient entre autres les jeunes issus de milieux difficiles en leur proposant des formations.
Barack Obama ne fait-il donc que récolter des fonds ou a-t-il vraiment quelque chose à dire? Malgré tout ce qu'il a accompli de positif, comme la réforme du système de santé Obamacare aujourd'hui si populaire que même les républicains n'y touchent plus, de nombreuses zones d'ombre – que Barack Obama pourrait éclaircir – subsistent. Par exemple, pourquoi l'ancien locataire de la Maison Blanche a minimisé la Russie en la qualifiant de «faible puissance régionale» ou pourquoi il a laissé le dictateur syrien Bachar al-Assad utiliser impunément des gaz toxiques, contrairement à ses avertissements.
Il ne faut toutefois pas attendre de Barack Obama qu'il s'exprime sans langue de bois aucune, ou qu'il fasse des aveux à Zurich. La soirée, animée par le présentateur allemand Klaas Heufer-Umlauf, devrait plutôt ressembler à une table ronde de haut niveau avec un cadre musical.
Première visite de Barack Obama en Suisse
Qu'est-ce qui pousse donc réellement l'ancienne superstar de la politique étasunienne et internationale à entreprendre cette tournée? Avec ses films documentaires et ses podcasts, il atteint déjà bien plus de personnes que les 15'000 qui pourront entrer dans le Hallenstadion de Zurich.
Il est probable que Barack Obama en ait assez de voir deux vieillards se donner la réplique dans son pays pour savoir qui aura le droit de s'asseoir dans le bureau ovale. Est-il nostalgique de l'époque où le parti démocrate faisait encore rêver?
Barack Obama l'a lui-même formulé dans son livre de 700 pages «A Promised Land»: «En politique, les histoires que l'on raconte sont aussi importantes que la substance que l'on obtient.» Il a obtenu beaucoup de choses. Mais il n'a pas encore raconté assez d'histoires. Ses fans au Hallenstadion lui en seront reconnaissants.