«Je veux que justice soit faite»
Ce retraité suisse dépense 22'000 francs pour 4m2 de panneaux solaires

Dans un petit village du nord de la Suisse, les toits des habitations sont recouverts de panneaux solaires. Ceux-ci ne posent aucun problème. Sauf une toute petite parcelle de 4m2, qui appartient à un retraité de 77 ans
Publié: 09:00 heures
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Kurt Meier, d'Unterendingen, est stupéfait. Alors qu'il a pu habiller tout son toit de panneaux solaires, il se bat depuis près de deux ans pour pouvoir accrocher deux petits panneaux sur son balcon.
Photo: Sebastian Babic
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Sebastian Babic

A Unterendingen, petit village du canton d'Argovie, le soleil pointe souvent le bout de son nez. Depuis la colline à l'ouest de la petite localité, on peut apercevoir des centaines de mètres carrés de panneaux solaires sur les toits des habitations. Mais voilà, une petite parcelle de seulement 4m2 de panneaux solaires sème la zizanie dans le village.

C'est Kurt Meier, un retraité de 77 ans, est le propriétaire de ces panneaux de la discorde. Il a payé 900 francs pour son installation, pensant faire une bonne affaire. Dans le cadre d'un litige avec sa commune, il a accumulé plus de 22'000 francs de factures., en raison des frais d'avocat, des amendes administratives, des taxes, demande de permis de construire, du montage et du démontage des panneaux, mais aussi… des affiches de protestation qu'il a fait réaliser. Ce n'est pas l'argent qui l'intéresse. «Je veux que justice soit faite», explique-t-il.

Pionnier des énergies renouvelables

Kurt Meier est originaire de la commune d'Unterendingen. Il a repris la ferme de ses parents et s'engage depuis les années 1970 pour une énergie propre. «Tout a commencé avec une installation de biogaz, la deuxième de ce type en Suisse à l'époque, qui produisait de l'électricité de manière fiable.» Ensuite, il installe successivement un chauffage aux copeaux de bois, une pompe à chaleur et enfin, il y a quelques années, une installation photovoltaïque sur le toit de sa maison, d'environ 40 mètres carrés. «Jamais je n'aurais pensé qu'il pourrait y avoir des problèmes à cause de quelques mètres carrés supplémentaires», raconte-t-il, frustré. Depuis deux ans, il est en conflit avec les autorités.

Le problème? Une installation solaire qui peut être facilement installée sur une façade avec des vis ou des colliers de serrage. Ces petites installations promettaient autrefois de devenir un élément décisif du tournant énergétique. En effet, selon la loi fédérale, ces dernières devraient pouvoir être installées facilement et sans longues études de construction. Même dans les zones locales protégées, des interdictions ne pourraient être prononcées qu'en cas de «nuisances visuelles importantes». C'est précisément à ces points que se réfère la commune d'Unterendingen dans le cas du retraité.

La commune interdit les mini-panneaux

Les raisons invoquées par les autorités locales pour justifier l'interdiction soulèvent des questions. Sa maison est à peine visible depuis la rue principale, dit-il. Et une visite sur place le démontre. Depuis la route principale, il n'y a qu'un espace de construction et de végétation d'environ 200 mètres de long, d'où sa maison est visible depuis un véhicule, mais à une distance d'environ 400 mètres.

Kurt Meier se pose la question fondamentale de savoir si la zone du village, qui fait partie de l'ISOS et appartient donc à l'«Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse», mérite d'être protégée. «Cela a tellement été transformé au cours des vingt dernières années que cela n'a aucun sens de qualifier le centre du village d'historique.»

Interrogées par Blick, les autorités locales font part de leur colère. «Toutes les autorités impliquées ont jugé que la demande de permis de construire ne pouvait pas être autorisée en raison des lois en vigueur. Monsieur Meier n'est pas d'accord avec ces décisions et l'a suffisamment fait savoir.»

«Je veux juste que tout le monde soit traité de manière équitable!»

Et le retraité ne compte pas abandonner. Sa dernière action? Des panneaux d'affichage qu'il a fixés à sa balustrade, avec ses exigences envers la commune. Mais il ne s'est pas arrêté là: il a également fait reproduire deux panneaux solaires en taille réelle. De temps en temps, il les fait descendre pour attirer l'attention des autorités. Puisque les originaux ne sont pas autorisés, il nargue sa commune avec de faux panneaux, et ce, en toute légalité!

Kurt Meier a déboursé environ 22'000 francs pour son litige avec les autorités. Et ce, alors que la valeur des panneaux solaires n'est que de 900 francs. «Ce n'est pas l'argent qui m'intéresse! Je veux juste que tout le monde soit traité de manière équitable!», scande-t-il, bien décidé à raconter son histoire pour éviter que d'autres ne fassent la même erreur.

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