Un pédophile repérait des fillettes sur TikTok
«Il s'est fait passer pour une fille et nous a montré ses parties génitales»

Les enfants adorent TikTok, les pédophiles aussi. Sienna M., originaire du canton de Saint-Gall, a été victime d'un homme sur le réseau social alors qu'elle n'avait que 11 ans. Il comparaîtra lundi devant le tribunal.
Publié: 27.11.2023 à 10:14 heures
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Dernière mise à jour: 27.11.2023 à 14:14 heures
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Sienna M.* (aujourd'hui 15 ans) a été contactée à l'âge de 11 ans par un pédophile présumé sur TikTok. Lundi, il comparaîtra devant le tribunal.
Photo: Thomas Meier
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Qendresa Llugiqi

Les personnes malintentionnées recherchant des images d'enfants ont la partie facile sur TikTok. Certes, la plate-forme est théoriquement accessible à partir de 13 ans avec l'accord des parents. Mais la réalité est tout autre: l'application s'adresse à un groupe cible très jeune. Ce ne sont pas seulement des jeunes adolescents qui y sont actifs, mais aussi des enfants. TikTok tente de supprimer rapidement les contenus et les profils des mineurs, mais en vain. La plateforme devient ainsi un terrain de chasse idéal pour les pédophiles.

Sienna M.* (aujourd'hui âgée de 15 ans), originaire du canton de Saint-Gall, est tombée dans le piège d'un pédophile présumé de TikTok fin 2019, alors qu'elle avait 11 ans. Blick s'est entretenu avec elle avec l'accord de sa mère. Elle raconte son calvaire: «Il s'est fait passer pour Mélanie et voulait nous montrer une robe. Au lieu de cela, il nous a présenté ses parties génitales».

Mélanie cherche des amies

Le 30 décembre, une amie alors âgée de treize ans a passé la nuit chez Sienna, onze ans. Ensemble, les filles ont passé du temps sur TikTok. C'est alors qu'elles ont été contactées par une jeune fille prétendument du même âge, Mélanie. Elle voulait être leur amie parce qu'elles étaient «cools et jolies». «Elle voulait être notre IBF — c'est-à-dire Internet-Best-Friend (meilleur ami sur Internet). Une tendance TikTok répandue à l'époque».

Les filles et Mélanie ont échangé leurs numéros et le contact s'est déplacé vers Whatsapp et d'autres canaux. «Elle a ensuite voulu connaître notre avis sur une robe et nous a appelées avec un visiophone. Au début, nous ne voyions pas de visage, seulement la robe noire et blanche», se souvient la jeune fille.

Danse devant la caméra

Puis la personne a installé la caméra, s'est levée et a pris un peu de recul pour se mettre à danser. «C'était tellement bizarre. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous avons réalisé que Mélanie n'était pas une fille», raconte la jeune victime. «Mais il était trop tard: il a soudain soulevé sa robe et nous a montré son pénis». Sous le choc, les filles ont raccroché et ont informé la maman de Sienna: «Au début, elle n'y croyait pas et a rappelé elle-même».

Sienna M. et sa mère ont signalé l'incident à la police. La maman raconte son horreur: «J'ai ensuite appris qu'en tant que Mélanie, il voulait même rencontrer les filles à la gare de notre lieu de résidence. J'étais simplement heureuse qu'il ne se soit rien passé de plus grave». Pendant longtemps, la famille a supposé qu'il s'agissait d'un cas isolé. Jusqu'à ce qu'une lettre du ministère public arrive chez eux, les informant de l'état de la procédure. «Quand j'ai vu tous ces noms et leur âge, j'ai eu la chair de poule», raconte Sienna. Sa mère a eu la même réaction: «J'ai eu la nausée».

Plusieurs personnes concernées

Lundi, l'accusé Jimmy X.* (aujourd'hui 24 ans), originaire du canton de Bâle-Campagne, comparaîtra devant le tribunal. Selon l'acte d'accusation, il aurait approché et harcelé plus de dix filles pendant cinq ans. Son terrain de chasse: TikTok. Selon le ministère public, il se serait masturbé devant les mineures lors d'appels vidéo, leur aurait envoyé des photos de ses parties génitales ou des films pornographiques, notamment au contenu violent. Il aurait également exigé d'une fillette de dix ans qu'elle s'habille de manière provocante. Elle devait se filmer et lui envoyer la vidéo par Whatsapp.

Dans au moins deux cas, il se serait même fait passer pour un collègue de la Mélanie imaginaire. Selon l'acte d'accusation, il a exigé d'une jeune fille de 16 ans qu'elle se livre à des actes violents et à des actes à caractère sexuel pour lui. Si elle ne s'exécutait pas, il tuerait sa prétendue amie Mélanie. Lorsqu'elle n'a pas accédé à sa demande, il a prétendu avoir tué Mélanie. Il menaçait de faire de même avec sa jeune victime si elle continuait à refuser de se plier à ses désirs. L'adolescente a alors eu tellement peur qu'elle n'osait plus sortir de chez elle qu'en compagnie de ses frères et sœurs. Il aurait également fait pression sur l'amie de quinze ans de la victime en utilisant une tactique perfide similaire.

L'acte d'accusation du ministère public est le suivant: actes sexuels répétés devant des enfants, infraction à l'interdiction de la pornographie dure et remise répétée de pornographie à des mineurs de moins de 16 ans ainsi qu'incitation à la production de pornographie dure, plusieurs tentatives partielles de contrainte, insultes et harcèlement sexuel répété. La peine qui pourrait l'attendre n'a pas encore été déterminée alors que le procès s'ouvre lundi.

Renforcer le contrôle

Blick a confronté l'avocat du suspect aux faits qui lui sont reprochés. Mais il ne prend pas position avant l'audience. Son client continue de bénéficier de la présomption d'innocence.

En ce qui concerne Sienna M., sa mère recommande aux autres parents de faire plus attention aux activités de leurs enfants sur internet: «Je regrette de ne pas avoir contrôlé davantage ma fille pour la protéger d'une telle personne». Certes, l'incident n'a pas laissé de traces chez elle, mais la jeune fille aurait également souhaité que sa «mère regarde davantage».

* Noms connus de la rédaction

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