Jusqu'au bout, le ministre de la Justice Beat Jans a tenté de garder secret le parachute doré de Nicoletta della Valle. La cheffe de l'Office fédéral de la police avait annoncé il y a un mois sa démission pour fin janvier 2025. «Les modalités d'une telle démission sont confidentielles», a fait savoir le porte-parole de Beat Jans pendant des semaines.
La loi sur la transparence a aidé
Selon un arrêt du Tribunal fédéral, l'Etat doit toutefois fournir des informations sur les indemnités de départ des hauts fonctionnaires. Blick a donc déposé une demande basée sur la loi sur la transparence – et a obtenu gain de cause: le DFJP a remis le document.
Celui-ci confirme les rumeurs qui circulaient déjà dans la Berne fédérale: la policière en chef du pays bénéficie d'une jolie retraite. «L'employée reçoit une indemnité de départ d'un montant de CHF 339'937.65», précisent Beat Jans et Nicoletta della Valle dans la convention. La base est le salaire annuel de la cheffe dans la classe de salaire 37 (334'087.65 francs) ainsi qu'une indemnité de résidence de niveau 13 d'un montant de 5850 francs.
«Beat Jans se réjouit de la collaboration qui reste à faire»
Rien n'a filtré sur les raisons de cette démission. Juste ceci: «Les rapports de travail seront résiliés d'un commun accord au 31 janvier 2025.» Il n'y a pas eu de conflit entre le nouveau ministre de la Justice et sa cheffe d'office, ou alors il n'a pas été consigné par écrit. Au lieu de cela, le DFJP évoque sur demande la confiance intime entre les deux: «Le conseiller fédéral Beat Jans se réjouit de la collaboration qui reste à faire avec Nicoletta della Valle.»
Nicoletta della Valle peut se targuer d'une carrière fulgurante. En tant que femme, elle a su s'imposer dans la culture machiste de la police. Et de l'ex-ministre de la Justice Christoph Blocher, qui l'a nommée vice-directrice de l'Office fédéral, à Beat Jans, elle a pu s'arranger avec des conseillers fédéraux très différents.
Plusieurs scandales pendant son mandat
Parallèlement, plusieurs scandales ont éclaté durant son mandat – le dernier en date étant la débâcle Xplain. Suite à une attaque de pirates informatiques, la cheffe de Fedpol a dû annoncer des fuites de données dans l'entreprise de logiciels. Détail particulièrement gênant: Nicoletta Della Valle n'avait pas soumis Xplain à un contrôle de sécurité. Un rapport d'enquête constate que «des contrôles réguliers chez Xplain en vue du respect de la sécurité des données, par exemple sous forme d'audits réguliers, n'ont pas eu lieu». Pourtant, un contrôle «aurait pu sans autre mettre en évidence les points faibles de Xplain». Dans l'ensemble, Fedpol n'aurait «qu'insuffisamment satisfait aux exigences de la protection des données». Une chose est sûre: plusieurs chantiers attendent le successeur de Nicoletta Della Valle.