Un ostéopathe jugé pour harcèlement sexuel
«Il peut me lécher les pieds et continuer à travailler?»

Noemi M. s'adresse à un ostéopathe en raison de douleurs. Mais durant la séance, celui-ci lui lèche les pieds. Il a certes été jugé, mais peut tout de même continuer à exercer. Les victimes ainsi que la procureure sont persuadées qu'il ne va pas s'arrêter là.
Publié: 25.09.2023 à 11:29 heures
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Dernière mise à jour: 25.09.2023 à 13:38 heures
La victime est convaincue qu'«il continuera à harceler les femmes». Le ministère public a exprimé un avis similaire pendant le procès.
Photo: STEFAN BOHRER
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Qendresa Llugiqi

Une jeune maman s'est blessé la main en tentant d'enlever son alliance. Rien n'y fait, la douleur ne part pas. C'est alors qu'elle décide de s'adresser à un ostéopathe... qui finit par la harceler sexuellement durant la séance.

Explications des faits. Après avoir perdu ses premiers kilos de grossesse, Noemi M.* (34 ans), originaire du canton de Bâle-Campagne, souhaitait à nouveau porter son alliance, mais elle était trop serrée. Elle tente de l'enlever, mais se blesse gravement à l'annulaire gauche. Pendant près d'un an, elle a souffert de fortes douleurs. Même la kinésithérapie n'a pas fonctionné pas.

Elle cherche donc de l'aide auprès d'un ostéopathe: Daniel D.* exerce dans le village voisin. Dans l'espoir d'une guérison, elle se rend chez lui. C'était en décembre 2019.

Il continue à pratique

Mais l'affaire tourne mal. Et pour cause, l'ostéopathe a été jugé pour harcèlement sexuel répété par le Tribunal pénal de Bâle-Campagne à Muttenz. Noemi M. a porté plainte contre lui, car il lui aurait léché les pieds pendant les traitements et l'aurait également harcelée avec des intentions sexuelles.

Le jugement n'est toutefois pas encore définitif. Mais «pour moi, c'est incompréhensible», déclare Noemi M. à Blick. «Pourquoi ce lécheur de pieds peut-il continuer à travailler? Je ne le comprends tout simplement pas!»

«J'ai senti ses parties génitales»

Elle indique qu'elle s'est sentie mal à l'aise dès le premier traitement en décembre 2019. «Il faisait des remarques ambiguës et était très tactile.» Il lui aurait ainsi caressé le bras à plusieurs reprises sans qu'elle le lui demande, repoussant tendrement les cheveux de sa nuque sur le côté. «J'ai également senti à plusieurs reprises ses parties génitales sur mon corps.»

Alors qu'elle était allongée sur le ventre sur la table de soins, quelque chose d'étrange s'est produit: «Tout à coup, la plante de mes pieds est devenue humide et froide. Ensuite, j'ai senti qu'il appuyait dessus avec la paume de sa main, raconte Noemi M. «C'était tellement bizarre!»

«Comme s'il léchait une glace»

Au bout d'une semaine, la jeune femme est tout de même retournée au cabinet. En effet, grâce au traitement de l'ostéopathe sur le haut du corps, elle n'avait plus eu de douleurs au doigt pour la première fois depuis un an.

Pour éviter de se retrouver à nouveau dans une situation étrange, elle a préféré garder ses chaussettes cette fois-ci. «Mais il les a arrachées de mes pieds. Une fois de plus, j'ai ressenti la même chose.» L'ostéopathe lui aurait léché les pieds: «Comme s'il léchait une glace.»

Le praticien aurait ensuite quitté la pièce rapidement et sans un mot, avant de revenir quelques minutes plus tard. Elle aurait ensuite perçu une odeur de sperme. Le soir même, la femme a alerté la police.

Plusieurs femmes concernées

Début septembre, le procès a eu lieu. L'ostéopathe conteste les accusations. Selon ses propres mots au tribunal, il ne fait pas «quelque chose d'aussi dégoûtant».

Mais Noemi M. n'est pas seule à porter ces accusations. Trois autres patientes font état de contacts corporels très rapprochés. Deux confirment le léchage de pieds. Pour différentes raisons, elles n'ont pas porté plainte. Au cours de l'audience, on apprend en outre que l'ostéopathe avait déjà été condamné en 2013.

Un tribunal partial?

Ce qui préoccupe Noemi M. c'est le manque de considération à son égard. «Bien que beaucoup de choses l'inculpent, je n'ai pas été prise au sérieux en tant que victime.» Elle comprend toute femme qui n'ose pas porter plainte contre son tortionnaire.

Il y a deux ans déjà, un procès avait eu lieu devant le tribunal pénal. Mais l'accusé a porté le jugement devant le tribunal cantonal. «Le juge y a parlé d'incohérences, c'est pourquoi nous sommes à nouveau ici, assure Noemi M. Au tribunal cantonal, on s'est même demandé si je n'avais pas simplement imaginé tout cela ou si je ne m'étais pas laissée influencer par des étrangers.»

Noemi M. est très clair sur ses volontés pour le jugement. «Une condamnation est le minimum! C'est un scandale qu'il puisse continuer à travailler après une deuxième condamnation, dit-elle. En théorie, il peut tout simplement continuer à harceler les femmes. Cela me fait peur! Il faut bien que quelqu'un puisse intervenir et le mettre hors d'état de nuire.»

La procureure en charge du dossier se montre aussi sceptique face au prévenu. Elle en est sûre: «Il va récidiver.»

Jusqu'à ce que le jugement soit définitif, Daniel D. bénéficie de la présomption d'innocence.

* Noms modifiés

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