Épargner, c’est plus facile à dire qu’à faire. En théorie, ce n’est pas bien compliquer: on dépense moins, on met de l’argent de côté, et voilà. Pif, paf, pouf dans la tirelire.
La réalité est un peu différente. Si l’on veut pouvoir profiter de la vie en Suisse, on ne peut pas éviter de s’occuper tôt ou tard de ses finances et de le faire de manière stratégique.
C’est pourquoi la Banque Migros a commandé un sondage représentatif sur le thème «épargne et placements». L’enquête a été réalisée en octobre de cette année par l’institut d’études de marché Intervista. 1503 personnes ont été interrogées dans toute la Suisse.
1. Un ménage sur quatre gagne plus de 12’000 francs
Pour épargner, il faut d’abord gagner quelque chose. Le total des revenus mensuels bruts varie fortement en Suisse. Un peu plus d’un quart des ménages a la chance de disposer de plus de 12’000 francs par mois. Environ 44% disposent de 6000 à 12’000 francs. Les 29% restants doivent se contenter de moins de 6000 francs.
2. Plus de 1000 francs d’épargne est un privilège
En Suisse, ceux qui peuvent mettre de côté plus de 1000 francs par mois font partie des privilégiés. Seul un tiers des épargnants y parvient. 7% indiquent même que leur épargne actuelle s’élève à plus de 3000 francs par mois.
3. Une personne sur sept n’épargne rien du tout
Environ un septième de la population suisse ne met actuellement pas du tout d’argent de côté. La principale raison invoquée est simplement un revenu est trop faible pour pouvoir épargner.
Mais il existe d’autres raisons pour lesquelles notamment les personnes plus âgées (55 ans et plus) renoncent à épargner. De nombreux seniors ont déjà suffisamment d’économies de côté. Quant à ceux qui refusent d’épargner à cause de taux d’intérêt trop bas, il ne s’agit que d’une petite minorité.
4. Les voyages plus importants que les enfants
Les raisons pour lesquelles les Suisses épargnent sont remarquablement peu spectaculaires. Nous mettons de l'argent de côté le plus souvent dans la perspective de faire gonfler notre prévoyance vieillesse et pour amortir un choc financier en cas d’imprévu. En troisième position vient le rêve souvent évoqué de devenir propriétaire. La suite est révélatrice de ce qui importe dans notre société: mettre de l’argent de côté pour partir en voyage(s) est plus important que l’éducation des enfants.
5. Peu de confiance dans les conseillers
Si le banquier représente l’image la plus clichée possible du Suisse moyen (à l’étranger comme dans nos contrées), on ne semble pas lui faire confiance quand il s’agit de placer son argent. Trois personnes interrogées sur cinq indiquent qu’elles s’occupent seules de leurs questions de placements financiers, sans aucun conseil d’expert.
Cette proportion est encore plus élevée chez les jeunes. Un cinquième d’entre eux se font aider par un conseiller bancaire, mais choisissent et effectuent eux-mêmes les placements pour leurs produits. Seuls 16% font confiance à un conseiller financier, auquel ils délèguent entièrement les décisions d’épargne et de placement.
6. Un fossé genré pour les questions financières
La Suisse est considérée comme le pays des banques et des assurances. Mais l’intérêt du grand public pour les questions de finance et de placement est plutôt modéré. Deux personnes sur cinq déclarent ne pas s’y intéresser du tout. Seule une personne sur cinq se dit très intéressée par ces sujets.
Il existe un fossé considérable entre les sexes. Chez les femmes, une sur deux se dit même totalement désintéressée par les questions financières, et une sur dix se déclare vraiment passionnée par le sujet.
7. Prise de risque à cause des taux bas
Des taux d’intérêt bas sévissent dans l’économie mondiale depuis des années. En Suisse, la situation est particulièrement extrême en raison des taux d’intérêt négatifs de la Banque nationale.
Un Suisse sur trois a adapté sa stratégie d’épargne en raison des taux faibles. Beaucoup ont changé de forme de placement et prennent plus de risques, d’autres font plus attention aux frais. La majorité continue toutefois d’épargner comme avant malgré les taux bas.
8. De meilleures finances malgré le Covid
La pandémie semble ne pas vouloir se terminer, dans le domaine sanitaire comme économique. Pourtant, 43% des Suisses indiquent que leur situation financière s’est améliorée au cours des deux dernières années, contre 17% qui déplorent une détérioration. Pour le reste, il n’y a pas eu de changement.
Cette évolution surprend, mais elle est probablement liée au fait que les gens ont moins dépensé d’argent durant les différents confinements. Mais s’il reste plus de sous dans le porte-monnaie des consommateurs, cet argent manque aux entreprises et aux branches concernées.
9. Engouement pour les cryptomonnaies
Les Bitcoin et autres font partie des grands gagnants de la crise du Covid-19. La plupart des cryptomonnaies ont fortement gagné en valeur au cours de l’année et demie écoulée, et jouissent aussi d’un engouement de plus en plus large.
Actuellement, un Suisse sur dix investit de l’argent dans le bitcoin ou d’autres cryptomonnaies. En 2019, il s’agissait d’une personne sur vingt.
10. Une Suisse modérément optimiste
Si le Covid n’a pas creusé de trou dans le porte-monnaie des Suisses, la population n’est pas particulièrement optimiste quant à l’avenir. Seule 17% de la population croit à une amélioration des conditions économiques.
La grande majorité des personnes interrogées part du principe que la situation restera similaire à celle d’aujourd’hui. Une personne sur quatre a le sentiment que la situation économique va plutôt se dégrader à l’avenir. Espérons que les optimistes aient raison…
(Adaptation par Alexandre Cudré)