Un lapsus sème la confusion
L'UDC s'est réjouie trop vite concernant le contrôle des frontières

Le Conseil fédéral recommande d'accepter une intervention de l'UDC sur les contrôles aux frontières? Un lapsus au sein de l'administration fédérale a semé la confusion.
Publié: 16.02.2024 à 09:07 heures
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Le nouveau ministre de la migration Beat Jans va-t-il faire volte-face en matière de contrôles aux frontières?
Photo: keystone-sda.ch
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Ruedi Studer

L'UDC a la rage. Depuis des années, elle demande au Conseil fédéral de revenir à des contrôles systématiques aux frontières, mais elle n'est tout simplement jamais entendue. Avec une initiative pour la protection des frontières, elle veut maintenant faire plier le Conseil fédéral.

Celle-ci n'est-elle pas nécessaire? Le nouveau ministre en charge de l'immigration Beat Jans va-t-il faire soudainement volte-face? C'est l'impression donnée vendredi dernier.

Acceptation plutôt que rejet

Le gouvernement a en effet recommandé l'adoption d'une motion de l'UDC. Cette motion, sortie de la cuisine du chef de groupe UDC Thomas Aeschi, ne souhaite rien de moins qu'un contrôle systématique des personnes arrivant à la frontière suisse. Et un refus d'entrée pour tous ceux qui sont pris sans titre de séjour valable ou autre autorisation.

Thomas Aeschi veut ainsi mettre un terme à l'immigration irrégulière en Suisse, qui a atteint des records ces deux dernières années avec plus de 50'000 arrestations. Un oui du Conseil fédéral à la proposition de l'UDC... c'est une sensation politique!

Thomas Aeschi prend la chose avec humour

Mais il n'en sera rien. La recommandation publiée sur le site du Parlement était fausse. Après une demande de Blick auprès du Département de la justice, il ne faut pas plus d'une demi-heure pour que l'inscription soit corrigée: le rejet est désormais recommandé.

«Nous nous sommes réjouis trop tôt», déclare en riant le chef du groupe UDC Thomas Aeschi. «Nous aurions pu renoncer à notre initiative sur la protection des frontières.» Avec ce rejet, le Conseil fédéral rate l'occasion d'aborder la problématique, réfléchit-il.

Coopération plutôt que contrôles

Mais justement, le gouvernement national ne veut toujours rien savoir de la solution de l'UDC. Les conditions pour les contrôles à la frontière ne sont actuellement pas réunies, justifie le Département de la justice. «Ni l'ordre public ni la sécurité intérieure ne sont actuellement sérieusement menacés.»

L'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières est toutefois présent dans l'espace frontalier et effectue des contrôles basés sur les risques, tente de calmer les esprits de l'UDC. Dans ce contexte, les personnes entrées illégalement en Suisse et qui ne déposent pas de demande d'asile sont renvoyées.

En outre, «les contrôles aux frontières intérieures n'auraient que peu ou pas d'influence sur la migration secondaire irrégulière». La solution réside plutôt dans la coopération internationale.

L'UDC demande une session extraordinaire

«Tous les plans d'action de l'UE n'ont jusqu'à présent rien apporté», déplore Thomas Aeschi. Et il précise: «Le Conseil fédéral ne pourra pas faire l'économie d'une discussion.» Car pour la prochaine session de printemps, l'UDC demande une session extraordinaire sur la thématique de la migration.

A cette occasion, l'intervention controversée sera également mise sur la table. «Nous donnons au Parlement la chance d'aborder le sujet, explique Thomas Aeschi. Si nos interventions sont rejetées, plus rien ne s'opposera à notre initiative pour la protection des frontières.»

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