Un exploitant prend la parole
«Notre indemnisation est ridicule!» Comment tournent les agences de La Poste?

La Poste mise de plus en plus sur des agences dans les magasins de village ou les boulangeries plutôt que sur des filiales. Mais il n'y a pas grand-chose à gagner pour les exploitants, surtout pour les petits. Blick a rendu visite à une petite agence valaisanne.
Publié: 31.10.2024 à 20:49 heures
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Harald Glenz est vice-président de la coopérative de consommation qui gère une agence postale à Salquenen.
Photo: Martin Meul
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Martin Meul

La saignée des filiales de la Poste se poursuit: d'ici 2028, 170 agences traditionnelles fermeront leurs portes et seront transformées en «agences partenaires». Concrètement, cela signifie que le rôle de postier deviendra une activité complémentaire, et les services postaux s'installeront chez le boulanger, l'épicerie du coin ou la station-service. «Des agences plutôt que des filiales», telle est la devise du géant jaune depuis des années.

L'objectif premier de la Poste est de faire des économies! La réduction actuelle des filiales devrait rapporter 30 millions de francs à l'entreprise.

Il faut de l'idéalisme

La Poste peut atteindre cet objectif d'économie, car la présence d'agences dans les magasins ou les stations-service se fait à un prix très avantageux. Felix Bischofberger, directeur de l'association des agences postales, en exploite lui-même une à Altenrhein (SG): «L'exploitation d'une agence est davantage une activité complémentaire.»

Ce qui implique que les indemnités versées par la Poste pour l'exploitation sont minimes. «La Poste économise beaucoup d'argent en transformant des bureaux en agences», explique Felix Bischofberger. «Pour exploiter une agence postale, il faut donc une bonne dose d'idéalisme.»

Un chiffre d'affaires d'à peine 30'000 francs

Cela concerne surtout les «petites» agences, c'est-à-dire celles qui ne sont pas très fréquentées. Comme celle de Salquenen. Ce village situé à la frontière linguistique entre le Haut-Valais et le Valais central compte environ 1600 habitants et une agence depuis quatre ans. La fréquentation de l'agence postale est donc raisonnable.

Harald Glenz est le vice-président de la coopérative qui exploite les lieux: «Plus l'agence est petite, moins la Poste verse de rémunérations fixes.» Dans le cas de l'agence de Salquenen, cela représente à peine 4000 francs par an. A cela s'ajoutent les rémunérations par opération postale effectuée. Par exemple, si quelqu'un fait un versement, la Poste lui donne 1,60 franc.

Harald Glenz explique «Nous arrivons ainsi à Salquenen à un chiffre d'affaires de 25'000 à 30'000 francs par an.» Pour y parvenir, l'agence doit être ouverte six jours par semaine.

Trop peu pour vivre, trop important pour mourir

Harald Glenz n'est pas satisfait de sa rémunération, même si celle-ci a été augmentée d'environ 8% en janvier. «Quand on pense à ce que la Poste a économisé en fermant la filiale ici au village, notre rémunération pour l'agence est une plaisanterie», dit-il. Rien que les salaires économisés par la Poste représentent déjà une somme colossale par rapport au montant payé pour la nouvelle agence. Harald Glenz demande que les indemnités soient nettement augmentées. «En fin de compte, nous y perdons presque de l’argent», conclut-il.

Le géant jaune ne souhaite pas communiquer le montant des économies réalisées par la Poste avec une agence par rapport à une filiale propre. «Ces données sont soumises au secret commercial», écrit la porte-parole de la Poste Silvana Grellmann en réponse à la demande de Blick.

Malgré le mécontentement, la coopérative de consommation de Salquenen ne veut pas pour autant abandonner l'agence. «Nous pensons aussi à l'attractivité et au service pour le village», explique Harald Glenz, qui est également président de la commune de Salquenen. «Cette agence ne rapporte pas assez pour en vivre, mais elle est trop précieuse pour disparaître.»

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