Incroyable retournement de situation en Valais! Un éleveur était accusé d’avoir frappé un homme avec un bâton et d’avoir traité l’épouse de ce dernier — métisse — de «sale négresse» en marge d’un combat de reines au Châble, dans le val de Bagnes. Les allégations du couple, notamment relayées par Blick il y a tout juste un an, avaient estomaqué la Suisse romande.
Coup de tonnerre ce mardi lorsque l’avocat du prévenu contacte notre rédaction. Le Ministère public a rendu son verdict: son client est entièrement blanchi. Les parties plaignantes, quant à elles, sont condamnées par ordonnance pénale. L’homme pour lésions corporelles simples et injure — 50 jours-amende avec sursis. Sa femme pour diffamation et injure, mais elle est exemptée de peine. Joint par téléphone, le mari indique qu’ils ont fait opposition à leurs condamnations, mais ne souhaite pas s’exprimer davantage pour l’instant.
Dans le camp de l’ex-accusé, le soulagement. «Son honneur est rétabli, se réjouit Etienne Monnier, son avocat. Durant un an, mon mandant a été considéré comme un raciste. Beaucoup de membres de sa famille et des amis lui ont tourné le dos. Cette histoire a eu des conséquences importantes sur sa vie. Il a été suspendu de sa fonction de juré de combats de reines et n’a pas pu participer à la finale de la Foire du Valais en 2021, alors que ses bêtes étaient présentes.»
Un premier récit…
La version retenue par la justice valaisanne invalide dans les grandes lignes celle avancée par le couple. Avant de détailler ladite ordonnance de classement rendue le 6 juillet par le procureur, revenons à ce 25 septembre 2021 et aux assertions initiales, également relayées sur les réseaux sociaux à l’époque. Les voici: entre 17h30 et 18h, voyant une vache en état de panique près d’une rivière, un groupe de personnes avait demandé à l’éleveur de la détacher pour éviter qu’elle ne chute, racontait le conjoint.
La suite, selon lui? Le propriétaire de la génisse s’était alors retourné et leur avait lancé, à sa femme et lui: «Ferme ta gueule et dégage avec ta sale négresse!» Piqué au vif, l’homme expliquait s’être dirigé vers l’auteur présumé de l’attaque verbale, qui l’avait alors — accompagné de plusieurs comparses — roué de coups avec des bâtons. Sur nos plateformes, le premier nommé jurait n’avoir pas répliqué.
… invalidé par la justice
Selon le texte de l’ordonnance de classement, désormais entrée en force et considérée comme définitive, l’éleveur a reconnu «avoir porté plusieurs coups, au moyen d’un bâton en bois, à [l’homme qui a porté plainte contre lui], […] lui occasionnant de multiples contusions et un traumatisme crânien simple», mais aussi d’avoir demandé à un groupe de personnes de «fermer leurs gueules de professeurs». En revanche, et c’est là un point central, le Ministère public retient que l’agriculteur «s’est défendu contre des voies de fait, des lésions corporelles simples et des injures, perpétrées à son encontre par [le plaignant] durant de longues minutes».
Le procureur atténue en outre les paroles du paysan, sous stress à ce moment-là parce qu’il devait porter secours à sa vache, et souligne que ses dires lui ont déjà «beaucoup coûté» puisqu’il «a eu les honneurs de la presse, comme des réseaux sociaux» après les événements. Résultat, la justice conclut à un cas de légitime défense et ne le condamne ni pour ses mots, ni pour ses coups. Quid de la discrimination raciale? L’insulte raciste en question a bel et bien été prononcée ce samedi-là, souligne le document officiel, mais uniquement par une femme présente à ses côtés. Cette dernière «se voit condamnée pour ce fait».
Condamnée mais exemptée de peine
Les autorités valaisannes considèrent donc que l’épouse a menti en l’accusant, d’où sa condamnation pour diffamation. Selon le procureur, celle-ci a aussi enjoint la femme qui accompagnait l’éleveur de «fermer sa gueule». Condamnée pour injure, elle est néanmoins exemptée de peine puisque «l’ensemble de [ses propos] répondait à des propos racistes». Son époux a aussi dit à la même femme de «fermer sa gueule», constate le Ministère public, et s’est ainsi rendu coupable d’injure, comme sa partenaire de vie. Enfin, pour s’en être pris physiquement à l’éleveur à mains nues et lui avoir «occasionné […] quelques dermabrasions au visage», il est condamné pour lésions corporelles simples.