UBS met fin aux garanties d'Etat - plus de risques pour les contribuables ?
Ce que tu dois savoir sur l'accord entre UBS et la Confédération

L'UBS se retire de toutes les garanties de l'Etat dans le cadre de l'affaire de Credit Suisse. Les contribuables peuvent-ils maintenant se détendre? Et pourquoi cette décision intervient-elle maintenant ? Blick vous dit tout.
Publié: 11.08.2023 à 12:11 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2023 à 12:21 heures
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Surprenant rebondissement dans la reprise de Credit Suisse par l'UBS. Vendredi, la grande banque annonce qu'elle lève déjà toutes les garanties de la Confédération.
Photo: keystone-sda.ch
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Martin Schmidt et Aline Leutwiler

Retournement de situation surprenant, cinq mois après la reprise en urgence de Credit Suisse par l'UBS. Vendredi, la grande banque a annoncé qu'elle avait définitivement résilié le contrat de garantie contre les pertes, à concurrence de neufs milliards de francs, qu'elle avait conclu avec la Confédération.

L'UBS a volontairement résilié ce contrat pour le 11 août 2023. La banque verse par ailleurs à la Confédération un montant élevé en millions pour la mise à disposition des garanties. L'UBS rembourse également toutes les aides en liquidités pour la reprise. Blick répond aux dix questions les plus importantes.

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De quoi on parle concrètement?

Si des actifs sélectionnés du Credit Suisse avaient subi des pertes de plus de cinq milliards, la Confédération aurait soutenu l'UBS jusqu'à hauteur de neufs milliards de francs. Cette garantie n'existe donc plus. D'autre part, l'UBS rembourse toutes les aides de liquidité de la Confédération et renonce au contrat de prêts sous forme de liquidités de 100 milliards au maximum garantis par l’État, conclu avec la Banque nationale suisse (BNS).

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Pourquoi l'UBS a-t-elle pris ces décisions?

Comme la banque l'écrit dans une communication interne à ses collaborateurs – dont Blick a pu prendre connaissance –, l'UBS a pu vérifier les actifs couverts par le contrat de garantie. Au moment de la reprise d'urgence de Credit Suisse, le temps avait manqué pour vérifier toutes les valeurs. La vérification interne est maintenant terminée.

«Sur la base de ce qui précède, nous sommes confiants dans le fait que nous serons en mesure de supporter le coût total et les conséquences financières de l'intégration par nos propres moyens», déclare le patron de l'UBS Sergio Ermotti à ses collaborateurs. Après avoir calculé différents scénarios, la grande banque est désormais convaincue que la perte liée à la réduction du portefeuille correspondant de Credit Suisse restera en dessous de la barre des cinq milliards.

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Vraiment une bonne nouvelle pour les contribuables?

Oui, car ceux-ci ne sont désormais plus tenus en laisse. Et ce, bien plus rapidement qu'il y a 15 ans, lors du sauvetage de l'UBS pendant la crise financière. Même après le rachat de Credit Suisse, l'UBS reste manifestement très solide. La décision d'aujourd'hui permet même de conclure que les avantages de la reprise l'emportent nettement sur les risques.

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Y a-t-il encore des risques?

La nouvelle mégabanque reste un risque pour l'économie suisse et la Confédération si une crise bancaire devait survenir à l'avenir. Si l'UBS devait être touchée par une telle crise, il est difficilement imaginable que la réglementation «too big to fail» soit réellement efficace — et que les contribuables ne doivent pas à nouveau mettre la main au porte-monnaie.

Il faut savoir que les grandes banques comme l'UBS sont fortement imbriquées au niveau international. Si une mégabanque se retrouve en difficulté, c'est l'ensemble du monde bancaire qui risque de s'embraser. C'est ce qu'a démontré l'inquiétude internationale générée par le cas de Credit Suisse.

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Pourquoi une annonce aujourd'hui?

Le moment n'est pas un hasard. À la fin du mois, l'UBS présentera ses résultats du deuxième trimestre. C'est au plus tard à ce moment-là que les experts s'attendent à ce que la banque annonce ses plans de démantèlement. Plusieurs dizaines de milliers d'employés de la mégastructure sont menacés de licenciement. En Suisse aussi, de nombreux banquiers devraient être touchés. En mettant fin aux garanties, l'UBS coupe l'herbe sous le pied du monde politique qui aurait pu s'opposer à des coupes très radicales.

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Quelle est l'ambiance politique?

Après la reprise de Credit Suisse, les politiques ont déjà commencé à aiguiser leurs couteaux. La gauche au Parlement a immédiatement exigé des réglementations plus strictes pour les grandes banques, se heurtant à une majorité bourgeoise. Avec la décision communiquée aujourd'hui, l'UBS fournit un argument contre des règles plus strictes pour la place financière. L'UBS souhaite également mettre un terme aux discussions sur les restrictions des bonus bancaires.

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Les contribuables ont-ils vraiment profité?

Actuellement, l'UBS a payé environ 730 millions de francs pour les aides en liquidités et les garanties. Sur ce montant, 200 millions sont versés à la Confédération, le reste à la Banque nationale suisse. Pour le contribuable, la reprise d'urgence de Credit Suisse a donc été jusqu'à présent une bonne affaire.

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La porte à d'autres retraits de liquidités est-elle ouverte?

L'UBS rembourse 120 milliards de liquidités. Il s'agit des fonds provenant de l'ELA+ (Emergency Liquidity Assistance+) et du BLP (Public Liquidity Backstock). L'UBS peut se refinancer sur les marchés. Des milliards de dollars sont encore en suspens via l'ELA (Emergency Liquidiy Assistance). Il n'y a toutefois aucune raison de s'inquiéter: cet instrument de liquidité de la Banque nationale suisse est habituel pour les banques afin de garantir des liquidités. Et l'instrument ELA+ continue d'exister et pourrait être à nouveau utilisé par l'UBS en cas de besoin. Par exemple en cas de retrait massif de dépôts.

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Comment les marchés ont-ils réagi?

L'action UBS est en hausse de près de 5% après l'annonce du vendredi matin. Les analystes de la banque Vontobel et de JPMorgan jugent la nouvelle positive. La Banque cantonale de Zurich s'exprime également de manière bienveillante. L'annonce n'est certes pas surprenante, mais elle intervient plus tôt que prévu, selon l'analyste Michael Klien. Ce dernier s'attendait plutôt à une résiliation des garanties au début de l'année prochaine. Cette mesure montre que le profil de risque de Credit Suisse et de la nouvelle UBS est meilleur que ce que le marché craignait au début de la reprise.

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Les soucis sont-ils finis?

L'intégration de Credit Suisse va encore occuper l'UBS pendant des années. La reprise mobilise d'énormes ressources en personnel. Les risques liés à Credit Suisse doivent être réduits au cours des trois à cinq prochaines années. Dans l'affaire Archegos, l'UBS a pu communiquer un accord dès la fin juillet. La banque doit payer une amende de 388 millions de dollars à la Réserve fédérale américaine et aux autorités de surveillance britanniques.

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