Avec leur initiative sur la responsabilité environnementale, les Jeunes Vert-e-s s'attaquent à l'économie suisse afin qu'elle respecte des principes de durabilité. Le 9 février, les électeurs suisses devront passer aux urnes pour décider quel avenir ils souhaitent pour la Suisse. Blick explique les principaux objectifs de cette démarche écologique.
Que vise l'initiative?
L'année ne fait que commencer. Mais en réalité, en termes environnementaux, elle devrait déjà se terminer dans un peu plus de quatre mois. Car si tous les pays consommaient autant de ressources que la Suisse, tout ce que la nature peut fournir et régénérer serait épuisé le 7 mai déjà. Selon les calculs de l'ONG Global Footprint Network, les Suisses consomment donc environ 2,5 Terres chaque année.
L'initiative pour la responsabilité environnementale veut changer cette situation: elle veut obliger l'économie suisse à se développer uniquement dans les limites dites planétaires. En d'autres termes, la Suisse ne devrait pas consommer plus de ressources et émettre plus de polluants qu'elle n'en a le droit.
Selon le texte de l'initiative, cette mesure doit être mise en œuvre dans un délai de dix ans. Mais elle ne précise pas quelles mesures la Suisse doit prendre pour y parvenir.
Que sont les «limites planétaires»?
Les «limites planétaires» définissent des limites pour que l'humanité puisse continuer à vivre dans un écosystème sûr. Le concept a été développé en 2009 par le Stockholm Resilience Centre, un institut de recherche de l'Université de Stockholm.
Les limites sont définies pour neuf processus globaux: le changement climatique, la perte de biodiversité, la consommation d'eau, l'utilisation des sols, les émissions d'azote et de phosphore, l'appauvrissement de la couche d'ozone, la pollution par les aérosols, l'acidification des océans et l'introduction de substances nouvelles.
L'initiative souhaite se focaliser sur les cinq premières limites. Selon une étude de Greenpeace datant de 2023, la Suisse a déjà dépassé toutes ses limites, sauf pour l'utilisation des sols et les émissions de phosphore.
Quels sont les arguments du comité d'initiative?
Selon ses partisans, l'initiative contribue à préserver les bases vitales de l'humanité. Tous les êtres humains devraient avoir droit à des aliments sains, à de l'eau potable pure et à un air pur. L'économie, en particulier, porte une grande responsabilité dans la dégradation des ressources naturelles.
Les Jeunes Vert-e-s ont fait monter à bord, outre leur parti mère, le Parti socialiste (PS), Les Jeunes Socialistes, de nombreuses ONG environnementales – comme Greenpeace et L'association des Aînées pour la protection du climat –, ainsi que l'Association des petits paysans. Par ailleurs, 83 scientifiques suisses ont fait une déclaration commune en guise de soutien à l'initiative.
Qui est contre, et pourquoi?
En dehors des partis de gauche, l'initiative pour la responsabilité environnementale ne reçoit que peu de soutien. Le Conseil fédéral, le Parlement et les associations économiques rejettent l'initiative. Ils craignent de nouvelles prescriptions et interdictions qui limiteraient fortement la consommation, affaibliraient l'économie et renchériraient les produits et services. Les opposants ont même qualifié ce projet d'«initiative d'appauvrissement», lors de la campagne de votation.
Ils préfèrent poursuivre la politique environnementale actuelle. Car selon le Conseil fédéral, des dispositions suffisamment équilibrées sont déjà ancrées dans la Constitution suisse. Il estime que de nouvelles mesures drastiques, qui grèveraient lourdement le budget fédéral, sont inutiles.
Quelles sont les chances de l'initiative?
Pour l'instant, les premiers résultats des sondages penchent pour une défaite de l'initiative. Selon un sondage réalisé par la SRF avant Noël, environ 49% des votants se sont dit contre ou plutôt contre le projet. En revanche, seuls 45% se sont prononcés en faveur de l'initiative – mais de façon nettement plus déterminée. 6% étaient encore indécis.
L'initiative divise aussi bien au niveau politique qu'au niveau des genres: la gauche et les femmes sont nettement plus en faveur, tandis que les bourgeois et les hommes nettement contre. Une polarisation qui reflète les résultats du baromètre électoral actuel, publié en décembre par l'institut de sondage Sotomo.