L'image traditionnelle, en particulier au Conseil des Etats, du vieux parlementaire grisonnant va prendre un coup dès 10h00. Il sera remplacé par une femme ou plutôt 246, soit l'exact nombre des parlementaires sous la Coupole, lors d'une session déclinée uniquement au féminin organisée par la faîtière des organisations féminines suisses Alliance F.
Deux cents d'entre elles, dont une quarantaine de Romandes, ont été élues par plus de 10'000 femmes. Aucune n'est parlementaire fédérale. Âgées de 17 à 70 ans, elles sont paysanne, sage-femme, restauratrice, activiste ou encore avocate. De nationalité suisse ou étrangère. Elles ont toutefois été épaulées dans leurs travaux par 46 députées et sénatrices en fonction ou déjà à la retraite.
Congé parental, financement des crèches, rentes...
Les parlementaires éphémères ont d'abord siégé dans huit commissions pour préparer des propositions concrètes. Ces dernières touchent à des domaines aussi divers que le travail payé ou non payé, les violences, la médecine, la numérisation, les droits populaires ou encore l'agriculture et la science.
Les femmes veulent notamment introduire d'un congé parental, créer un fonds pour le financement des crèches ou encore renforcer leurs rentes, souvent inférieures à celles des hommes. Une meilleure reconnaissance et valorisation du travail de soin, régulièrement thématisées lors des grèves des femmes, est également revendiquée.
La protection contre les violences basées sur le genre devrait elle bénéficier d'un financement conséquent, soit 0,1% du PIB. Et la notion de consentement introduite dans le code pénal. Côté science, la commission compétente demande un programme de recherche de médecine axé sur le genre. La proportion de femmes dans les professions MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et technique) devrait elle être augmentée à 50%.
Des propositions sous forme de pétitions
Au bout de deux jours de débats, les députées en herbe adopteront leurs revendications définitives. Elles seront présentées sous forme de pétitions au «vrai» Parlement. Ces textes auront un poids, assure Isabelle Moret (PLR/VD) lors d'un entretien avec Keystone-ATS.
«Les pétitions issues des sessions des jeunes sont toujours prises très au sérieux, et certaines transformées en interventions parlementaires ordinaires», rappelle la Vaudoise. «Il en sera de même pour les pétitions de la session des femmes.»
D'autant plus que le Parlement s'est féminisé. Il est plus ouvert à ces questions, pointe l'ancienne présidente de la Chambre du peuple. «Toutes les parlementaires qui s'engagent en matière d'égalité auront à coeur de porter ces pétitions.»
Isabelle Moret note toutefois que les femmes ne sont toujours pas assez nombreuses en politique. «La première session des femmes en 1991 souhaitait avoir 100 représentantes sous la Coupole. Trente ans après, on n'y est pas encore. Il y a un effort à faire.»
Si la session est l'occasion de parler de sujets politiques particulièrement concernant, c'est également «un magnifique exercice de démocratie» qui permet aux femmes de se frotter aux rouages de la politique. Et la députée de les appeler à faire campagne pour 2023: «Il faut des candidates. Et il faut voter pour des femmes.»
(ATS)