«C’est avec inquiétude que nous observons actuellement les Etats-Unis, où la recherche et la liberté académique sont de plus en plus mises sous pression par le nouveau gouvernement.» C’est en ces termes que la rectrice de l’Université de Berne, Virginia Richter, s’est adressée cette semaine aux collaborateurs de l’université. La raison de ce message est l’évolution de la situation aux États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, Trump a déjà licencié des milliers de collaborateurs dans les institutions scientifiques américaines.
Ces licenciements s’inscrivent dans une initiative plus large visant à réduire le nombre des 2,3 millions de fonctionnaires fédéraux américains, dans le but de réaliser des économies. Les chercheurs des National Institutes of Health (NIH) sont directement touchés par ces coupes et, par effet domino, les chercheurs de l’Université de Berne également.
La politique américaine a des répercussions sur Berne
Il règne «une grande incertitude en raison des coupes budgétaires et des directives sur le contenu», écrit Virginia Richter dans sa lettre. En effet, la nouvelle politique de recherche des États-Unis a un impact direct sur les chercheurs de l’Université de Berne, avertit la rectrice.
Dès le jour de son investiture, Trump a interdit par décret tous les programmes DEI (Diversité, Équité, Inclusion). Son administration a également publié une liste de mots proscrits, tels que «diversity», «transgender» ou «Covid». Ceux qui continuent de les utiliser s’exposent à une suppression de leurs subventions, voire à une interdiction de travailler.
Concrètement, les projets de recherche financés par les National Institutes of Health, le ministère américain de la Défense et l’Air Force Office of Scientific Research sont touchés par cette politique, explique-t-on à Berne. Cela concerne notamment des projets en biomédecine et en recherche spatiale. L’Université de Berne participe actuellement à 15 projets de ce type aux Etats-Unis, pour un budget total de 13 millions de dollars.
L'EPFZ a reçu un questionnaire
«Comme l’avenir du financement de la recherche par les Etats-Unis reste incertain, il n’est pas possible, pour l’instant, de faire des déclarations concrètes sur d’éventuelles réductions ou conséquences sur ces projets», explique l’Université de Berne en réponse à une question de Blick. L’enjeu dépasse toutefois le simple aspect financier: «La collaboration avec les universités américaines est très importante pour l’Université de Berne, car elles sont à la pointe dans de nombreux domaines», ajoute une porte-parole.
Les Etats-Unis représentent une source de financement non négligeable pour l’université de la ville fédérale: entre 2020 et 2024, l’Université de Berne a reçu environ 10,4 millions de dollars pour ses projets, dont 9,4 millions directement versés par des institutions américaines.
D’autres universités suisses sont elles aussi touchées par la situation actuelle. L’EPFZ a récemment confirmé au NZZ am Sonntag avoir reçu un questionnaire de la part des autorités américaines. Celui-ci portait sur les projets de recherche financés par les États-Unis, avec des questions sur «le respect des lignes directrices du nouveau gouvernement américain». Selon un rapport de la SRF, l’EPFZ prévoit d’ignorer ce questionnaire. Et à Berne? L’Université indique, sur demande, qu’elle n’a jusqu’à présent reçu aucun document de ce type de la part des autorités américaines.