Sacré baptême pour le pistolet-mitrailleur SIG Sauer MPX de la police cantonale genevoise! Les premiers tirs en extérieur ont été enregistrés le dimanche 17 mars. Mais ils ne sont le fait ni d'un policier, ni d'une policière.
Ce jour-là, deux armes étaient subtilisées dans une voiture banalisée, puis l'une d'elles utilisée pour canarder un café du quartier des Pâquis à Genève. Un suspect de 19 ans a été arrêté dans la foulée. «Depuis leur acquisition en 2019, aucun policier n'a dû faire usage de ces armes collectives lors d'une intervention», confirme par mail la porte-parole de la police genevoise Aline Dard. En dehors des tirs d'exercice réalisés régulièrement par les agents, évidemment.
L'un des deux pistolets-mitrailleurs – de marque suisso-américaine – a été retrouvé dans un conteneur poubelle, mais l'autre est toujours dans la nature. Jeudi 21 mars, la police perquisitionnait le centre d'hébergement collectif de la Seymaz, où résidait le jeune homme. Mais selon leur communiqué, leurs recherches sont pour le moment restées infructueuses. Le suspect nie les faits, mais aurait eu «un contentieux avec le patron de l’établissement», selon les informations du «Temps».
Engin maniable mais mortel
Calibre 9mm, 850 tirs par minute, le joujou en question – conçu en 2013 et vendu depuis 2015 – n'est pas anodin. «Le MPX est un pistolet-mitrailleur court, léger et ergonomique, expertise Gabriel Chassin, armurier au stand de tir d'Yverdon-les-Bains (VD). Il est fait pour se mouvoir dans une foule ou pour entrer dans un bâtiment. Il a moins de pénétration qu’un plus gros calibre, pour éviter de faire des dégâts collatéraux.»
Selon le passionné, qui ne s'en est jamais servi jusqu'alors, le SIG Sauer MPX est «très courant dans les forces de l'ordre». Des forces de police et d'armée l'emploient notamment à Hong Kong, en Inde, en Indonésie, en Malaisie et en Thaïlande. Aux États-Unis, c'est l'armée de terre qui en possède dans son arsenal.
À Genève, cette arme et son grand frère, le fusil d'assaut semi-automatique MCX, sont dites «collectives» au sens où les agents se partagent un nombre limité de ces calibres. «La police genevoise possède 550 armes collectives, à savoir 350 pistolets-mitrailleurs SIG MPX et 200 SIG Sauer MCX, précise Aline Dard, porte-parole des forces de l'ordre. L'engagement de ces deux types d'arme est similaire.»
En cas d'intervention
Mais quelle est-elle donc, cette doctrine d'engagement? «L'arme peut être engagée dans des situations extraordinaires», répond la communication de la police. Par «situations extraordinaires», il faut entendre deux choses: «premièrement les missions qui découlent d'un événement en cours, avec une notion de dangerosité (un ou plusieurs adversaires armés) et deuxièmement, les opérations ou les dispositifs de police planifiés en lien avec la protection et la sécurisation d'objectifs/de bâtiments et des personnes», détaille Aline Dard.
Les pistolets-mitrailleurs SIG Sauer doivent être disponibles et utilisables «dès lors qu'un tel engagement survient». Il s'agit donc d'une arme d'intervention, dont on peut se réjouir qu'elle ne tire réellement que rarement.
Pour quelle sécurité?
Toutefois, ce vol pose la question de la sécurisation de cette artillerie spécifique. Premièrement, les deux armes dérobées n'étaient vraisemblablement pas enfermées dans un compartiment sécurisé, comme l'a souligné «Le Temps». Seules les voitures non banalisées sont-elles équipées? Une erreur humaine est-elle en cause? L'avenir le dira.
Mais ces pistolets-mitrailleurs ont pu être utilisés dans l'espace public, contre un café genevois, apparemment sans que la prise en main ne soit dérangée par une sécurité quelconque. «S’il n’y a pas de peur ou d'appréhension, il n’y a aucun problème de prise en main, explique l'armurier Gabriel Chassin au sujet de cette arme au recul limité. Toute ma génération a joué aux jeux vidéos et sait tenir une arme, sans pour autant être efficace. Une arme est faite pour l’homme, pour que tout le monde puisse s’en servir.»
Le suspect, au bénéfice de la présomption d'innocence, est prévenu pour vol, mise en danger de la vie d'autrui, dommages à la propriété et infraction à la loi fédérale sur les armes. Sa mise en détention provisoire a été ordonnée le 19 mars 2024, pour une durée de trois mois. Malgré tout, l'un des deux SIG Sauer MPX manque toujours à l'appel.
