Une ancienne employée de maison de l'ex-patron de Credit Suisse Tidjane Thiam a été acquittée mardi par le tribunal de district de Meilen (ZH). Le courriel qu'elle a envoyé à son ex-employeur pour lui demander une importante somme d'argent n'était pas une contrainte.
La juge a justifié l'acquittement par le fait qu'une contrainte suppose la menace d'un préjudice sérieux. Elle a rappelé que l'ancien patron de Credit Suisse avait eu auparavant «mauvaise presse» après avoir ordonné la filature de cadres supérieurs de la banque. Il est donc peu probable qu'il verse ensuite plus d'un demi-million de francs à une employée de maison uniquement parce qu'elle aurait pu rendre publiques les mauvaises conditions dans lesquelles elle a travaillé pour le banquier, estime la juge.
Courriel pour réclamer 587'000 francs
La prévenue, une Roumaine de 43 ans, était employée de maison dans la villa de Tidjane Thiam à Herrliberg (ZH). La femme estimait que l'ancien patron de Credit Suisse lui devait de l'argent. Elle lui a envoyé un courriel en mars 2021 dans lequel elle réclame 587'000 francs, selon l'acte d'accusation.
Dans le courriel, la prévenue précise à son ancien employeur qu'elle ne veut «pas lui faire de mal». C'est pourquoi elle propose de régler leur différend et leur litige sur des «dysfonctionnements» avec un paiement de plus d'un demi-million de francs. Dans le cas contraire, elle informerait les syndicats et le Comité international olympique, dont Tidjane Thiam était déjà membre à l'époque, selon l'accusation. L'ancien patron de Credit Suisse n'a pas payé et s'est adressé à la police.
Prison avec sursis requise
Pour le Ministère public, ce courriel constitue une tentative de contrainte et une tentative d'extorsion. Il a requis une peine de 7 mois de prison avec sursis et une amende de 1200 francs. Elle n'avait aucune intention malveillante, il ne s'agissait pas du tout de cette somme, a déclaré la prévenue lors de l'audience. Elle a simplement voulu entrer en contact avec son ancien employeur afin de mettre fin à un litige sur ses créances salariales de manière extrajudiciaire et pacifique, a-t-elle ajouté.
La Roumaine a travaillé pendant environ six ans comme employée de maison de Tidjane Thiam, d'abord à Londres, puis en Suisse à partir de 2015. Les conditions de travail étaient misérables, selon l'avocat de la défense. C'était très stressant et sans vacances, a précisé la prévenue. Elle a fait une dépression et a insisté en mars 2019 pour que les conditions convenues soient respectées. Elle a été licenciée peu après.
La défense plaide l'acquittement
L'avocat de la défense a fait remarquer que le tribunal des prud'hommes a constaté, après l'envoi du courriel, que Tidjane Thiam devait des indemnités à sa cliente, notamment pour des vacances qui ne lui ont pas été accordées. Il a plaidé l'acquittement.
Tidjane Thiam a démissionné de la direction de Credit Suisse en février 2020. Il dirigeait la banque, aujourd'hui reprise par UBS, depuis 2015. Sa démission est intervenue après des problèmes avec son voisin direct à Heerliberg, Iqbal Khan, alors chef de la gestion de fortune à Credit Suisse et donc subordonné de Tidjane Thiam. Son patron l'avait fait suivre par des détectives lorsqu'il a quitté Credit Suisse pour l'UBS.
Tidjane Thiam, qui a la double nationalité française et ivoirienne, veut désormais se concentrer sur la politique. Il est depuis décembre 2023 président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire. Il veut se lancer dans la course pour la présidence de cette république qui compte près de 30 millions d'habitants.