Une facture exorbitante
Les droits de douane de Trump coûtent déjà des milliards à la Suisse

La politique douanière de Trump pourrait coûter cher à la Suisse mais les experts ne s’accordent pas sur l’ampleur réelle des répercussions. Pendant ce temps, nos conseillers fédéraux tentent de défendre les intérêts helvétiques à Washington.
Publié: 04:20 heures
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Dernière mise à jour: 04:26 heures
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Donald Trump menace d'imposer des droits de douane élevés sur les marchandises suisses.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Sophie Reinhardt

Mardi, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le vice-président Guy Parmelin ont pris l’avion pour les Etats-Unis. Leur mission à Washington? Eviter la taxe de 31% que le président américain Donald Trump envisage d’imposer à la Suisse.

L'impact des taxes douanières de Trump sur la Suisse est considérable, malgré le report annoncé de 90 jours. En effet, la plupart des exportations vers les Etats-Unis sont déjà soumises à une taxe de 10%, et sur les produits en aluminium et acier, la taxe monte à 20%, tandis que les pièces de voitures doivent supporter un prélèvement de 25%.

Des pertes de plusieurs milliards pour la Suisse

Combien cela va-t-il coûter à la Suisse? L’ancien président du Parti socialiste, Peter Bodenmann, a estimé dans la «Weltwoche» que la Banque nationale pourrait subir des pertes de 25 milliards de francs, tandis que les caisses de pension risquent de perdre 35 milliards supplémentaires. «Au total, les Etats-Unis pourraient bientôt prélever des taxes d’au moins dix milliards de francs sur les produits suisses», estime Peter Bodenmann.

Mais ces calculs sont-ils réalistes? Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) ne veut pas s'exprimer sur le sujet. «Les évaluations concernant l'impact sur la Suisse comportent un degré élevé d’incertitude», indique l’organisme.

L’optimisme modéré d’UBS

Daniel Kalt, économiste en chef chez UBS, estime que la situation est moins grave que ce qu'estime Peter Bodenmann. Selon ses calculs actuels, les taxes imposées à la Suisse pourraient s’élever à environ 3,2 milliards de francs par an, révèle-t-il à Blick. «Je reste convaincu que Trump finira par faire des concessions sur les taxes envers la Suisse», ajoute Daniel Kalt.

Cette estimation repose sur l’hypothèse que près de 40% des exportations suisses seraient exemptées de taxes. Ainsi, selon une estimation sommaire, des biens d’une valeur de 32 milliards de francs resteraient soumis à une taxe de 10%.

L’économiste souligne que l’administration Trump a souvent utilisé cette stratégie consistant à imposer un «maximum de pression» avant de s’engager dans des négociations. Toutefois, il est déjà clair que ce style politique non conventionnel a causé des dommages économiques, selon lui. Il espère donc que la délégation suisse à Washington pourra convaincre les autorités américaines que ces taxes sont contre-productives.

Les entreprises suisses annoncent des investissements

La délégation suisse semble prête à répondre à Trump avec un geste financier important. Selon la «NZZ», la Suisse prévoit d’investir jusqu’à 150 milliards de francs aux Etats-Unis au cours des quatre prochaines années.

Ainsi, Roche a annoncé cette semaine une «investissement historique» de 50 milliards de dollars aux Etats-Unis. De tels engagements ne peuvent que plaire à Trump. De son côté, Novartis prévoit d’investir 23 milliards, et Peter Spuhler, patron de Stadler Rail, a annoncé un investissement de 70 millions de dollars pour agrandir son usine américaine.

Les entreprises suisses peuvent recourir à la réduction du temps de travail

Le Conseil fédéral a déjà fait savoir le 16 avril que les entreprises suisses touchées par les nouveaux droits de douane américains pouvaient demander des indemnités de chômage partiel. Cette décision est un grand soulagement pour la branche, explique Jean-Philippe Kohl, vice-président de Swissmem, l'association de l'industrie tech suisse, à la SRF. Il est difficile d'estimer combien de ces entreprises demanderont le chômage partiel, dit Jean-Philippe Kohl. Notamment parce que les annonces en provenance des Etats-Unis changent constamment.

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