Sur les toitures genevoises
Les éoliennes «tulipe», une fausse bonne idée?

Une motion du Centre a été déposée le 5 octobre en faveur de l'installation de prototypes d'éoliennes en forme de tulipe sur les toits de la ville de Genève. Mais il pourrait s'agir d'une fausse bonne idée. Voici pourquoi.
Publié: 20.10.2022 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 20.10.2022 à 10:31 heures
Le président du Centre en Ville de Genève Alain Miserez propose d'installer des éoliennes «tulipe» sur les toits de la ville. Mais rien n’est encore joué: une expérience européenne joue déjà en défaveur de ce projet.
Photo: Keystone
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Nora FotiJournaliste Blick

Des éoliennes semblables à des tulipes pourraient apparaître un jour sur les toits genevois. C’est du moins ce que suggère Alain Miserez, président du Centre en ville de Genève. Il a déposé une motion en ce sens le 5 octobre.

Ces cylindres aux allures florales seraient peu coûteux, et permettraient de produire de l’énergie durable sans trop altérer le paysage, relate la RTS ce mercredi. «Depuis les années 1970, nous avons une centralisation de l’apport énergétique, rappelle Alain Miserez, contacté par Blick. Maintenant, il faut tendre sur l’autonomisation des immeubles en ville de Genève au niveau énergétique.»

Une autonomisation qui se ferait en partie grâce à ces fameuses éoliennes en forme de fleur: «L’énergie provenant exclusivement de ces turbines représenterait dans les meilleurs cas 10% des besoins énergétiques d’un immeuble en ville de Genève.»

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Le texte, qui demande qu’un test soit mené et un rapport élaboré sur la question, a été signé par tous les partis. Mais rien n’est encore gagné: un cas de figure survenu dans une ville européenne suggère que ces tulipes à vent seraient en fait une fausse bonne idée.

Une fausse bonne idée?

La commune belge de Donceel, en région liégeoise, avait eu comme projet d’installer ce genre d’éoliennes en 2016… une proposition qui fut alors vivement critiquée par l’APERe, association belge de référence dans le domaine des énergies renouvelables.

En cause: les turbines choisies, produites par Flower Turbines, la même start-up américaine que convoque le président du Centre genevois dans sa motion. Ces dernières ne produiraient en réalité quasiment pas d’électricité.

De plus, ces types d’appareils ne seraient que très rarement conformes à la norme internationale IEC 614002 en matière de micro-génératrices. Pour vérifier leur conformité, le processus de certification implique de nombreux contrôles coûteux… Ce qui impacterait de manière significative le prix de vente de l’éolienne. Reste à savoir quels prototypes seraient choisis par la Ville de Genève lors de la phase test.

«J’ai signé cette motion, commente Valentin Dujoux, membre des Vert-e-s en Ville de Genève. Ce qui est intéressant, c’est que la ville puisse aussi être productrice d’énergie, sans tomber dans le greenwashing.» L'élu découvre désormais les potentiels risques d’une telle démarche. «C’est peut-être une fausse bonne idée, nous le verrons lors de l’étude du projet. Mais cela peut alimenter le débat», réfléchit-il.

Trouver d’autres apports énergétiques

D’autres solutions pointeraient vers des toitures solaires. Mais les démarches pour mettre en place de telles installations seraient interminables. «Dès que l'on touche à l’architecture, les projets sont retardés ou avortés par la Commission cantonale des monuments et des sites», regrette le Vert.

Le porteur de la motion Alain Miserez, quant à lui, estime que l’expérience belge n’a rien à voir avec sa proposition. «Le problème, c’est que la commune belge en question se basait sur une utilisation exclusive des éoliennes 'tulipe' pour son apport énergétique. Or, l'idée de la motion portée est de réduire la dépendance des immeubles en ville de Genève au réseau global, sans pour autant l’en couper.»

Le centriste bataille en faveur d’une mutualisation de diverses mesures pour faire face à la crise des énergies. Autrement dit: il faudrait selon lui non seulement promouvoir les énergies naturelles (l’éolien, le solaire, l’hydraulique), mais aussi améliorer l’autonomie énergétique des bâtiments, et enfin réussir à diminuer la consommation en énergie des ménages. Et qu'en est-il des prix faramineux redoutés pour adapter les éoliennes américaines aux normes internationales? «C'est un coût, mais c'est aussi un investissement qui va durer des années», insiste-t-il résolument.

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