Brigitte Beck, la directrice générale de Ruag, l'entreprise d'armement dont l'unique actionnaire est la Confédération, est sous pression.
La raison? D'un côté, ses déclarations sur les livraisons d'armes à l'Ukraine. Selon elle, l'Allemagne ou l'Espagne devraient pouvoir livrer des armes suisses à l'Ukraine sans autorisation helvétique. C'est ce qu'elle a indiqué lors d'un podium sur la neutralité suisse à Zurich: «Allemagne ou Espagne, livrez donc ce genre de choses à l'Ukraine.»
De l'autre côté, sa volonté d'étouffer une interview pour le quotidien alémanique «Aargauer Zeitung», dans laquelle elle faisait également lesdites déclarations. Sous la pression d'une plainte, le journal n'a pas publié l'interview initiale, mais a fait un compte-rendu des échanges entretenus avec Brigitte Beck le 28 avril 2023, illustrant les tactiques intimidantes utilisées par la PDG.
Le fait que la cheffe de Ruag ait fait fi de la politique de neutralité suisse et de la loi sur la réexportation du matériel de guerre lui a valu un blâme de la part de la ministre de la Défense, Viola Amherd. «Je ne m'immiscerais jamais et ne donnerais jamais à un autre pays une recommandation sur ce qu'il doit faire», a ainsi déclaré la conseillère fédérale du Centre dans l'émission «Eco Talk» de la SRF.
Rétropédalage
Aujourd'hui, Brigitte Beck fait marche arrière. Dans une lettre adressée aux employés, que le Blick s'est également procurée, elle écrit: «Je tiens personnellement à m'excuser auprès du propriétaire, du conseil d'administration et de vous en tant que collaborateurs pour la controverse qui s'est créée ces dernières semaines.»
Bien entendu, elle tient à ce que Ruag «agisse de manière conséquente et sans exception dans le cadre politique et juridique en vigueur, écrit-elle encore. En fin de compte, ce qui compte, c'est notre performance pour l'armée et la sécurité de la Suisse.» Elle s'engagera pour cela. La lettre ne fait pas mention d'éventuelles conséquences personnelles.
Face à cette polémique, la direction de Ruag s'est montrée très critique et a annoncé des clarifications internes. Le conseil d'administration n'est «pas heureux de la situation actuelle», a déclaré le président, Nicolas Perrin, à l' «Aargauer Zeitung» le 8 mai.