Les employées de la Banque cantonale de Schaffhouse ont été surprises par un courrier de la direction: leur congé maternité sera réduit de deux semaines, abaissé au minimum légal de 14 semaines. La raison invoquée par la direction (entièrement masculine) de la banque: l'égalité de traitement. Puisque la banque a décidé de n'accorder que le strict minimum aux pères en leur donnant le congé paternité obligatoire de deux semaines, il paraît juste à la direction de ne donner que le minimum légal aux femmes également.
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Le congé paternité est en vigueur au sein de la banque depuis le début de l'année.
Depuis la révélation de cette affaire par Blick, la résistance s'est rapidement organisée au sein du personnel, soutenu par l'organisation de campagne Campax. Une pétition en ligne a déjà recueilli plus de 2600 signatures en quelques jours. Le lien de la pétition circule parmi les chats Whatsapp des employées – et employés – de la banque.
Angelina Dobler, chargée de campagne chez Campax, ne mâche pas ses mots: «la Banque cantonale de Schaffhouse monte les hommes et les femmes les uns contre les autres. On ne peut pas parler d'égalité de traitement lorsque les mères – et donc toute la famille – sont punies pour que les pères obtiennent enfin un minimum de congé paternité.»
Les réactions à la réduction du congé maternité sont vives sur les médias sociaux, comme le montre cet exemple sur Twitter de @papizeit, compte créé pour le oui au congé paternité lancé en juin 2015: «WTF, chère banque cantonale de Schaffhouse. Qu'est-ce que ça veut dire?! Sous couvert d'égalité, parce que les pères ont maintenant deux semaines, vous raccourcissez le congé maternité de deux semaines. L'égalité et le progrès, ce n'est pas ça! Honte à vous.»
La direction va-t-elle rétropédaler?
La pétition de Campax est adressée directement au CEO de la Banque cantonale de Schaffhouse, Martin Vogel. «Retrait immédiat du nouveau règlement», exigent les employées. Le communiqué de presse ajoute: «pour que cette idée du boy-club de la direction de la BCS ne fasse pas d'émules».
La pétition tombe toutefois dans l'oreille d'un sourd. Si Martin Vogel a déclaré à Blick «prendre acte de la pétition», il estime que la discussion est mal orientée: «Au lieu de parler de l'ensemble des prestations proposées par la banque et de discuter de la manière dont la parentalité peut être conciliée avec la vie professionnelle de manière raisonnable et, surtout, à long terme, le débat se réduit à la question des 14 ou 16 semaines».
La Banque cantonale de Schaffhouse affirme qu'elle est un employeur attrayant pour les mères et les pères. Il ne s'agit pas seulement de la durée du congé maternité. Il est également question d'emplois à temps partiel, d'horaires de travail flexibles et d'avantages sociaux.
Le raccourcissement du congé maternité n'est certainement pas une mesure de réduction des coûts, déclare Martin Vogel: «Toutes ces mesures sont plus coûteuses en temps et en argent que si nous accédions simplement à la demande de la pétition.»
Il ajoute ne pas avoir pris connaissance de réactions de la part d'employés ou d'employées de la banque. Or, elles sont plutôt vives sur internet: il paraît peu probable que ceux-ci ne soient pas outrés par la mesure.
Si certains gardent le silence, c'est sans doute par résignation ou crainte de représailles. L'employée de la banque qui a fourni l'information à Blick ne s'en est pas cachée: «Je ne suis même plus surprise.... Il ne sert à rien de lutter contre ça. Vous ne pouvez que l'accepter.»
Les syndicats écrivent une lettre ouverte à la banque
Les employés ont obtenu le soutien des syndicats. L'organisation faîtière Travail Suisse a adressé une lettre ouverte à la Banque cantonale de Schaffhouse. Dans ce document, les syndicalistes vont même un peu plus loin que les pétitionnaires en ligne.
«Si l'objectif de la SCB est effectivement de promouvoir l'égalité, alors une augmentation du congé paternité d'au moins quatre semaines tout en conservant un congé maternité de seize semaines serait la bonne mesure, déclare Adrian Wüthrich, président de Travail Suisse. La véritable égalité n'oppose pas les mères aux pères.»
En d'autres termes: la Banque cantonale de Schaffhouse ne devrait pas seulement revenir sur la réduction du congé maternité, mais également ajouter deux semaines au congé paternité.