Suisse à 10 millions
Les migrants nous sauveront-ils de l'effondrement de l'AVS?

Selon les prévisions de la Confédération, la Suisse comptera 10 millions d'habitants dans une quinzaine d'années. La persistance d'une forte immigration en est la principale raison et pourrait contribuer de manière décisive au financement de l'AVS.
Publié: 16.04.2025 à 09:59 heures
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Dernière mise à jour: 16.04.2025 à 10:09 heures
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La Suisse est en pleine croissance, notamment en raison de l'immigration.
Photo: Keystone
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La Suisse est en pleine croissance, notamment en raison de l'immigration.
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Joschka Schaffner

La Suisse à 10 millions d'habitants pourrait devenir une réalité d’ici à une quinzaine d’années. C’est du moins ce que prévoit la Confédération dans des projections publiées mardi. La principale raison? Le maintien d’un niveau élevé d’immigration.

L’Union démocratique du centre (UDC) tente certes d’empêcher ce scénario par le biais d’une initiative populaire. De leur côté, le Conseil fédéral et les autres partis nationaux veulent préserver à tout prix la libre circulation des personnes avec l’Union européenne. Quoi qu’il en soit, cette hausse de la migration présente au moins un avantage: sans elle, les rentes risquent de s’effondrer.

Une étude sur l'AVS mise sur la migration

En 2023, une étude de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a montré que l'AVS pourrait être fortement soulagée, en particulier grâce aux migrants de l'espace européen. Selon les calculs de l'OFS, sans l’immigration, la Suisse serait confrontée à un vieillissement démographique alarmant. Le rapport de dépendance des personnes âgées, qui est actuellement de 32, passerait à 71 d'ici à 2055, ce qui signifie 71 retraités pour 100 actifs. 

Selon les derniers modèles de la Confédération, un tournant démographique se produira dès 2035. A partir de cette date, le nombre de décès dépassera celui des naissances. En parallèle, la dynamique économique suisse attirera davantage de main-d’œuvre étrangère. Car une économie florissante signifie davantage d’emplois, et donc plus d’immigration.

Les Suisses vivent un peu moins longtemps

Il y a cinq ans, lors des précédentes prévisions, l’OFS avait évalué ces facteurs de manière légèrement différente. À l’époque, l’immigration avait été estimée à un niveau encore plus bas, tandis que les projections tablaient sur une natalité et une espérance de vie légèrement supérieures.

Dans les nouveaux scénarios, la croissance démographique serait donc moins rapide qu’en 2020, indique l’OFS. Au lieu de 2040, la barre symbolique des 10 millions d’habitants ne serait franchie qu’en 2041. «Dans l’ensemble, les résultats des deux séries sont assez proches», précise l’Office.

Mais cela a des conséquences importantes pour l’AVS. Si les dernières prévisions se confirment, le taux de dépendance des seniors atteindrait seulement 45 en 2055. «Ces résultats montrent que l’immigration jouera effectivement un rôle clé dans le financement de l’AVS», souligne l’OFS.

Les prestations AVS resteront stables à court terme

L'étude le démontre, en 2020 déjà, les personnes immigrées contribuaient à hauteur de 40% aux cotisations, tout en ne percevant que 30% des prestations. Une situation comparable se retrouve dans l’assurance-invalidité (AI) et les allocations pour perte de gain. Mais est-ce suffisant pour sauver durablement les rentes suisses? L’OFAS se montre plus réservé lorsqu’il est interrogé par Blick. Pour l’AI, également sous pression, l’immigration pourrait offrir un soulagement rapide. 

En revanche, pour l’AVS, l’effet restera limité durant les trois prochaines décennies. Les générations du baby-boom arrivent actuellement à l’âge de la retraite, et même une immigration active ne pourra compenser qu’en partie cet afflux de bénéficiaires, selon la Confédération.

L'immigration sous pression dans les années à venir

La pression sur l’AVS ne diminuerait donc qu’à plus long terme – à condition que l’économie reste solide et que l’immigration se maintienne à un niveau élevé. Dans son étude, la Confédération mise sur ces deux facteurs jusqu’en 2070. «Plus les projections s’étendent dans le temps, plus elles deviennent incertaines», avertit toutefois l’OFAS.

L’incertitude provient en grande partie des évolutions politiques à venir et une question majeure reste en suspens: que décideront les électeurs sur l’initiative de l’UDC concernant les 10 millions d’habitants? Celle-ci vise notamment à remettre en cause la libre circulation des personnes comme moyen de freiner la croissance démographique. 

Autre point d’interrogation: quelle sera l’ampleur de la résistance face au nouveau paquet d’accords avec l’UE? Selon les issues politiques, ces deux décisions pourraient rapidement compromettre l’espoir d’un assainissement durable du système des rentes.

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