Méfiez-vous des apparences
Cette tendance inoffensive générée par l'IA pourrait causer notre perte

La tendance du Starter Pack envahit les réseaux et caricature de nombreuses personnalités, qu'elles soient politiques, sportives ou culturelles. Mais cette mode peut s'avérer moins drôle qu'elle n'en a l'air, pour des raisons écologiques.
Publié: 10.04.2025 à 15:10 heures
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Le Starter Pack a permis aux électeurs de Marine Le Pen de lui créer une figurine virtuelle à partir d'un prompt bien détaillé.
Luisa Gambaro avec l'ATS

Si vous n'avez pas encore de figurine à votre image, cela ne saurait tarder. Grâce à la dernière tendance virale sur les réseaux sociaux, vous découvrirez comment écrire le prompt parfait pour demander à l'IA de créer un petit personnage virtuel de vous-même, équipé de vos accessoires préférés.

Cette tendance du Starter Pack (en français, kit de démarrage) en a déjà conquis plus d'un. De nombreux politiciens français sont passés à la moulinette de la caricature, notamment Marine Le Pen, Jordan Bardella, Elisabeth Borne et Manuel Valls. Plusieurs sociétés comme M6, la SNCF, KFC ou Quick ont utilisé cette mode pour leur stratégie marketing. Même en Suisse, un fan de la NATI s'est essayé à l'exercice.

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Mais ce Starter Pack inoffensif en apparence nous cacherait-il autre chose? Avec leur aspect ludique, ces IA génératives sont presque trop faciles à utiliser et pourraient même, à long-terme, causer notre perte. C'est pareil pour les images générées dans le style du studio Ghibli, l'autre tendance récente, qui suscite aussi de vastes débats sur le droit d'auteur.

L'IA victime de son succès

En effet, notre engouement pour l'intelligence artificielle fait gonfler notre consommation d'électricité auprès des centres de données. Cette hausse de consommation est telle qu'elle serait amenée à «plus que doubler» d'ici à 2030, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), publié ce jeudi 10 avril et relayé par l'ATS. Un vrai défi pour notre sécurité énergétique et bien sûr, un facteur de hausse des émissions de CO2.

Les centres de données sont par essence très énergivores, mais l'essor de l'IA générative ces dernières années a fait redoubler leur appétit. Car l'IA nécessite des capacités de calcul colossales pour traiter les informations accumulées dans des bases de données gigantesques. En 2024, les centres de données n'ont absorbé qu'environ 1,5% de la consommation mondiale électrique (415 TWh), mais sa croissance est exponentielle.

«La demande d'électricité des centres de données dans le monde devrait plus que doubler d'ici à 2030 pour atteindre environ 945 térawattheures (TWh)», soit un peu moins de 3% de la consommation totale d'électricité dans le monde à cette échéance et «un peu plus que la consommation totale d'électricité du Japon aujourd'hui», selon le rapport.

Un vrai risque pour la planète

Les centres de données sont inégalement répartis dans le monde et concentrés dans quelques régions à l'intérieur d'un pays, soulevant des défis d'approvisionnement et dimensionnement du réseau électrique.

Les Etats-Unis, l'Europe et la Chine représentent aujourd'hui à eux seuls environ 85% de la consommation des centres de données. Rien qu'aux États-Unis, «les centres de données sont en voie de représenter près de la moitié» de cette croissance attendue d'ici 2030, souligne le directeur exécutif de l'AIE Fatih Birol, cité dans un communiqué.

Le premier défi est de fournir une électricité abordable et abondante. L'AIE estime qu'«un large éventail de sources d'énergie sera utilisé pour répondre aux besoins croissants en électricité des centres de données», y compris le charbon qui fournit aujourd'hui 30% de l'électricité de ces infrastructures.

«Mais les énergies renouvelables et le gaz naturel devraient arriver la tête en raison de leur compétitivité en termes de coûts et de leur disponibilité sur les marchés clés», indique l'AIE.

La course aux centres de données entraînera forcément une hausse des émissions liées à la consommation électrique. Elle devrait passer de 180 millions de tonnes de CO2 aujourd'hui à 300 millions de tonnes d'ici à 2035, une part toutefois minime (moins de 1,5%) des émissions du secteur de l'énergie.

Selon l'AIE, ces émissions supplémentaires pourront être compensées par de potentielles économies d'émissions dans d'autres domaines, grâce aux gains d'efficacité et aux innovations apportés par l'IA. Alors, toujours envie d'avoir votre propre Starter Pack?

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